Twitter fait du temps réel la temporalité normale du numérique.
Internet n'est pas un média : il s'en trouve même à l'exact antipode (diffusion d'un contenu à partir d'une source unique). Internet : tout récepteur est diffuseur. C'est moins la production de contenu qui compte que le fait d'amener le réseau à s'y connecter.
La connexion permanent n'est pas une affaire de médias de masse. C'est une expérience qui interdit l'isolement.
Ce que les enfants savent par rapport à leur parent, c'est le maintenant. Internet dit ce que font les autres, les tendances, l'opinion etc. maintenant.
On est passé du showtime (spectacle), au primetime (rendez vous médiatique) puis désormais au breaking news (flux numérique).
L'expérience numérique est un kaléidoscope : un univers fait d'alertes, de messages, de commentaires, de liens. Le désordre est actualisé en permanence.
Analogie entre les jeux selon Caillois (compétition, simulacre, vertige) qui se retrouvent dans l'univers numérique.
Trois âges de la connexion : temporaire (le modem), permanente (stockage des données) puis la génération "du nuage" (toutes les données à disposition).
Internet est un espace aussi contre que le monde réel. Contre Baudrillard qui parle de la fin du réel. Internet propose en fait d'agir dans le réel, à travers les réseaux sociaux, des applications. C'est une extension du réel.
Fin des mythes : pas de pouvoir central utilisant internet contre l'internaute, pas d'internaute perdu dans le réseau central à la Kafka. La vraie crainte n'est pas dans la centralisation mais au contraire dans la dispersion entre sites, réseaux plate forme qui rend difficile le contrôle de l'information.
Pas d'opposition entre privé et public. D'où l'exhibition sur Facebook qui n'est pas de l'imprudence, mais la conviction qu'internet est du public médiatisé par du privé.
Les moteurs de recherche ont besoin d'information librement donnée par les internautes. L'ambition ultime de Google est d'indiquer une question avant qu'elle soit formulée. Nicholas Carr dit : internet va agir comme une boucle à rétro effet qui fait revenir à nous nos préférences. Un monde construit à partir de ce qui est familier est un monde où il n'y a rien à apprendre.
L'engagement sur internet est de tous les instants. Rebondir sur les autres, parmi eux, est l'essence du comportement numérique au quotidien. Le ton des échanges paraît plus fluide que dans le monde réel (exemple des emails envoyés aux professeurs).
Internet donne finalement une nouvelle place à l'écriture (contrairement à la radio, à la TV et au téléphone) pour que l'individu sente la nécessité d'être socialement attentif. Passage de l'internaute individualiste à l'internaute mobilisé. L'internaute est à la fois sujet et objet de ses actions : sujet et objet dans la géolocalisation, dans la recherche d'amis assistée etc.
Comment vivre sur internet qui archive tout et n'oublie rien.
Vision de McLuhan : des centres partout, des marges nulle part. La production de l'information a de même été radicalement décentralisée par l'invention de l'ordinateur personnel, encore accentué avec le Wifi et la 3G.
Le nuage est l'ultime outil qui décentralise le stockage d'information. Du stockage au partage, de l'activité à l'interactivité, du fichier au lien, de la visite à la veille.
Les Big data comme éléments constitutifs. La recherche et l'analyse des données pour mieux prévoir les comportements. C'est le réseau qui façonne le monde : capter des données à travers internet détermine la mise en forme du monde réel. (Même sans connexion, nul n'existe en dehors d'internet).
La présence du code dans la vie numérique. Il vient remplacer l'interface classique (clavier, souris). L'application impose aux internautes un protocole de communication dans des termes qui ignorent l'oral et l'écrit. (Dualité entre les initiés et les non initiés aux langages qui donnent accès au langage machine).
Lecture : avec le Kindle aucun numéro de pages n'était donné. Les utilisateurs avaient du mal à se repérer.
La rupture numérique selon Jaron Lanier tient plus dans le rangement des fichiers au sein de dossiers dans l'arborescence d'une mémoire d'ordinateur qu'à l'affichage sur un écran. Le fichier, c'est la preuve que la pensée humaine est produite sous forme de morceaux qui s'organisent comme branchage.
Les blogs jouent sur l'idée de texte ininterrompu. Le texte apparaît à l'étroit lorsqu'il n'est pas accompagné de liens. La page papier dépouillée face à l'hypertexte. L'auteur n'est chez lui nulle part.
