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mercredi 22 août 2012

Notes de lecture sur Merleau-Ponty


Sur Merleau-Ponty

"La prose du monde"

Nous ne pensons pas plus aux mots que nous disons ou qu'on nous dit qu'à la main même que nous errons : elle n'set pas un paquet d'os et de chair, elle n'est plus que la présence même d'autri.

Je ne vis pas seulement ma propre pensée. Dans l'exercice de la parole, je deviens delui que j'écoute.

Je ne suis pas seulement actif quand je parle, mais je précède ma parole dans l'auditeur; je ne suis pas passif quand j'écoute, mais je parle d'après… ce que dit l'âtre.
Parler n'est pas seulement une initiative mienne. La parole est une anticipation, une reprise.

Dans la parole se réalise l'impossible accord de deux totalités rivales. Elle nous entraîne, nous transforme en l'autre, et lui en nous, parce qu'elle abolit les limites du mien et du non-mien.


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"Le visible et l'invisible"

Parfois l'évidence éclate : " là-bas aussi la vie est vécue : quelque part derrière ces yeux, derrières ces gestes, un autre monde privé transparaît, à travers le tissu du mien, et pour un moment c'est en lui que je vis, j ne puis suis plus que le répondant de cette interpellation qui n'est faite."
C'est l'autre qui m'envahit n'est fait que de ma substance : ses couleurs, sa douleur, son monde. Mon monde a cessé de n'être qu'à moi, c'est l'instrument dont un autre joue. (p. 26)

Ce monde qui n'est pas notre, nous y tenons comme à nous-même. Il est le prolongement de notre corps : "je suis fondé à dire que je suis le monde". Et Bergson déjà disait: le corps est coextensif à notre conscience, "il comprend tout ce que nous percevons, il va jusqu'aux étoiles".

Le regard des hommes sur les choses, c'est l'être qui réclame son dû, ma relation à l'être (ou au monde) passe par eux, les regards d'autrui.
Tant qu'autrui ne parle pas, il reste un habitant de mon monde. (p. 85)