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samedi 11 mai 2013

Qu'est-ce que le virtuel ?, Pierre Lévy


Le possible est exactement comme le réel, il ne lui manque que l'existence. Le virtuel ne s'oppose pas au réel mais à l'actuel.

L'interaction entre humains et systèmes informatiques relève de la dialectique du virtuel et de l'actuel.

L'écriture accélère un processus de virtualisation (non simple prolongement) : détachement partiel d'un corps vivant, mise en commun, hétérogenèse.

La lecture sur écran est plus active. Lire sur écran c'est commander à un ordinateur de projeter telle ou telle réalisation du texte. Toute lecture sur ordinateur est une édition, un montage singulier.

Les dispositifs hypertextuels dans les réseaux numériques ont déterritorialisé le texte. Il y a maintenant du texte, comme on dit de l'eau ou du sable. Le texte est mis en mouvement, pris dans un flux, vectorisé. La page s'est dérobée. La numérisation créée un immense plan sémantique, accessible en tout lieu.

La multiplication des écrans n'annonce pas la fin de l'écrit : la culture du texte (impliquant distance critique, renvois, temps différé etc.) va se développer. La virtualisation fait correspondre le texte à son essence, nous venons d'inventer l'écriture.

Tel outil tenu en main est une chose réelle, mais cette chose donne accès à un ensemble indéfini d'usages possibles. Les outils ne sont pas que des extensions du corps (d'après Leroi Gourhan ou McLuhan). Le phénomène technique montre plutôt qu'un outil est une virtualisation de l'action. Le marteau peut donner l'impression d'être un prolongement du bras ; la roue n'est pas un prolongement de la jambe mais la virtualisation de la marche. (p. 73). 

La branche est un bâton virtuel. Les êtres humains ne pensent jamais ni seuls (mais dans le courant d'un dialogue réel ou imaginaire), ni sans outils.

La naissance de l'écriture est liée aux premiers Etats bureaucratiques à hiérarchie pyramidale centralisée (import, gestion). L'apparition de l'alphabet en Grèce ancienne est contemporaine de l'émergence de la monnaie, de la cité antique . La pratiqued la lecture étant répandue, chacun pouvait prendre connaissance des lois et les discuter. L'imprimerie a rendu possible une large diffusion des livres et l'existence des journaux, fondement de l'opinion publique.