Archives

samedi 23 février 2013

Sloterdijk, 'Repenser l'impôt'


Repenser l'impôt.


L'Etat paternaliste de jadis et l'Etat matérialiste d'aujourd'hui se complètent pour former une irrésistible machine de tutelle et d'assistance.
Dès que l'on parle d'impôt, on part presque toujours aujourd'hui du besoin qu'en a l'Etat et l'on fait l'hypothèse dogmatique qu'il jouit d'une légitimité dans son rôle de preneur.

Dans 'Les deux corps du roi' : le fisc se prolonge après la mort du roi, la continuité de la fonction royale a un fondement dans la chose même.

Les exilés fiscaux demandent : au nom de quel contrat commercial ils "doivent" des sommes à la collectivité nationale.

Il n'existe pas de théorie valide de la justification des impôts, il n'existe que des chars d'économie financière et de droit fiscal, qui sont au fisc ce que les théologiens sont à la Trinité.

La réalité n'est-elle pas qu'about du compte, seule la peur nous attache les uns aux autres ?
La classe moyenne qui donne constitue aujourd'hui le noyau du principe du collectif.
Pour les auteurs d'extrême-gauche,  donnent volontairement et donner peu sont synonymes.

Avec la mondialisation les hommes se rendent compte que la Terre est une sphère, or sur une sphère, tous les poins peuvent être atteints depuis tous les autres.

On en devrait introduire le mot d'intérêt personnel qu'après avoir inculqué l'idée fondamentale de Nieztsche : l'égoïsme n'est souvent que le pseudonyme moral de nos meilleures énergies. La faculté qu'ont les hommes de s'insurger contre la activité et le fatalisme.

Nous préférons béatifier les pauvres que les millionnaires.

Après le 11 septembre, on peut reconstruire des tours facilement. Mais ce qui fut détruit ce fut la plastique narcissique collective. Difficilement composée, elle renaît par l'hystérie.

//

CAPITALISME ET CLEPTOCRATIE. 
Le secret de la société bourgeoise tient dans la sanctification, pratiquée après coup, de la l'initiative violente. Ce qui commence comme une occupation est scellé par l'inscription au cadastre. L'arbitraire d'abord, ensuite sa reconnaissance juridique.
Au fond de l'irrespect révolutionnaire, on trouve la conviction que la présence antérieure des actuels propriétaires "légaux" ne signifie rien au bout du compte. Il n'y a qu'un pas de l'irrespect à l'expropriation. Toutes les avant gardes proclament qu'il faut reprendre de zéro la répartition du monde.
Après Rousseau, toute pensée économique devra prendre la forme d'une théorie générale du vol. D'où l'idée : le vol originel du petit nombre n'est compensé que par le contre-vol du grand nombre.
Des Etats modernes, dont l'infrastructure est entièrement achevée, réclament chaque année la moitié de tous les résultats économiques de leurs classes productives au profit du fisc sans aucune réaction. C'est le résultat d'un dressage politique  plus important qu'au temps de l'absolutisme. Cela ne s'explique que par les sentiments de culpabilité que notre culture morale tente d'insuffler à tous ceux qui ne sont pas pauvres. (p. 183).
Les improductifs vivent indirectement aux dépens des productifs d'une manière équivoque, de sorte qu'on leur dise et qu'ils le croient qu'on est injuste à leur égard et qu'on leur doit toujours plus.
Le pillage du futur par le présent. La main qui prend se sert de la vie des prochaines générations.

//

Seuls les petits partis profitent de cette situation où les anciennes couleurs perdent leur valeur. Ils attirent le reste de l'ancienne libido politique. Parce qu'ils peuvent éviter l'effet de zone grise et aller présenter une thèse identifiable.

Aux USA, il y a une compétition dans le don philanthropique.
Rengaine de gauche : si ils ont quelque chose à donner, c'est qu'ils ont commencé par voler.
Sloterdijk, à propos des impôts qu'il doit : "Je ne considère pas que j'accumule chaque année des dettes considérables envers la société et que je dois les effacer pour ne pas encourir une peine." Comme si les personnes compétentes étaient punissables.

Dans l'histoire, les hommes ont intégré trois systèmes immunitaires : le rituel (intègre la mort), le droit (intègre les injustices), le système de défense biologique (intègre la maladie). Tous ces systèmes d'immunités (symboliques, politiques) crées par l'homme, très prévoyant.

A l'idée qu'un revenu de base universel pourrait libérer les talents, Sloterdijk répond : "Soyons réalistes : la créativité moderne est un effet secondaire de la volonté d'ascension et du stresse des intérêts de la dette."