Lettres à un jeune poète, Rainer Rilke.
Si tout ce qui est proche vous semble loin, c'est que cet espace touche les étoiles, qu'il est déjà très étendu. Personne ne peut vous suivre dans votre marche en avant. Soyez bon envers ceux qui restent en arrière, sûr de vous et tranquille en face d'eux. Ne les tourmentez pas avec vos doutes. Ne les effrayez pas par votre foi, par votre enthousiasme : ils ne pourraient comprendre.
Aimer en eux la vie sous une forme étrangère. Ne leur demandez pas conseil. Renoncez à être compris d'eux.
Le premier amour ne survit sif rot et si puissant dans votre souvenir que parce qu'il a été pour vous la premièr occasion d'être seul au plus profond de vous même, le premier effort intérieur que vous ayez tenté dans votre vie.
Si nous construisons notre vie sur ce principe qu'il nous faut aller toujours au plus difficile, alors tout ce qui nous paraît encore étranger nous deviendra familier.
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Sur la vie créatrice, de Bernard Grasset.
C'est un grand signe d'infortune que de sen sentir uniquement né pour faire. Faire, en ce sens, s'oppose à jouir. Un homme parfaitement heureux, ne créerait pas.
Il est deux sortes de créateurs : ceux qui créent dans l'abondance et dans la joie. Ceux qui ressentent si durement la contrainte de créer qu'ils seraient portés davantage à parler du poids de l'inspiration qu'à s'abandonner à la leur.
Rilke : "Etre artiste, c'est croître comme l'arbre qui ne presse pas sa sève, qui récite, confiant, aux grands vents du printemps, sans craindre que l'été puisse ne pas venir."
Eprouvant toute vie comme la sienne, Rilke prête naturellement une âme à tout ce qui vit.
Sans doute se sentait-il récompensé dans chaque rencontre par la dépense qu'elle lui permettait. Si le besoin de donner est à la base de toute création, le créateur n'en ramène pas moins tout à soi-même.