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jeudi 28 février 2013

Films février 2013


This Is 40 - Apatow
One of the best Apatow's ever. It's serious, dramatic. People argue, they're sad, they're making mistakes, huge ones. But it's sweet and adorable in the same time. I particularly like the characters of the two girls.

The Football Factory - 
Didn't even finish it. Good british accent though.

Ceux qui restent  - 
Starring Emmanuelle Devos and Vincent Lindon. Tiny french movie without any budget, few actors etc. The end is impressive and brutal : the woman is finally having her husband back (from a cancer) whereas the man becomes a widower after his wife's death. And tragically enough, the woman seems to be depressed and suffocating, when the man seems to be "free" and himself for the first time. Absolutely insane and beyond any moral code. Some weaknesses though: the family-scene isn't interesting ; the character of the step-daughter is entirely cliché.

Drive - 
A master piece. The hero goes around the supermarket in the same way as he tries to escape from the police - his attractive neighbor being the 'equivalent' of the policemen.

Camille redouble - Lvovsky
This is exactly what one could expect from a french contemporary auteur-style movie: a constant will to look for the esthetic of the past. Sort of a proustian quest for the memories to improve ourselves. I hate the character of Jean Pierre Léaud who doesn't succeed to play the 'old crazy wizard'. Podalydès is interesting, a pathetic looser in the fantasy of the future, of an 'apparition'. Otherwise, the youth isn't capture at all. The two parents are awesome in their stupidity and naïvety. A very good first scene of bust-up in the beginning.

21 Jump Street
An american teenage movie. Two cops infiltrate an high school. The new fashion has changed and the old nerd is now more popular than the stupid sporty guy. In the spirit of 'Superbad' even though less original.

Le prénom -
French comedy dealing with classics topics: clichés about right/left, teachers/estate agent, the gay who's actually in a couple with the old mother etc.

Astérix et Obélix Au Service de Sa Majesté
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De rouille et d'os - Audiard
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Sur mes lèvres - Audiard
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Les infidèles - Dujardin
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Un air de famille - Klapish
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dimanche 24 février 2013

Rilke, 'Lettres à un jeune poète'


Lettres à un jeune poète, Rainer Rilke.

Si tout ce qui est proche vous semble loin, c'est que cet espace touche les étoiles, qu'il est déjà très étendu. Personne ne peut vous suivre dans votre marche en avant. Soyez bon envers ceux qui restent en arrière, sûr de vous et tranquille en face d'eux. Ne les tourmentez pas avec vos doutes. Ne les effrayez pas par votre foi, par votre enthousiasme : ils ne pourraient comprendre.
Aimer en eux la vie sous une forme étrangère. Ne leur demandez pas conseil. Renoncez à être compris d'eux.

Le premier amour ne survit sif rot et si puissant dans votre souvenir que parce qu'il a été pour vous la premièr occasion d'être seul au plus profond de vous même, le premier effort intérieur que vous ayez tenté dans votre vie.

Si nous construisons notre vie sur ce principe qu'il nous faut aller toujours au plus difficile, alors tout ce qui nous paraît encore étranger nous deviendra familier.

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Sur la vie créatrice, de Bernard Grasset.

C'est un grand signe d'infortune que de sen sentir uniquement né pour faire. Faire, en ce sens, s'oppose à jouir. Un homme parfaitement heureux, ne créerait pas. 

Il est deux sortes de créateurs : ceux qui créent dans l'abondance et dans la joie. Ceux qui ressentent si durement la contrainte de créer qu'ils seraient portés davantage à parler du poids de l'inspiration qu'à s'abandonner à la leur.

Rilke : "Etre artiste, c'est croître comme l'arbre qui ne presse pas sa sève, qui récite, confiant, aux grands vents du printemps, sans craindre que l'été puisse ne pas venir."

Eprouvant toute vie comme la sienne, Rilke prête naturellement une âme à tout ce qui vit.

