Or, selon lui, nous ne sommes pas coupables. D'abord, parce qu'il «n'y a pas de transmission héréditaire du statut de victime et de bourreau», sauf à renouer avec l'essentialisme dont Maurras fut en France le dernier représentant. Et, surtout, parce que si «toutes les civilisations, les Perses, les Mongols, les Chinois, les Aztèques, les Incas, les Ottomans, ont été colonisatrices», seul l'Occident s'est amendé. L'esclavage? L'Occident n'a fait que prendre «le relais des Arabes et des Africains», mais il a «engendré l'abolitionnisme et mis fin à l'esclavage avant les autres nations».
Pascal Bruckner va plus loin: si nous ne devons pas nous sentir coupables, nous avons de quoi nous sentir plus fiers. Il n'hésite pas à revendiquer une supériorité historique: «L'Europe a plutôt vaincu ses monstres, l'esclavage a été aboli, le colonialisme abandonné, le fascisme défait, le communisme mis à genoux par KO. Quel continent peut afficher un tel bilan?» Alors que nous avons conscience de nos vices passés, pratiquant l'autocritique au point d' «exhiber nos plaies en public», le reste du monde demeure dans l'archaïsme de la recherche du bouc émissaire: le juif, l'Amérique, le Blanc.
L'anticolonialisme nous a conduits au culte de la différence tolérée alors que l'on doit plutôt «exiger la recherche de la ressemblance».
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L’alternative est posée : ressasser de stériles appels à la prudence, à un moment de basculement historique décisif, ou larguer les amarres humanistes pour entrer dans le monde des mutants surhumains ou post-humains (par auto-amélioration, dopages, création d’êtres hybrides, etc.). Michaud reconnaît de ce fait, sans vraiment trancher, que la Mutation représente une des voies pour sortir du nihilisme conservateur.
Il faut nous résigner, ou du moins nous attendre, à ce que l'homme modifie le génome humain, à vivre dans une société ou l'humanité sera un produit, non un fait de nature. D'ailleurs n'en a-t-il pas toujours été ainsi même par d'autres voies que le génie génétique? N'est-ce pas, entre autre, ce qu'on appelait la culture, et l'éducation? L'homme a toujours été jardinier de lui-même. Cela ne s'oppose en rien à la morale, c'est même le contraire.
L’hominisation s’est accompagnée de la constitution d’une « serre », d’un « utérus » artificiel, d’une « couveuse » protégeant les hommes de la pression de la sélection naturelle. Ce processus se met en place avec les troupeaux et les hordes d’animaux, protégeant les petits et les plus faibles d’une sélection impitoyable. Dès lors, l’évolution humaine n’est plus, aux yeux du philosophe, strictement darwinienne, mais « insularisée ». Autrement dit, l’évolution n’est plus une adaptation.
Plus le corps s’humanise, plus la relation au monde s’intellectualise, et moins les lois biologiques sont seules déterminantes.
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