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dimanche 5 mai 2013

Y a t-il vraiment des TI ?, Jeanneret


1. L'écriture aide non la mémoire, mais la remémoration. L'écrit est avant tout un support de durée. L'objet technique ne peut être un simple instrument neutre. Avec plus de mémoire, les hommes n'auront pas plus de savoir, mais un autre type de savoir.

Platon conteste la prétention qu'un objet serait du savoir. Les techniques de transmissions ne sont pas des relations d'esprits à esprits, mais des collections d'objets. La critique de Platon dit qu'il n'y a néanmoins pas de logos pur, de pensée sans dispositifs techniques.

Les médias ne sont pas des dispositifs d'enregistrements seulement. Leurs propriétés techniques, aux médias, concernent l'organisation et la manifestation de signes. Les médias ne traitent de l'information

2. Définition confuse de l'information dans le terme NTIC. A la fois procédure technique (théorie mathématique de l'information consistant à la définir comme valeur quantitative) et pratiques sociales.

L'information au sens sociale a pour condition l'interprétation, que l'information mathématique a pour bénéfice d'éliminer.

La thèse de Lyotard, variante progressiste (monde de l'information) et tragique (le langage et l'humanité sont moribonds).

Ambiguité du terme interface : compatibilité entre deux systèmes informatiques, ou espace de lecture pour l'utilisateur.

La réalité de la nouveauté technique n'est jamais directe, mais oblique : intertextuelle (réécriture de textes), intersémiotique (divers langages) et intermédiatique (divers supports). La nouveauté n'émerge pas d'internet seul, elle procède du jeu entre les médias. Internet a été montré et raconté par les médias qui le précèdent.

3. Les médias sont plus que des prothèses. Ils automatisent et développent un certain type de pouvoir qu'exerce l'homme sur lui-même. Les médias informatisés n'agissent pas sur la nature, mais sur la façon dont l'homme interagit avec les autres, échange etc. Mais qu'est-ce que l'informatisation change à ces médias ?

Contre McLuhan : le support c'est sans quoi le message n'existerait pas. Mais ce n'est pas le message. L'écran du PC offre une surface unique mais toujours renouvelée. Le changement technique exerce une détermination négative sur les pratiques culturelles. Avec le texte imprimé on ne peut plus rester dans l'espace du seul manuscrit.

Comment penser les effets des objets médiatiques sur nos pratiques sans nous définir nous mêmes comme de simples prolongements de nos médias ? En quoi les médias influencent les cultures sans faire des cultures des sous branches des médias.

Pas de régime médiatique uniforme. Internet ne serait rien sans les médias de masse et la presse écrite. Pas de basculement de l'un à l'autre, mais une hybridation.

4. A la différence de l'écran de télévision, l'écran informatique est un espace commandé à partir de la lecture. L'utilisateur d'internet est avant tout un lecteur. Le texte d'écran est investit d'un imaginaire infini, mais reste assez exigu dans la pratique : une seule surface textuelle.

La fiction du multimédia repose sur des leurres : abstraction de sa matérialité (écran, clavier, réseau), l'écrit informatisé est une reprise, une citation de toutes les matérialités de la culture documentaire. L'écrit d'écran ne cesse de reproduire et de mimer la page. Il faut des doubles virtuels des fenêtres, panneaux, étiquettes, cartes etc. C'est une double présence du matériel : celle du média lui-même et celle que le média a besoin de mimer.

Pas d'innovation en terme d'interactivité pour l'écrit d'écran. Déjà Eco montre l'interaction entre l'auteur et le lecteur d'un livre (comme celle d'un conférencier et de son auditoire).