En 1935, Louis Guilloux représente l’ennemi de classe en voiture, et ses amis prolétaire à bicyclettes.
La naissance du crédit de masse date de 1920 pour acheter une voiture. En France, on n’aime pas le crédit car cela n’est pas responsable d’utiliser l’argent qu’on a pas. On impute la crise de 29 aux méfaits du crédit ; explication morale.
L’échec de la France dans l’automobile (après un début retentissant) tient à son élitisme, au refus (à tous les niveaux !…) de produire un bien de consommation. On se moque de Citroën qui veut utiliser les méthodes de Ford et rendre les voitures accessibles. Pour l’élite comme pour les ouvriers, la voiture demande « un savoir-faire » et l’attention d’hommes de qualité (ce que ne permet pas la chaîne de montage). Les employés français sont néanmoins moins bien payés que les américains !…
Sur la photo de famille bourgeoise, la voiture remplace le carrosse à huit-chevaux. Personne n’y voit un bien de consommation de masse.
L’innovateur est ici toujours à demi-fou, à l’image de Tournesol.
En Amérique, le personnage du cow-boy est celui qui déplace les anciennes limites : légales, morales, économiques, culturelles (la famille, le fermier, le shérif, l’Indien…) En France, on parle à l’inverse d’exode dès qu’il y a un mouvement social ; et celui-ci doit être planifié !… En outre, un mouvement de défense de la fixation du régime est toujours pugnace.
----
Le grand magasin met fin au rapport de domination du boutiquier sur le client ; dorénavant le client peut hésiter, et sortir sans payer. Le rapport marchand devient impersonnel. C’est le « bistrot pour les femmes » et la kleptomanie remplace l’alcoolisme.
Le dandysme, comme participation à la guerre du paraître, est désormais partout. Un dandysme de masse.
Les zazous en 42 préfigurent la montée en force de « la jeunesse » dans l’après-guerre : féminisation, musique, « style de vie », refus du devoir civique, urbanité… Ils sont haïs par les ruraux, les résistants, les collabos.
Les hippies se révoltent contre un certain « rapport à l’eau » des protestants—un hygiénisme qui date de la Réforme, à l’époque où le catholicisme recommandait un usage modéré de l’eau lors de la toilette.
Longtemps la mode illustra des rapports sociaux, des luttes de pouvoirs entre classes sociales montantes ou descendantes. Mais aujourd’hui, le seul critère est celui du temps : il s’agit de ne pas être « has-been » ; on lutte contre le temps et non contre une classe à faire tomber. À la recherche du basique qui ne vieillit pas (plus que du classique).