En fait, leur divergence se situe d’abord au niveau métaphysique et par extension au niveau anthropologique : Rand est matérialiste, d’où la croyance que le corps est le tout de l’homme ; à l’inverse, Girard s’inscrit dans la métaphysique judéo-chrétienne du dualisme de l’être [5], d’où la conviction que l’homme est constitué d’une âme et d’un corps. Dès lors, il est compréhensible que le sacrifice de soi soit perçu par Rand comme une réduction de l’homme à un animal sacrificiel. Le sacrifice s’apparente à une annihilation de soi révoltante car rien ne subsistera.
On est soit victime soit bourreau. L’éthique girardienne est alors celle de l’acceptation du sacrifice de soi pour l’autre, dans l’imitation du Christ. À l’inverse, l’éthique randienne rejette avec le plus extrême dégoût le sacrifice de soi car il réduit, selon Rand, l’homme à n’être qu’un animal ou un objet sacrificiel. L’éthique randienne est anti-sacrificielle : l’individu se doit de « ne jamais se sacrifier pour les autres, ni sacrifier les autres pour lui-même [4] ».
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