samedi 15 avril 2017

L'esprit bourgeois 1

# Ott « Martin Heidegger »

Faible constitution physique : il se fait renvoyer de chez les Jésuites car il n’arrive pas à suivre le rythme des longues marches.

Il s’éloigne du catholicisme après son double échec chez les Jésuites et comme étudiant en théologie. Il finira par épouser Elfride en 1917, alors que toute sa famille est étonnée devant ce « mariage mixe », car Elfride est luthérienne, étudiante en science politique à Fribourg ; Heidegger est alors assistant professeur.

Attitude partielle de Husserl quand, en 1918, Heidegger lui donne des nouvelles de « la philosophie en train de se faire » à Berlin, où il séjourne quelque temps.

En 1936, Heidegger porte à sa boutonnière une croix gammée quand il passe un journée avec son vieil ami Löwith—un Juif.

Marcuse est son étudiant à Fribourg en 1928-1932.

Météorologue dans les Ardennes à l’automne 1918. Il laisse penser qu’il fut sur le front de Verdun.

L’Allemagne en étau entre l’Amérique et la Russe ; les mêmes d’un point de vue métaphysique car soumettant l’homme à la technique, et « l’organisation sans racines de l’homme normalisé. »

# Boudon

La sociologie est une discipline socialiste, par définition, qui empêche quiconque de comprendre le libéralisme : l’autonomie de l’individu est nié, on ne perçoit l’individu que comme un « pur effet » de structures, de son inconscient etc. En cela, la sociologie est un animisme qui explique les actions par ce qui entoure l’individu et non par lui-même.

# Hayek « Présomption fatale »

Descartes et le rationalisme : ils pensent que la raison peut former un langage, un droit, une morale.
Rousseau et le « bon sauvage » érigé en héros des intellectuels : l’idée de se libérer des contraintes « artificielles » devient le combat le plus sacré. Les intellectuels rejettent les contraintes même auxquelles ils doivent la productivité et la liberté.
Rousseau et la « volonté générale ». Or le sauvage n’a aucune autonomie individuelle, pour cela il faut des sphères individuelles de contrôle et cela n’est devenu possible qu’avec la propriété.
Le scientifique a besoin d’avoir un « but » prédéfini, il n’accepte pas de suivre une direction à moins que le but soit défini à l’avance (Einstein, Russel, Keynes.)
Le complotisme (Chomsky) consiste à appliquer au monde tel qu’il est (complexe), une pensée animiste : il doit y avoir quelque part des gens qui décident, car rien ne peut échapper au rationalisme, rien n’est « trop abstrait » pour être connu et fabriqué par nous autres. Des hommes qui ne se préoccupent pas d’un  « but » leur font peur ; de fait ils n’acceptent pas l’immanence — l’absence de quête de sens — vécue par les capitalistes.

Haine du commerce :
Le savoir tacite des entrepreneurs fait peur aux rationalistes. Un commerçant ne dit pas, ni ne sait parfois, d’où lui viennent ses informations.
Devoir dépendre de beaucoup d’hommes, d’actions, à l’issue incertaine, fait peur au rationaliste. Cela demande une connaissance du monde étranger, des « contrées lointaines ».
Depuis Aristote et l’Église, et partout dans le monde, le commerce a été suspect, dénigré.
Le commerçant modifie la valeur d’une marchandise, sans que personne ne sache sa recette. Cette activité respire la sorcellerie car il ajoute de la valeur par une simple réorganisation, sans création physique.

# Linhart

Dans le livre « Génération » les auteurs rappellent que les fondateurs de la G.P sont tous de l’élite (ENS, HEC, Centrale). Il y a un intellectualisme d’extrême-gauche, des gens qui sont tout en haut et pourtant décident d’arrêter les études, de devenir ouvrier, de quitter la ville—et parfois même de renier la culture, les livres.

-> Avant les entrepreneurs, les Mao déjà ont refusé les titres universitaires pour s’établir comme « travailleur manuel », seulement ils devenaient ouvrier quand Bill Gates devenait chef d’entreprise. (MS se lance en 1974, la GP termine en 1973.)

-> Je me retrouve dans cet hyper-intellectualisme. Les parents voulaient transmettre de la connaissance aux enfants ; aujourd’hui on veut s’assurer de leur bien-être.

