Les passions et les intérêts
"Supposer que les foules puissent agir à l'encontre de leurs propres intérêts, c'est supprimer toute sûreté dans les affaires humaines".
Le même raisonnement permettra à James Stueart de soutenir que chez le particulier, une conduite dictée par l'intérêt personnel est préférable non seulement au règne des passions mais même à un comportement vertueux. "Si les miracles se renouvelaient tous les jours, les lois de la nature cesseraient d'être des lois, et si chacun, négligeant son propre intérêt n'agissait plus que par esprit public, l'administrateur s'y perdrait. Si un peuple devenait totalement désintéressé, il serait impossible de le gouverner".
On reconnaissait dans la propriété une force impétueuse, illimitée. Et Proudhon lui assigne ainsi le rôle de pouvoir compensateur face à la puissance non moins terrifiante de l'Etat.
L'origine du capitalisme et ce qu'on lui demandait, c'était précisément de réprimer certaines impulsions et tendances. De façonner une personnalité humaine moins luxuriante, moins imprévisible et plus unidimensionnelle. C'était "l'inoffensive avarice". On demandait au capitalisme d'accomplir ce qui sera vu comme le pire de ses méfaits.
La critique romantique critique l'absence de passion, l'ordre bourgeois a perdu toute noblesse, tout mystère. Depuis l'attraction passionnée de Fourier, à l'aliénation de Marx, au refoulement freudien comme prix nécessaire du progrès du désenchantement wébérien. Or ces passions étaient considérées comme de lourdes menaces.