Sans doute se sentait-il récompensé dans chaque rencontre par la dépense qu'elle lui permettait. Si le besoin de donner est à la base de toute création, le créateur n'en ramène pas moins tout à soi-même.

samedi 23 février 2013

Benjamin, 'L'Œuvre d'art...'



L'oeuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique

Une statue de Venus est un culte chez les Grecs, est une idole maléfique au Moyen Age. Dans les deux cas, elle se présente de la même façon : "c'est son unicité, en d'autres termes : son aura".

Chez les Grecs, en raison de la technique, les oeuvres d'art prétendent à l'éternité. Notre situation est à l'exacte opposée.
Le film est l'oeuvre d'art la plus perfectible qui soit. Et sa perfectibilité va de paire avec son renoncement radical à l'éternité. L'art grec, tributaire de la production de valeurs éternelles, est un des arts les moins susceptibles d'être perfectionné. Une sculpture se créée, littéralement, d'un seul bloc.

Avec le développement exponentiel de la presse, et le 'courrier des lecteurs' s'est développée l'idée que pas un seul européen ne puisse publier une expérience professionnelle, une plainte, un reportage etc. Par là, la distinction entre l'auteur et son public est sur le point de perdre son caractère fondamental.

Le guérisseur et le chirurgien agissent respectivement comme le peintre et le cameraman :. Le peintre observe une distance naturelle par rapport à une réalité donnée ; le cameraman au contraire pénètre profondément dans le tissu du réel. L'image du peintre est un tout. Celle du cameraman une myriade de parties diverses assemblées selon une loi nouvelle.

Sloterdijk, 'Repenser l'impôt'


Repenser l'impôt.


L'Etat paternaliste de jadis et l'Etat matérialiste d'aujourd'hui se complètent pour former une irrésistible machine de tutelle et d'assistance.
Dès que l'on parle d'impôt, on part presque toujours aujourd'hui du besoin qu'en a l'Etat et l'on fait l'hypothèse dogmatique qu'il jouit d'une légitimité dans son rôle de preneur.

Dans 'Les deux corps du roi' : le fisc se prolonge après la mort du roi, la continuité de la fonction royale a un fondement dans la chose même.

Les exilés fiscaux demandent : au nom de quel contrat commercial ils "doivent" des sommes à la collectivité nationale.

Il n'existe pas de théorie valide de la justification des impôts, il n'existe que des chars d'économie financière et de droit fiscal, qui sont au fisc ce que les théologiens sont à la Trinité.

La réalité n'est-elle pas qu'about du compte, seule la peur nous attache les uns aux autres ?
La classe moyenne qui donne constitue aujourd'hui le noyau du principe du collectif.
Pour les auteurs d'extrême-gauche,  donnent volontairement et donner peu sont synonymes.

Avec la mondialisation les hommes se rendent compte que la Terre est une sphère, or sur une sphère, tous les poins peuvent être atteints depuis tous les autres.

On en devrait introduire le mot d'intérêt personnel qu'après avoir inculqué l'idée fondamentale de Nieztsche : l'égoïsme n'est souvent que le pseudonyme moral de nos meilleures énergies. La faculté qu'ont les hommes de s'insurger contre la activité et le fatalisme.

Nous préférons béatifier les pauvres que les millionnaires.

Après le 11 septembre, on peut reconstruire des tours facilement. Mais ce qui fut détruit ce fut la plastique narcissique collective. Difficilement composée, elle renaît par l'hystérie.

