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dimanche 28 février 2010

Kant et Rousseau - Luc Ferry

L'homme est homme car il a une histoire.
L'animal agit d'après ses propres instincts, ses propres nécessités. Pendant un siècle, une fourmilière ne changera pas d'organisation. Une société humaine, en revanche, changera du tout au tout.

L'homme est libre justement en ce qu'il échappe à cette détermination "animale" des fins par ses instincts.
Sartre rejoint Rousseau lorsqu'il parle de Mauvaise foi. La mauvaise foi s'utilise par les déterministes pour faire de l'homme un animal ; qui serait déterminé par son milieu dès la naissance. Il nie sa liberté et sa condition d'homme.

Tout le système "moral" (donc pratique) kantien se comprend par rapport à l'anthropologie de Rousseau. Anthropologie en tant que définition de l'homme. L'homme peut sortir des sentiers instinctifs (par la survie qui ne viendrait pas à l'idée des animaux) et se libérer peu à peu de la nature. La liberté se fait contre l'état instinctif et naturel de l'homme.

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Chez Kant, la valeurs des hommes vient non pas de leur caractère vertueux comme chez les grecs (pour qui il s'agira de cultiver sa nature vertueuse aristocratique), mais bien de leurs actions - quel que soit les capacités de l'homme. Ce qui donne une place importante au travail chez Kant.
Il y a une égalité radicale chez Kant qui nous fait sortir de l'aristocratisme des grecs. Chaque homme peut être bon si il fait des actions morales.
D'où la réhabilitation du travail, déjà chez les chrétiens puis chez Kant. Le travail est une occasion de faire fructifier les dons de Dieu chez les chrétiens. Chez Kant, on travaille pour se libérer de la nature instinctive "animale" de l'homme.

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La morale chrétienne dit qu'il faut faire des actions bonnes car Dieu nous regarde. C'est en conséquence, des actions intéressées que Kant réfute.

Pour Leibniz et le déterminisme (biologie, psychanalyse, sociologie) il faut trouver une cause à chaque effet. Leibniz, la cause première (cause en soi) est Dieu ; il évite ainsi la régression à l'infini des sceptiques grecques.
Pour Kant, il faut postuler la liberté - tout aussi arbitraire que le déterminisme en fait - pour que l'action morale ait un sens.