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lundi 17 janvier 2011

Spinoza et Schoppenhauer sur la liberté

Ca me rappelle un peu du Spinoza : "Les hommes se trompent en ce qu'ils pensent être libres et cette opinion consiste en cela seul qu'ils sont conscients de leurs actions, et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés."
(Baruch Spinoza / 1632-1677 / L'Ethique, Livre II)


Schopenhauer disait la même chose : "L'homme est certes libre de faire ce qu'il veut, mais il ne peut vouloir ce qu'il veut."
En libéralisme, plutôt que de "libre-arbitre", on devrait parler de volonté, d'action volontaire, d'intention... C'est d'ailleurs ce que fait Mises, qui laisse soigneusement de côté (dès le début de Human Action) ce genre d'hypothèse métaphysique indémontrable (aussi bien celle du "libre-arbitre" que celle du déterminisme absolu).


Sur ce sujet, il me paraît utile à ce moment du débat sur la croyance à une nature pleine d'intentions (cause première et fins dernières), de rappeler ce bon vieux Spinoza à notre attention. Je ne suis pas Spinoziste, puisque de mon point de vue il y a une prépondérance du hasard et du chaos dans les processus naturels d'organisation spontanée. Spinoza croyait dans le Dieu des philosophes, ce n'est pas mon cas. Néanmoins comme pour Rand, la partie critique de sa pensée contre l'idolâtrie et le mysticisme est très puissante.


D'une part il montre que l'autorité surnaturelle de la politique et du religieux doit être remplacée par une éthique rationnelle et individuelle. D'autre part, il montre que cette éthique doit être fondée sur la raison et la liberté, et non sur la peur des masses, que ce soit la peur du jugement divin, ou la peur de l'État. L'éthique peut et doit exister en dehors de la religion et de la morale dominante.
Spinoza dit exactement la même chose que Rand dans la citation que j'avais donnée en amont du fil. Ayn Rand reprend d'ailleurs presque entièrement la thématique de Spinoza en ce qui concerne la fondation de la politique sur une éthique rationaliste débarassée du mysticisme, ainsi que la critique radicale de la collusion tyrannique entre le théologique et le politique.