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jeudi 23 août 2012

Notes de lecture sur Girard


Notes sur René Girard, "Des choses cachées depuis la fondation du monde".

Les données culturelles sont commas les langages : composées de signes qui ne signifient rien s'ils sont isolés les uns des autres. Ils forment des systèmes.
Prisonniers de nos formes symboliques, de notre système, nous ne pouvons que rechercher d'autres formes - et devons abandonner (dit Levi-Strauss) l'idée de nous interroger sur l'homme-en-soi. L'homme, tout ce que nous en savons, c'est qu'il sécrète des systèmes de signes, et qu'il les confond avec la réalité.

Les interdits (d'objets, sexuels, alimentaires) portent sur des objets proches et accessibles. Ils sont interdits parce qu'ils sont à chaque instant à la disposition de tous les membres du groupe, susceptible donc de devenir des enjeux de violence. Le conflit mimétique -la rivalité pour l'objet- potentiel est donc derrière toutes les interdictions premières de l'humanité. (p. 29)

Les interdits cherchent à écarter la crise mimétique (surgissement d'une violence première). Les rites sont là lorsque la crise est presque arrivée, ils tentent canaliser la crise dans une 'bonne direction' : une réconciliation de la communauté au dépend d'une victime. Cette victime émissaire apparaît est fait se réconcilier la communauté.
Double transfert dans le phénomène religieux : l'agressivité puis la réconciliation.

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La domestication des animaux ne découle pas directement d'un calcul économique -c'est à trop long terme que les premiers rendements arrivent. Il y avait donc, comme premier motif, le motif sacrificiel. L'ancêtre de la vache et du cheval n'ont pas pu être domestiqué dans l'idée que -pour les futures générations- cela sera économiquement intéressant. On cherche donc des remplaçants aux victimes humaines pour ces sacrifices monstrueux.

L'animal doit séjourner chez les hommes, doit s'imprégner des coutumes, pour que son sacrifice soit "équivalent" à un sacrifice humain, et donc tout aussi puissant comme victime émissaire. Ce délai dont bénéficie l'animal pour 'ressembler' aux hommes qui l'utilisent comme victime émissaire marque donc le début de la domestication. 
L'économique surgit comme résultat du sacrifice. Et Girard suit la thèse de Durkheim : le religieux est à l'origine de tout.

De même que la genèse du pouvoir politique vient de ce délai qu'on accordait aux victimes, délai pendant lequel elles étaient 'au pouvoir'. (p. 95-96)

La chasse doit aussi être comprise comme une activité sacrificielle. Seul moyen d'expliquer la chasse préhistorique des animaux, la poursuite d'une victime réconciliatrice. Les techniques surgissent du rituel sacrificiel.

Chaîne fondamentale :
composante mimétique -> mimésis d'appropriation -> conflit -> victime émissaire -> réconciliation.

"Totem et Tabou" comprend que l'humanité remonte à un meurtre collectif. Meurtre du père chez Freud, meurtre d'une victime-émissaire arbitraire chez Girard (qui amène à une réconciliation).

La mythologie, c'est la naissance de la pensée pour Lévi-Strauss et Girard. Mais chez Girard, la grande fonction du mythologique c'est de remémorer le lynchage fondateur et les crises mimétiques.

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Le capitalisme permet de déchaîner les désirs mimétique sans avoir à redouter un emballement irrémédiable du système (violence). Promotion de la concurrence dans des limites acceptables. Ceci amène néanmoins le renforcement des névroses qui accompagnent les tensions concurrentielles.

La coquette sait que le désir attire le désir (on désire quelque chose car elle est désirée par autrui). Il faut convaincre les autres qu'on se désire soi-même pour être désirer. (c'est le "désir narcissique freudien", désir de soi par soi).