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CAPITALISME ET CLEPTOCRATIE. 
Le secret de la société bourgeoise tient dans la sanctification, pratiquée après coup, de la l'initiative violente. Ce qui commence comme une occupation est scellé par l'inscription au cadastre. L'arbitraire d'abord, ensuite sa reconnaissance juridique.
Au fond de l'irrespect révolutionnaire, on trouve la conviction que la présence antérieure des actuels propriétaires "légaux" ne signifie rien au bout du compte. Il n'y a qu'un pas de l'irrespect à l'expropriation. Toutes les avant gardes proclament qu'il faut reprendre de zéro la répartition du monde.
Après Rousseau, toute pensée économique devra prendre la forme d'une théorie générale du vol. D'où l'idée : le vol originel du petit nombre n'est compensé que par le contre-vol du grand nombre.
Des Etats modernes, dont l'infrastructure est entièrement achevée, réclament chaque année la moitié de tous les résultats économiques de leurs classes productives au profit du fisc sans aucune réaction. C'est le résultat d'un dressage politique  plus important qu'au temps de l'absolutisme. Cela ne s'explique que par les sentiments de culpabilité que notre culture morale tente d'insuffler à tous ceux qui ne sont pas pauvres. (p. 183).
Les improductifs vivent indirectement aux dépens des productifs d'une manière équivoque, de sorte qu'on leur dise et qu'ils le croient qu'on est injuste à leur égard et qu'on leur doit toujours plus.
Le pillage du futur par le présent. La main qui prend se sert de la vie des prochaines générations.

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Seuls les petits partis profitent de cette situation où les anciennes couleurs perdent leur valeur. Ils attirent le reste de l'ancienne libido politique. Parce qu'ils peuvent éviter l'effet de zone grise et aller présenter une thèse identifiable.

Aux USA, il y a une compétition dans le don philanthropique.
Rengaine de gauche : si ils ont quelque chose à donner, c'est qu'ils ont commencé par voler.
Sloterdijk, à propos des impôts qu'il doit : "Je ne considère pas que j'accumule chaque année des dettes considérables envers la société et que je dois les effacer pour ne pas encourir une peine." Comme si les personnes compétentes étaient punissables.

Dans l'histoire, les hommes ont intégré trois systèmes immunitaires : le rituel (intègre la mort), le droit (intègre les injustices), le système de défense biologique (intègre la maladie). Tous ces systèmes d'immunités (symboliques, politiques) crées par l'homme, très prévoyant.

A l'idée qu'un revenu de base universel pourrait libérer les talents, Sloterdijk répond : "Soyons réalistes : la créativité moderne est un effet secondaire de la volonté d'ascension et du stresse des intérêts de la dette."

vendredi 22 février 2013

L'exploitation chez H. Hoppe


Ce qui cloche, par conséquent, dans la théorie marxiste de l'exploitation est que celle- ci ne reconnaît pas le phénomène de la préférence temporelle comme catégorie universelle de l'action humaine7. Que le travailleur ne reçoive pas la "valeur totale" de son travail n'a rien à voir avec de l'exploitation mais reflète seulement le fait qu'il est im- possible à un homme d'échanger des biens futurs contre des biens présents sans payer un escompte. Contrairement à la situation de l'esclave et du maître où le second exploite le premier, la relation entre le travailleur libre et le capitaliste est avantageuse pour les deux parties. Le travailleur entre dans l'accord parce que, étant donnée sa préférence temporelle, il préfère moins de biens tout de suite à davantage plus tard ; et le capitaliste le fait parce que, étant donnée sa préférence temporelle, il a un ordre de préférences in- verse, qui place un plus grand volume de biens futurs au-dessus d'un plus petit maintenant. Leurs intérêts ne sont pas antagonistes mais harmonieux.



http://www.hanshoppe.com/wp-content/uploads/publications/Classe.pdf

jeudi 21 février 2013

Becker on Foucault


That is very important in Foucault’s game, because you can see in the text that what Foucault is searching for is a theory, a non-moral theory, and a non-juridical theory. The challenge is to be free from morality and from the law. And he finds, I think, the solution in the writings of the economists. That is a celebration of the economists’ work, of your work. You propose a theory of man, a vision of man, that is non- moral and non-juridical. And that is, for him at this time, in this project naturally, very important.

And to make economics not only a theory, not only an observation or an analysis of wealth, but to make the shift from wealth to human behavior—the shift from wealth to value—and to make economics a science of evaluation. How do people make evaluations? That is a question of value. Naturally, value is close to wealth, but value is more complex.