La remédiation présente un média dans un autre. L'audience se sert de Youtube pour l'incorporer au sein d'autres médias, vers une autre audience. Le magasin iTunes dit : extraire, mélanger, graver. Le mixage trouve une caisse de résonance grâce aux réseaux sociaux. Le New York Times propose : produire, commenter, partager.
Echec de la migration du texte imprimé à l'écran. Devenu hypertexte, un support du code qui le fait vivre en réseau et changer d'apparence.
L'art à l'époque numérique ne doit pas se focaliser sur l'authenticité (cf. Benjamin). Tout l'univers brasse des copies numériques.
Pas de distinction entre les disciplines artistiques populaires et classiques. Internet installe l'internaute dans la dissonance (Lahire). Navigation au sein de toutes les classes : créations, tourisme culturelle, loisirs, promotion, opinions d'amateurs etc. Le post-post-modernisme n'est pas une avant garde : c'est une offre devenue totale, d'où l'impression de vertige face à cette totalité. Pas de panthéon des grandes oeuvres, qui est trop rigide pour l'ère numérique. L'oeuvre se place dans des rhizomes. Le mème comme appréciation collective d'un contenu. Nul artiste ne tient son public prisonnier.
Internet n'est pas qu'un outil. C'est une prolongation de notre propre corps, de notre cerveau. On renonce aux fonctions que le système réalise mieux que nous. Mélange du savoir-pourquoi (Wikipédia) et du savoir-faire (DIY, tutoriel). Le réseau ne change pas la capacité d'un individu, mais le connecte avec une universalité disponible.
Universalisation des objets (qui vont tous êtres connectés), du temps (celui du prime-time individuel), géographique (pas de frontières), des rôles (partenaires et concurrents), des savoirs (tout est accessible).
Lire devient un processus d'élimination plutôt que d'engagement (Rushkoff). Comme un objet fractal qu'une connaissance partielle permet de deviner l'ensemble.
Suspicion de tous les savoirs non vérifiés. Chacun résout les controverses. Fin de l'intellectuel généraliste, d'une pensée valable pour tout. L'humeur vagabonde d'un internaute contre les intellectuels qui ne sauraient avoir raison contre l'immense richesse du réseau.
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Les données sont la monnaie de l'espace numérique. Leur accumulation dans une basse de données est le capital.
L'univers de l'internaute qui agit et consomme, puis le réseau où il laisse ses données, puis les Big data sont analysées à l'étage encore supérieur des géants d'internet.
Le temps démocratique est plus lent que celui d'internet. Le réseau est sans frontières, donc le territoire est antinomique à l'organisation politique. Internet réactualise la sphère de la discussion à la Habermas. Le réseau en fait trop : il aborde trop de choses, trop de points de vue, se met trop vite à jour. L'individualisme de l'internaute qui ne veut pas qu'on agisse à sa place est en contradiction avec la représentation démocratique.
Le journalism : le cycle de l'information n'en finit jamais, les sources se renforcent au détriment des journalistes, nul ne fixe la limite du publiable, la controverse l'emporte sur la relation des faits, la presse cherche à produire du choc.
Google est la première firme post-média, qui succède aux médias de masse de part la relation personnalisée qu'elle entretient avec ses clients.
Le réseau social et le re-triblisation du monde d'après McLuhan (à cause de l'âge électrique). En ligne, ce sont des relations sociales de basses intensités.
Chacun se sait observer et en observe les réactions. Accéder à des médias est notre véritable occupation. Il n'existe plus rien qui soit une distraction, nous nous regardons en train de nous regarder (William Gibson).
Internet n'est pas un univers supplémentaire qui vivrait en ignorant le monde réel. Ce n'est pas non plus un hyperespace car, abolissant l'espace, il permet aux internautes de communiquer simultanément avec différents lieux du monde réel. Aller d'un univers à l'autre, utiliser l'un grâce à l'autre. C'est une façon d'être au monde, réel avec son extension numérique.
Inégalité du réel face à l'espace numérique : rapide, riche, direct et porteur d'une solution immédiate. Exaspération de voir l'élève, l'enfant ou le conjoint toujours connecté. Le réel, c'est le monde plus la connexion.