René Belin, l’ancien dirigeant de la CGT nommé par le maréchal Pétain secrétaire d’Etat au Travail, met lui-même les points sur les i :
« Les cotisations destinées à la couverture du risque « vieillesse », explique-t-il, ne donneront plus lieu à un placement, mais seront utilisées au fur et à mesure de leurs rentrées dans les caisses pour le service des pensions. »
On trouve dans les archives de cette époque un commentaire qui indique clairement qu’il était « dans les intentions de certaines administrations de consommer les capitaux eux-mêmes » qui avaient été accumulés et « qui seraient peu à peu liquidés. » Compte tenu de l’extrême misère engendrée par l’Occupation, il n’y avait peut-être pas d’autres moyens d’empêcher un certain nombre de personnes âgées de mourir de faim.
Après un tel pillage, le résultat final ne pouvait être autre que celui que décrit dans ses Souvenirs Pierre Laroque [1], le « père » de la Sécurité sociale :
« Les caisses dépositaires de ces capitaux se trouvent, du fait de la couverture de l’Allocation aux Vieux Travailleurs salariés, à peu près exsangues en 1944, ne conservant que quelques immeubles de rapports ».
Il est très facile de supprimer la capitalisation pour passer à la répartition. On peut puiser dans les réserves précédemment constituées pour compléter la retraite des vieux au cas où les cotisations seraient insuffisantes. C’est ce qu’a fait le maréchal Pétain de 1941 à 1944. Par contre, la réforme d’un régime de répartition pour faire place à plus de capitalisation, est beaucoup plus ardue, et c’est l’une des difficultés de la situation d’aujourd’hui. Le versement des cotisations ne peut en effet être arrêté, sauf à priver les retraités de leur subsistance Chaque gouvernement refilant la « patate chaude » à son successeur depuis 69 ans, on est arrivé cette fois au bout du système, les « actifs » d’aujourd’hui condamnés à payer deux fois : pour les retraités actuels et pour leurs propres retraites. Cette double peine survient au moment même où la crise financière conduit à une augmentation inéluctable des impôts.
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