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dimanche 16 juillet 2017

Sur les animaux

L'arbre, l'animal et l'homme, Luc Ferry

Défense du « droit animal » à travers l’utilitarisme. Dès Bentham on cherche à savoir, non pas si l’animal peut parler, ou sait réfléchir, mais s’il connait la souffrance ; et dès lors cela oriente toute la pensée anglo-saxonne sur l’anti-spécisme. Bien noter que c’est profondément un mode de raisonnement américain.

Le romantisme allemand donne une autre explication au respect de la nature (et des bêtes) : cela part de la représentation d’une nature originaire, sauvage, pure, vierge, _authentique_ et irrationnelle. Le romantisme allemand donne à la nature un caractère extra-humain : c’était là « bien avant l’homme » disent-ils, dans un élan à la Meillassoux, étrangement… La nature s’est faite elle-même, sans intervention des hommes ; et c’est cela qu’ils respectent.

Quelques grandes « causes animales » : la vivisection, le gavage d’oie, la tauromachie. Des cas déjà traités par les nazis dès 1935.

Question importante de la souffrance animale faite en privée ou en public : avec Aquinas, on est d’accord pour limiter la souffrance faite sur les animaux, moins pour les animaux que pour le fait que cela donne de mauvaises habitudes aux hommes eux-mêmes. Or les deep-ecologists comme les nazis ne font pas de distinction entre privé et public.

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Jeux, modes et masses, Paul Yonnet

Les coûts des chiens et des chats pour la ville sont énormes : on a du les interdire dans les parcs car les ravages étaient trop importants. Les animaux détruisaient la vraie nature !… Avoir un animal domestique ne développe pas plus la sociabilité ; on s’interdit tout un tas de contacts (enfants, chiens belliqueux, etc.) avec un chien.

Lorenz dit : « Remplacez le mot enfant par chien dans mon livre. » Il critique l’éducation à l’américaine, la populace et le marché dérégulé par rapport à « l’obéissance pure des chiens. »

Finalement, on prend un animal pour se faire respecter, pour voir qu’on obéit à nos ordres, à l’ère de l’enfant-roi où celui-ci n’obéit plus. Le chien est un enfant poli. (Tout comme l’animal est un sujet sociologique plus intéressant, car il ne change pas son mode de vie ; et cela plaît à Bourdieu qui, de fait, étudie les hommes comme des singes.)

Manger un chien est associé à du quasi-cannibalisme. (D’où l’idée de faire de Montserrat et ses sbires des mangeurs de chien, organisant des orgies à la manière des futuristes.)

De « candidats à l’humanité » au XIXème, les chiens ont désormais pris le pas sur l’homme lui-même ; tout au moins sur les trottoirs—et les pauvres joggers en ont peur… 77% des Français répondent oui (en 1985) à la question : est-ce comme faire souffrir un être humain ?

Au XVIIème, Harvey immole des biches enceintes et vivantes pour faire de la vivisection. Il les dissèque vivantes pour étudier la reproduction ; et Descartes de l’admirer.

On interdit les combats de coqs, mais pas la corrida et les courses de chevaux.

Lorsque trois chiens déchiquettent un bébé de moins d’un an (alors en train de dormir) ; le propriétaire dit à la presse : « Ces trois petits chiots sont comme mes enfants, c’est ma faute et pas la leur : je n’avais pas verrouiller la porte. » Excuser les animaux comme les humains, cf. l’excuse de la majorité.

L’animal domestique se civilise au dépend de l’homme : un type se tue en mer pour sauver son chien ; et trois policiers aussi pour aller à sa rescousse à lui.

Sur les trottoirs, des chiens promènent leur maître.