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mercredi 22 août 2012

Cavell, scepticisme et cinéma


Sur Cavell (via Domenach) :

Cavell dit qu'il ne fait pas tant une critique des films, ni n'explique ni n'interprète. Bien plutôt, il analyse les "détails du déroulement du film".

Cavell s'intéresse à ce qu'il advient des choses à l'écran. Et moins à la question plus classique de la représentation du monde à l'écran. Son réalisme n'est pas une théorie (comme pourraient l'être celle de Bazin puis Panofsky) mais bien une reconnaissance de notre rapport naturel au cinéma.

Bazin voit dans l'objectif-caméra un instrument de reproduction fidèle de la réalité, qui rend la réalité crédible. Cavell cherche dans ce mécanisme de projection "la source de la conviction que le cinéma produit dans notre être-lié au monde".

Le cinéma est une expérience de notre contingence. Il hérite d'une tradition voulant "rendre le monde présent".

L'expérience des films se prolonge dans l'imagination chez les enfants. Et dans la discussion chez les adultes.
En projetant le monde sur un écran, le cinéma réalise notre rêve sceptique de voir pleinement le monde, en toute transparence. Nous faisons l'expérience d'un don du monde qui ne requiert pas notre participation. Dans le noir, c'est à dire dans l'oubli du monde réel, nous est rendu présent un monde complet sans nous.
Enfin, avec des séquences, des cadrages, une temporalité limitée… le monde nous intelligible. On contemple le monde sans être vu.

On va au cinéma et en sortant, on croit au monde (Desplechin, 2008).