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dimanche 23 mai 2010

Bavarez et le principe de précaution

A défaut de les prévenir, le principe de précaution vient de provoquer trois catastrophes.
La mobilisation générale lancée par l’OMS contre la pandémie liée au virus H1N1 a poussé les Etats à constituer des stocks massifs de vaccins qui se révèlent aujourd’hui inutiles et seront demain obsolètes.
Après avoir recommandé à la population de rester chez elle lors de la tempête Xynthia au prix de 53 morts, l’Etat a décrété au lendemain de l’ouragan, sans évaluation ni concertation préalable, des zones de destruction massive où seront rasées les maisons dont il avait autorisé la construction.
L’éruption du volcan islandais Eyjafjöll a entraîné un blocus du ciel européen qui a réduit 8 millions de passagers à la condition de réfugiés et provoqué des milliards de pertes à l’économie d’un continent où la reprise est en passe d’avorter.
Au nom de ce principe, les OGM ont été interdits, ce qui a porté un coup fatal à la recherche agronomique et contribué au déclassement de l’agriculture française, dont l’excédent commercial est désormais inférieur à celui de l’Allemagne.
 Selon la même logique, gouvernements, banques centrales et régulateurs, qui ignorèrent les signaux d’alerte des bulles spéculatives, rivalisent de taxes et de normes interdisant aux banques et aux assurances de financer l’économie, sans pour autant traiter le risque systémique concentré sur la liquidité bancaire.
A l’origine de cette cascade de désastres, toujours la même séquence : absence d’évaluation et de prévention des risques ; stupeur et improvisation devant l’événement ; amplification de la menace et démesure de la riposte ; désillusion des citoyens et mise en accusation des responsables politiques face à l’absurdité des mesures et à l’inflation des coûts.