What is very interesting for him in this respect is to conduct an analysis of law, in respect of the enforcement of law, that implies that there are only power relationships. And the relation between the agent and the power is only a fight—a calculus—absolutely free of moral questions or juridical ques- tions.

IS HUMAN CAPITAL A FICTION?

I think that is very important because, for Foucault, the man you produce by the economic analysis is not real. He is a fiction. This fiction is interesting. This fiction created new pos- sibilities. This kind of fiction could be dangerous, but it could also be interesting. But it is a fiction.
Foucault could read in your work how the agent, in the economy, is always deciding, making decisions. And for Foucault, with his theory of power, it was very difficult to think how the subject decides: he is decided by power relations.
Foucault’s vision of power relationships and the vision of the decision in your the- ory could have been very fruitful.

-> I think human capital has been a great fiction. It’s not been an unchanging fiction, the fiction has changed over time, but it’s been a great fiction. I’m proud of it. [Laughter]. But yes, it is a fiction. Nobody would deny it’s a fiction. But you have to say, is it a useful fiction?
http://criticalinquiry.uchicago.edu/uploads/pdf/BeckerEwaldFoucault.pdf

dimanche 17 février 2013

Deleuze, 'Proust et les signes'


Proust et les signes



Apprendre, c'est d'abord considérer une matière, un objet, un être comme s'ils émettaient des signes à déchiffrer, à interpréter. Il n'y a pas d'apprenti qui ne soit l'égyptologue de quelque chose. Un homme peut être habile à déchiffrer les signes d'un domaine mais rester idiot dans tout autre cas : ainsi Cottard, grand clinicien.

L'oeuvre de Proust est fondée sur l'apprentissage des signes, non sur l'exposition de la mémoire.

Le signe mondain apparaît comme ayant remplacé une action ou une pensée. Il tient lieu d'action.

La vérité n'est jamais le produit d'une bonne volonté préalable, mais le résultat d'une violence dans la pensée. A l'idée philosophique de méthode, Proust oppose la double idée de contrainte et de hasard. La vérité dépend d'une rencontre avec quelque chose qui nous force à penser, et à chercher le vrai.

C'est que le temps perdu n'est pas seulement le temps qui passe, altérant les êtres et anéantissant ce qui fut ; c'est aussi le temps qu'on perd (pourquoi faut)il perdre son temps, être mondain, être amoureux, plutôt que de travailler et de faire oeuvre d'art ?). Et le temps retrouvé, c'est un temps qu'on retrouve au sein du temps perdu.

Il y a des signes qui nous forcent à penser le temps perdu, c'est à dire le passage du temps, l'anéantissement de ce qui fut, l'altération des êtres.

"La femme médiocre qu'on s'étonnait de les voir aimer, leur enrichit l'univers bien plus que n'eût fait une femme intelligente". Il existe une ivresse que donnantes natures rudimentaires parce qu'elles sont riches en signes. Avec la femme médiocre aimée, nous retournons aux origines de l'humanité, c'est à dire aux moments où les signes l'emportaient sur le contenu explicite. Cette femme ne nous communique rien, mais ne cesse de produire des signes qu'il faut déchiffrer.

On ne sait jamais comment quelqu'un apprend ; mais, de quelque manière qu'il apprenne, c'est toujours par l'intermédiaire de signes, en perdant son temps, et non par l'assimilation de contenus objectifs.

"Je ne fus pas moins frappé de penser que les chefs-d'oeuvre peut être les plus extraordinaires de notre époque sont sortis, non du concours général, d'une éducation modèle, mais de la fréquentation des pesages et des grands bars".

"L'impression est pour l'écrivain ce qu'est l'expérimentation pou rle savant, avec cette différence que chez le savant le travail de l'intelligence précède et chez l'écrivain vient après".

