La critique de Rothbard est paradigmatique de la rupture que nous retrouvons aujourd'hui au sein de l'école autrichienne entre les héritiers de la vision lockéenne de la Raison nous permettant de comprendre la Loi naturelle et les autres, qui défendent le caractère faillible, limité et évolutionniste du savoir. Il prit ses distances avec le travail de Hayek, qu'il considérait comme un dénigrement de la raison humaine, soulignant ainsi une des failles de la pensée de celui-ci : accepter toutes les coutumes et conventions pour la simple raison qu'elles auraient déjà été établies est contradictoire avec l'essence même de la société ouverte. Rothbard a donc élaboré une théorie libertarienne de la Loi naturelle. Pour Hayek, la liberté est basée sur l'ignorance et faillibilité de l'Homme alors que, pour Rothbard, ce recours à l'ignorance est un fondement trop faible : nous devrions être capables de savoir ce qui est le mieux pour l'Homme et de trouver des valeurs universelles sur la nature humaine.
Ainsi, Murray Rothbard en est venu à penser que son mentor était un relativiste dont l'approche subjective était insuffisante pour fonder totalement une société de liberté. Cet échec serait ainsi un défaut de la philosophie misésienne : pour Rothbard, il est en effet possible de juger les faits. Des vérités évidentes peuvent servir de base à des jugements et à une éthique objective : la propriété, par exemple. Bien entendu, Mises rejetait cette position. Pour ce-dernier, les critères objectifs n'existaient pas : aucun homme n'est capable de découvrir ce qui rend un autre homme heureux.
http://aequalis.unblog.fr/2009/12/04/publication-dessais-inedits-de-murray-rothbard-et-introduction-a-la-sa-pensee/