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mercredi 26 septembre 2012

L'ostentation (Ilys et commentaires)


En comparaison de nos ancêtres, on remarque qu’ils sont bien peu matérialistes. Ils se moquent des choses qu’ils achètent.
Elles se sont alors déportées sur ces trentenaires éternels adolescents, dont l’idéal de vie n’est pas du tout dans la possession, le matériel, mais au contraire dans l’immatériel.
Ce qu’ils cherchent ce n’est pas la prospérité, l’affichage de leur réussite sociale, mais des choses complètement immatérielles : l’amour, l’amitié, le bonheur, l’épanouissement.

Aujourd’hui au contraire un individu habillé en haillons peut aussi bien être clochard que millionnaire. Le commercial à Darty porte le costume comme le PDG, tandis que les hommes puissants s’habillent en t-shirt. Les différences s’estompent. L’intérêt se porte sur le social, et non plus sur les marques de distinction.

Si nous dépensions seulement le dixième de ce qu’a coûté n’importe quelle cathédrale, rapporté à notre PIB, et avec les techniques modernes, la plasticité du béton qui offre des possibilités assez phénoménales, nous pourrions édifier des merveilles. Mais pour cela, il faudrait vouloir en mettre plein les yeux.

Aujourd’hui nous devons notre relatif confort à l’effondrement du coût des équipements. Ils nous sont accessibles car produits en Asie, et seule la mondialisation nous le permet. Les gens achètent cela, car ils n’ont pas les moyens de faire de plus grosses dépenses. Car une très large part de leurs revenus va au social par les mécanismes de redistribution, encore et toujours la charité publique. L’humain contre l’ostentation.

http://ilikeyourstyle.net/2012/09/26/le-comme-moteur-du-monde/

-> que faut-il donc dire ? 
Que Veblen se trompe lorsqu'il critique l'ostentation comme quelque chose de gâché ? Qu'en fait l'ostentation favorise l'innovation. Que l'ostentation c'est aussi la négativité qui fait qu'on crée des choses impensables et non-utile... au contraire de la planification socialiste qui -voulant tout contrôler- ne va finalement créer que des bâtiments utiles (pour la réélection à court-terme), et donc sans 'charme'.

L'ostentation, c'est la distinction. C'est donc aussi la condition pour la mobilité des classes sociales et l'avènement du 'plus civilisé' par un contrôle entre les classes sociales voulant se distinguer les unes des autres.

L'ostentation est aussi la source de l'investissement. L'ostentation est matérialiste. Le contraire de l'immatériel. L'immatériel, ce sont les idées et les valeurs. On ne peut pas dire qu'il n'y a plus de matérialisme. Ce serait aller dans l'extrême inverse pour le plaisir intellectuel de 'renverser les idées banales'. Tout le système éducatif est toujours et encore centré autour de la notion d'argent. Néanmoins il y a une façon de vivre la jeunesse qui place 'le social' au centre du projet de vie. Parce que le matériel n'est plus un problème, l'immatériel devient une question centrale.

Le problème se concentre donc autour de la 'demande sociale d'ostentation' (et donc de 'compétition') entre les cultures.
Il faut néanmoins préciser : les primitifs passent leur temps entre le 'loisir' et l'ostentation. Or il n'y a pas forcément de progrès social-technologique. La volonté d'ostentation ne vaut rien s'il n'y pas des institutions politiques adéquates et une mobilité sociale libre.

On remarque avec justesse que Bill Gates utilise son argent pour des raisons sociales et non 'matérialistes'. Il faut se demander ce que ça veut dire : l'épargne est moins rentable dans 1. la finance, 2. la construction et l'ostentatoire, 3. l'influence politique... que dans l'altruisme.
Parce qu'on ne veut plus 'créer un nom' ou une dynastie. On n'imagine plus de projets sur 'long-termes'. L'Etat Providence sanctionne le long terme dans l'usage qu'on fait de l'épargne ? Oui, avec des limites (l'Etat ne serait pas contre le travail national créée dans le cas d'une construction d'un bâtiment comme Versailles).
L'Etat pourrait jalouser l'ostentation privée. Et le peuple aussi. On ne conçoit pas de compétition privée pour l'ostentatoire, pour l'attraction (touristique ?) internationale. Que penser alors d'un Disneyland, qui est une ostentation (de fait très 'utile' donc à la limite de l'ostentation purement compétitive).

Car il est possible de tout créer, bâtir. On a tendance à admirer ce qu'il n'a jamais été fait : sauver des vies et améliorer le sort d'humains. Finalement, la technique a rendue caduc le projet 'd'impressionner par le béton'... même nous rigolons en voyant les saoudiens bâtir leurs grandes tours (parce qu'elles ne sont pas originales ?). On dit que c'est pompeux, vulgaire. Est-ce le signe de cette dématérialisation ?

Ne faut-il pas s'en réjouir, du manque d'intérêt pour le matérialisme ? (qui reste relatif, disons qu'il touche les 'grands projets'). L'ostentation ne passe t-elle pas par autre chose ? Par le cinéma ?
Alors oui. On peut critiquer les critiques du 'consumérisme contemporain'. Au sens où le soucis de l'apparence fut plus fort qu'aujourd'hui.
Les cultures et les 'mentalités nationales' s'opposent par la qualité de vie quelles proposent. Le Danemark n'investit pas son argent dans la construction d'un Versailles. Il lutte contre l'en-sauvagement de son peuple. On me répond que le 'branché' de Londres à Paris incarne cette ostentation et créée justement le style, les bonnes moeurs, les manières d'après la révolution-numérique.

Se plaindre donc du manque d'une 'volonté d'ostentation' (qui revient à un manque de distinction) dans la hiérarchie sociale. Le puissant nerd impressionne moins que le criminel de banlieue, que l'employé de bureau à 90 de QI (qui "s'intéresse beaucoup à la politique").
Le fait que Steve Jobs n'ait jamais cherché un style vestimentaire ostentatoire est une vue de l'esprit. Jobs a révolutionné le monde de la mode lui-aussi. L'habit fait le moine, car même Jobs avec un sweat-shirt ridicule impressionne les foules et ressemble à un prophète.

Le matérialisme est le meilleur moyen de domestiquer l'homme à la responsabilité (et donc à la liberté). Les chinois qui se battent pour un emploi pour bien apparaître dans la famille ont toujours une idée tribale de la reconnaissance. Puisque l'occidental a (heureusement) détruit tous ses liens familiaux, il vit dans un monde plus 'précaire' du point de vue de la reconnaissance dont il bénéficie. Il doit donc s'ancrer définitivement dans le réel, avoir un portefeuille qui lui permette d'être reconnu en dehors de sa sphère de naissance. En dehors de sa sphère d'activité car -les relations étant libres- il est plus probable qu'il doive reconstruire sa valeur sociale à un certain point. (puisqu'on peut divorcer, il faut être matérialiste et penser à sa survie en cas de séparation).
D'où l'avantage darwinien des gens responsables et pas trop névrosés. Qu'est ce qu'une bonne éducation de nos jours ? apprendre aux jeunes à pouvoir s'attacher aux choses, et à être suffisamment responsable pour ne rien prendre comme acquis. Tout est éphémère, les relations sociales et les Iphones.