Nous faisons déjà l'apprentissage des signes quand nous pensions perdre notre temps. Nous nous percevons que notre vie paresseuse ne faisait qu'un avec notre oeuvre : "Toute ma vie… une vocation".

Un amour médiocre vaut mieux qu'une grande amitié parce que l'amour est riche en signes, et se nourrit d'interprétation silencieuse. Une oeuvre d'art vaut mieux qu'un ouvrage philosophique car ce qui est enveloppé dans le signe est plus profond que toutes les significations explicites. Il y a "ce qui donne à penser".

Charlus est compliqué. Son génie est de retenir toutes les âmes qui le composent à l'état compliqué : c'est par là que Charlus a toujours la fraîcheur d'un commencement de monde, et ne cesse d'émettre des signes primordiaux. 

La vérité ne se livre pas, elle se trahit. Elle ne se communique pas, elle s'interprète, elle n'est pas voulue, elle est involontaire. Plus important que la pensée, il y a ce qui donne à penser. des expressions qui nous forcent à penser.

Il faut être doué pour les signes, s'ouvrir à leur rencontre, s'ouvrir à leu violence. L'intelligence vient toujours après. 

Hirschman, 'Les passions et les intérêts'


Les passions et les intérêts


"Supposer que les foules puissent agir à l'encontre de leurs propres intérêts, c'est supprimer toute sûreté dans les affaires humaines".
Le même raisonnement permettra à James Stueart de soutenir que chez le particulier, une conduite dictée par l'intérêt personnel est préférable non seulement au règne des passions mais même à un comportement vertueux. "Si les miracles se renouvelaient tous les jours, les lois de la nature cesseraient d'être des lois, et si chacun, négligeant son propre intérêt n'agissait plus que par esprit public, l'administrateur s'y perdrait. Si un peuple devenait totalement désintéressé, il serait impossible de le gouverner".

On reconnaissait dans la propriété une force impétueuse, illimitée. Et Proudhon lui assigne ainsi le rôle de pouvoir compensateur face à la puissance non moins terrifiante de l'Etat.

L'origine du capitalisme et ce qu'on lui demandait, c'était précisément de réprimer certaines impulsions et tendances. De façonner une personnalité humaine moins luxuriante, moins imprévisible et plus unidimensionnelle. C'était "l'inoffensive avarice". On demandait au capitalisme d'accomplir ce qui sera vu comme le pire de ses méfaits.
La critique romantique critique l'absence de passion, l'ordre bourgeois a perdu toute noblesse, tout mystère. Depuis l'attraction passionnée de Fourier, à l'aliénation de Marx, au refoulement freudien comme prix nécessaire du progrès du désenchantement wébérien.  Or ces passions étaient considérées comme de lourdes menaces.

Castel, 'Histoire des contraintes...'


Obsessions et contraintes intérieures

TOME I.

L'histoire des obsessions, c'est d'abord une lente convergence de deux motifs : la doctrine augustinienne du conflit inexpiable de la volonté et du désir (comprenant la transmission héréditaire du péché originel) et la métamorphose des pensées qui perturbent l'ascète en péchés par intention.

Culture de la culpabilité au Moyen Age : le mauvais oeil. Culture de la persécution : quand un mal survient, c'est toujours et par principe du dehors. C'est un mal qui m'a été voulu par un agent externe mauvais. L'extériorité du Mal organise le monde prémoderne. La civilisation lui a substitué la suspicion tournée vers soi : n'es tu pas responsable de ce qui arrive ? pose le moderne.

Les institutions se fondent différemment selon que les malheurs de chacun arrivent : par hasard, par nos propres fautes ou par la volonté méchante d'un autre. Protection et répartition sont différentes. Triomphe moderne de la conscience et déclin des procès en sorcellerie. Les relations inter-individuelles comptent pour savoir ce qu'on demande des institutions.

Le mauvais oeil, la volonté de trouver des responsables à toutes choses, c'est finalement une hyper rationalisation. Le mal va s'intérioriser : de la sorcellerie à la personne "possédée par le mal".

