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mercredi 5 mai 2010

Dalrymple sur l'anti-progressisme

La montée du niveau d'instruction et l'envahissement par les demi-habiles

L'intelligence n'a pas suivi l'instruction. On peut savoir beaucoup et être incapable de réfléchir correctement et subtilement.

Ce qui fait ce qu'on se retrouve avec des masses de demi-intellectuels ayant appris des théories contestant l'existant (théories toujours valorisantes pour celui qui les professe : si le monde était différent, je serais empereur au lieu d'être grouillot) mais incapables de comprendre les limites du savoir humain et la nécessité de ne toucher à ce qui existe qu'avec des mains tremblantes. On retrouve la définition pascalienne des demi-habiles. Ils raisonnent beaucoup mais de travers. Comme disait Pascal, ils jugent mal de tout (voir Les gardiens de vaches diplomés). Ce sont typiquement les auditeurs de Radio Moscou France Inter, les profs, les journalistes, etc.

La mort de la religion

La religion mettait Dieu au-dessus de l'homme et l'aidait à assumer sa finitude. Maintenant qu'il n'y a plus rien au-dessus de l'homme, celui-ci est obsédé d'égoïsme et de narcissisme et torturé par sa finitude. Chacun devant alors être la mesure de toute chose, toutes les opinions, tous les comportements se valent du moment que quelqu'un soutient cette opinion et ce comportement. Comme on n'a qu'une vie, tous les moyens sont bons pour assouvir ses désirs.

Evidemment, dans ce contexte, les individus sont tout entiers dans le présent. La culture, nécessairement inscrite dans le temps, disparaît.

L'hyper-individualisme

Il aboutit à une dramatique uniformité : les individus n'étant plus structurés par la culture et l'éducation, ils retournent aux instincts les plus bas. Et l'instinct social le plus primitif, c'est de se regrouper en troupeaux. On doit penser et agir conforme. Quand les règles ne sont plus exprimées, cela ne signifie pas qu'il n'y a plus de règles, cela signifie que les règles sont implicites, et donc incontestables (on ne peut pas aisément contester des règles tacites). Elles sont d'autant plus oppressives.

Pour penser et agir différemment du troupeau, il faut une forte personnalité. La jouissance hédoniste et consumériste ayant enlevé toute force aux individus, ceux-ci se retrouvent incapables de manifester des pensées et des sentiments propres, on mime les pensées et les sentiments conformes.

Ce qui fait que les slogans à la con prétendument individualistes «parce que je le vaux bien» cachent une soumission au groupe comme jamais. On est libre de faire ce qu'on veut, à condition de vouloir faire comme tout le monde.

Le monde moderne a inventé l'individualisme sans l'individualité.

L'Europe

«L'Europe»,ce fantasme de bureaucrates, est une fausse identité. Elle se perpétue après que les raisons qui l'ont fondée ont disparu (peut-on sérieusement soutenir que, sans «l'Europe», les Européens s'entretueraient ?) car elle sert de maison de retraite aux politiciens au rencart. Elle permet à ces rejetés du suffrage universel de continuer à sucer la moelle des impots pour rouler avec chauffeur et vivre dans des palais somptueux avec des masses de personnel à leur service. Les politiciens étant des professionnels qui seraient bien incapables de faire autre chose, ils ont besoin, en cas d'accident de carrière, de ce point de chute à l'abri des turbulences bureaucratiques pour continuer à vivre leur vie de parasites, c'est pourquoi ils font ce qu'il faut pour prolonger ce moloch bureaucratique.

De plus, les eurocrates voient l'Europe comme un moyen d'étendre leur pouvoir et de se faire voir sur la scène mondiale. On ne sait pas si ce projet est partagé par les peuples, puisque le fonctionnement des instances européennes n'a que l'apparence de la démocratie.

Or, cette fausse identité européenne asphyxie les identités nationales des peuples européens. Ce n'est pas par hasard que les bureaucrates européens sont en pointe de l'immigrationnisme : un immigré, c'est l'Européen idéal, déjà dépouillé en partie de son identité d'origine, pas encore revêtu de sa nouvelle identité nationale, c'est un apatride, un vrai gibier de propagande européiste.

L'Union Européenne est un monstre politique qui finira par disparaitre (la chute est amorcée) mais cette disparition ne se fera pas sans catastrophe. C'est une chose de s'abstenir de créer un monstre, c'en est une autre de s'en débarrasser une fois qu'il existe.

Un récit historique misérabiliste.

A entendre ceux qui détiennent le pouvoir de la parole, médiatique ou pédagogique, l'histoire des pays européens ne serait qu'une succession de guerres, de génocides, de meurtres, de massacres et de persécutions. Bien sûr, il y en a eu, comme dans l'histoire de tout pays, mais réduire l'histoire européenne à sa face noire relève presque de la pathologie masochiste.

Peut-être a-t-on trop poussé le nationalisme par le passé. Les ravages psychologiques de la seconde guerre mondiale n'ont toujours pas cicatrisé. Il n'en reste pas moins qu'un patriotisme mesuré, sans tomber dans l'excès qu'est le chauvinisme, est une vertu. Se sentir participer à quelque chose de plus grand que soi donne un sens à sa vie. Les pauvres ne deviennent pas riches pour autant mais, au moins, ils ont une patrie dont ils peuvent s'enorgueillir.

Aujourd'hui, il y a des masses d'imbéciles qui qualifieraient de «nauséabond» (ah ! Ce vocabulaire moderne fabriqué pour les cuistres sans cervelle ...) le simple fait de se dire fier d'être français.

Dalrymple fait un détour par les USA pour signaler qu'ils sont atteints des mêmes maux que l'Europe sous une forme moins aigüe.

En conclusion

L'Européen ne fait plus d'enfants, n'a plus de culture, ne transmet plus de culture, ne trouve plus de transcendance, ni dans la religion, ni dans le patriotisme, est sans personnalité, perdu dans le conformisme, infantilisé par l'Etat-providence, vit, tout entier dans le présent, une vie qui a perdu son sens à force d'égoïsme jouisseur. Réussir sa vie, pour un Européen, c'est aller plusieurs fois en vacances à Bali ?