# Le Dantec « Les dangers du soleil »

Mao n’était pas Staline, il était sa seule critique, bien plus que Trotsky. Mao enclenche un retour aux sources : les textes sur la Commune de Paris de Lénine, d’inspiration libertaire.

Cette scène lors d’un voyage en Tchécoslovaquie en 1965, avant son retournement Mao : Il est dans un bistrot avec son ami, il prend de pitié les hommes alentours qui regardent son paquet d’allumettes colorés («  de la SEITA, illustrée cette année là par des fables de La Fontaine ») ; il pense à leur offrir mais les hommes, orgueilleux, sortent le leur, un paquet avec inscrit dessus un slogan socialiste. « Leur douleur et leur amertume me nouaient les entrailles. Moi j’étais libre de circuler à ma guise, de venir leur rendre visite. Eux pas. Tout à coup, je me rappelai ma carte du Parti, serrée dans mon portefeuille, et la honte m’empourpa. » Le socialisme ne pouvait être ces visages fermés qui rêvaient devant cette boîte d’allumettes multicolores, à Cuba ou en Chine.
Des enfants dans la rue courent derrière lui pour crier « Chewing gum » comme les enfants français poursuivaient les G.Is américains pour demander du chocolat.

En arrivant en Chine, la petite délégation de cinq étudiants est rassurée, voilà qu’il existe un endroit égalitaire, où le socialisme est appliquée sans la morosité de l’URSS. Ces enfants de communistes, de résistants, ont vu tous leurs rêves s’effondrer petit à petit jusqu’à Mao : Staline, Thorez, l’Union soviétique, le Parti… « Ici, on est sûr que les masses ont réellement le pouvoir. »

# Aron « L’opium »

Aron se moque du fait qu’ils voient dans « le prolétaire » plutôt que « l’ingénieur » l’image de l’homme universel qui fabriquera la révolution et mettre fin à l’histoire. Finalement, on a depuis remplacer « le prolétaire » par d’autres noms « l’immigré » ou « le jeune de banlieue » ou même « les minorités », avec comme image, encore et toujours celle du Dernier Homme. On leur attribut des vertus singulières.
Haine des USA car la prospérité et l’égalitarisme a été atteint par le marché et non par l’intervention de l’Etat—donc par le « conseil du prince » et le constructivisme.
Haine des USA car, là-bas, l’homme de la rue n’a pas plus de droit de se prononcer sur le salut commun que l’intellectuel.
En URSS, les intellectuels sont persécutés, cela est bien la preuve qu’ils « comptent » ; tandis qu’aux USA, ils restent dans l’ombre ou connaissent parfois la notoriété. C’est l’envers de la responsabilité de l’intellectuel, être fait prisonnier certes, mais avoir de l’importance, diriger la nation comme un ingénieur. (Équivalent pour un Lordon aujourd’hui ? Il est mal payé donc n’a rien à perdre à changer de régime, il appelle de ses vœux un régime où il serait écouté par les hommes de pouvoir, où il ne serait plus victime de solitude (la masse l’écoute) ni de prostitution (ne s’abaisse plus à devoir « vendre »).
Aron insiste : l’intellectuel français a des goûts aristocratiques et déteste l’arrivée des marchandises et des « biens communs » venant des USA qui détériore le niveau de consommation aristocratique auquel il tient.

# Lecourt « Contre la peur »

Ce qu’on reproche à la « technique », c’est d’imposer le « principe de raison » à toutes les sphères de l’existence. La science n’est pas désintéressée, elle impose bien (par la technique) une vision du monde. Toute observation du réel est désormais un calcul. La technique exige de toute chose qu’elle rende raison. La technique est le péché de l’occident car elle a engagé l’esprit sur al voie de la représentation. On ne sait plus ce qu’on appelle « pensée ».

# Bimbenet « Invention du réalisme »

« La réalité procède en nous de l’autorité. » La thèse défendue dans cet ouvrage est la suivante. La croyance en l’existence du monde est induite par l’adhésion aux valeurs d’un groupe d’êtres humains. Cette adhésion est permise par le langage. Apprendre à croire au monde, c’est apprendre à manier la fonction référentielle des mots. Mais, pour manier les mots de manière à leur donner une référence, il faut être assuré d’avoir suffisamment d’autorité pour cela. La croyance dans le monde social précéderait donc, selon É. Bimbenet, la croyance dans le monde physique. Autrement dit, il n’est possible de croire en un monde d’objets, avec leurs caractéristiques physique simples, que si l’on croit dans le monde social.