les modalités de l'être. Il en distingue trois :
– L'être en-soi, c'est la manière d'être de ce qui « est ce qu'il est », par exemple l'objet inanimé « est » par nature de manière absolue, sans nuance, un.
Le concept d’en-soi désigne tout ce qui est sans liberté et qui n’entretient aucun rapport à soi. L’existence de tout en-soi est passive en ce sens que, par exemple, un vélo ne peut décider d’être autre chose qu’un vélo, et ne peut pas avoir de préférence (par exemple faire un tour dans une heure plutôt que maintenant). Ce concept d’en-soi se rapporte donc aux choses matérielles parce qu’elles existent indépendamment de toute conscience.
– L'être pour-soi est l'être par lequel le néant vient au monde (de l'en soi). C'est l'être de la conscience, toujours ailleurs que là où on l'attend: c'est précisément cet ailleurs, ce qu'il n'est pas qui constitue son être, qui n'est d'ailleurs rien d'autre que ce non être.
Le pour-soi s'oppose à l'en-soi et désigne l’être de l'homme, pourvu d’une conscience qui fait de lui un être tout à fait particulier. Étant donné cette conscience capable de se saisir elle-même, le pour-soi a comme principal attribut une liberté absolue, une possibilité infinie de choisir.
– L'être pour-autrui est lié au regard d'autrui qui, pour le dire vite, transforme le pour soi en en soi, me chosifie.
Donc :
L'homme, se distingue de l'objet, en ce qu'il a conscience d'être, conscience de sa propre existence. Cette conscience crée une distance entre l'homme qui est et l'homme qui prend conscience d'être. Or toute conscience est conscience de quelque chose (idée d'intentionnalité reprise de Husserl). L'Homme est donc fondamentalement ouvert sur le monde, « incomplet », « tourné vers », existant (projeté hors de soi) : il y a en lui un néant, un « trou dans l'être » susceptible de recevoir les objets du monde.
Contrairement à l’en-soi qui coïncide toujours avec lui-même, le pour-soi, c’est-à-dire l’être humain, peut faire varier indéfiniment la conscience qu’il a de lui-même. Par exemple, mon vélo n’est qu’un vélo. Rien d’autre. Il est absolument incapable de prendre conscience de ce qu’il est et de sa situation. Tandis que lorsque je conduis ma bicyclette, je suis ce que je ne suis pas. C'est-à-dire que, demeurant un être humain, je suis pourtant devenu cycliste, ce que je n’étais pas à l’origine, et ce que je ne serai plus dans quelques instants, quand je me serai cassé la figure (et qu'alors je ne serait plus un cycliste mais un individu ridicule).
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« Le pour soi est ce qu'il n'est pas et n'est pas ce qu'il est »
— Sartre, L'Être et le Néant
« Il n'y a pour une conscience qu'une façon d'exister, c'est d'avoir conscience qu'elle existe »
— Sartre
« En fait, nous sommes une liberté qui choisit mais nous ne choisissons pas d'être libres : nous sommes condamnés à la liberté. »
— Sartre
« Les objets sont ce qu'ils sont, l'homme n'est pas ce qu'il est, il est ce qu'il n'est pas. »
— Sartre
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