La pensée magique : penser le mal, c'est déjà le faire.

La Foi ? C'est espérer l'impossible. Ou, ne pas juger que l'impossible excède la puissance de Dieu.
Personne ne peut penser sans finir par penser à mal.

Quand on parle de self-control, on doit ainsi contraster l'ambition américaine (du self-reliance d'Emerson au self-achievement) de libération de soi et l'exigence britannique de domination de soi (moyen de distinction dans une société soucieuse de maintenir intacte sa stratification sociale).
L'Allemagne bismarckienne n'a jamais connu l'ivresse de l'expansion matérialiste sinon sous la forme du militarisme. Le matérialisme y fut toujours implicitement condamnée, en même temps que l'individualisme anglo-saxon et le cule de l'argent. L'éducation "romantique" à la Bildung humboldtienne s'oppose à l'éducation technique et résolument hostile aux humanités que dispensaient les universités. 

Pour Janet, les obsessions sont des déficits. Indicateurs négatifs de l'état normal du rapport à soi. Alors que l'obsédé freudien est un être énergique. Il refoule une pulsionnalité dont la face de perversité l'angoisse. 

La psychasthénie de Janet : Le sentiment d'incomplétude. Le sujet ne parvient pas à se rendre présent le réel auquel il se confronte, ni le réel pratique, social, ni sa propre réalité. Il est voué au sentiment de dédoublement du moi, tout en ayant conscience d'être double. "Mais est-ce bien moi qui suis ici ? Est-ce bien moi qui marche ? Et alors je fais des efforts inouïs pour d'appliquer ma conscience à cette inconscience pour me rendre bien compte que je fais les mouvements de la marche. Je suis conscient que je suis inconscient."

Folie du doute ou délire du toucher. 

"Rééduquer à la fonction du réel" dit Janet. C'est plus exigeant de croire en soi que de croire en Dieu.


TOME II.

Malaise de devoir se civiliser toujours plus. Puis-je assez retenir mes pulsions ? Comment expier correctement mes débordements ? Comment faire pour ne pas trop me retenir ni me châtier tellement que je devienne incapable de participer à la vie collective.

De l'autonomie-aspiration à l'autonomie-condition. Le monde du self-government généralisé, les individus n'ont plus besoin d'institutions tierces qui les émancipent ou qui les feraient accéder à l'autonomie. Ils sont ces institutions pour eux-mêmes. Ils les ont intériorisées - ce qui signifie que leur intériorité change de nature. L'autocontrainte, magnifique conquête en même temps que supplice moral.

Le père interdit au fils ce qu'il se permet et rend désirable. La triade : scrupulosité éthique, amour forcé d'autrui, hygiène excessive.

Lacan et Balzac : le père lui-même n'arrive pas à s'égaler à sa fonction symbolique. L'Oedipe n'est plus l'instance normalisante que Freud croyait. Ce sont les pères humiliés, des hommes soumis à un ordre économique, au rabotage de leur autorité.

Une individualité confrontée au phénomène obsessionnel du mur invisible : une voter isole le sujet de l'objet, lui laissant le sentiment odieux qu'il ne touche plus les choses réelles et vivantes, que les choses se dérobent à lui. (les héros de La nausée, de L'étranger etc.)

Le malaise d'être suprêmement civilisé ? Les péchés du père, même légendaires, et parfois du groupe entier des ascendants, s'avèrent ainsi plus lourds à porter que ceux du sujet. 

Du Bien auquel on devait tendre spirituellement de tout son être, il est resté le bien être. Autrement dit l'être pleinement-soi.

Il ne sera plus évident que la société existera, même comme adversaire, même comme une chose s'opposant à cette autre chose qu'est l'individu. Le stade suprême du self-government ce serait vivre sans conscience de la société. Je suis à moi-même mon Autre - telle est la formule de l'autonomie-condition.

Il n'y a plus de différence substantielle entre moi, sur-moi et moi-idéal. D'où la "fin des coupables".