mardi 30 avril 2013

Films avril 2013


Monsieur Batignole - Jugnot
. **

Reservoir Dogs - Tarantino (1992)
. ***

Un prophète - Jacques Audiard
Awesome. ****

Truffaut, Une autobiographie
. **

Waiting -
.

Promised Land - Van Sant
. *

Hannah Arendt - 
. ***

Role Models -
. *

vendredi 5 avril 2013

Quine, Bachelard, Kuhn



Quine.


Expérience de pensée dans Word and Object : la traduction radicale (d'un linguiste dans une autre langue). Y a t-il une bonne traduction ? Un accès au monde tel qu'il est ?

Le mythe de la signification c'est la croyance en un noyau commun à toutes les langues. La thèse de Quine de l'indétermination de la traduction en est une critique.
L'indétermination de la traduction ne dit pas que la traduction est impossible, mais multiple. Tout traduction demeure interne à notre langue, c'est immanent. 

Il n'y a pas d'exil possible en dehors du schème conceptuel. Le schème conceptuel de Quine est une critique du sens commun (tout comme chez Kuhn). Le langage de la science est associé à une idéologie (concepts, théories) et à une ontologie (objet).

Quine et Duhem sur le système du monde mis en oeuvre par les scientifiques qui donnent une interprétation des faits. Mais pour une observation, correspond plusieurs théories. Plusieurs systèmes du monde empiriquement équivalent mais logiquement incompatibles (comme deux manuels de traduction).

Le holisme : plusieurs choix possibles dans la modification du schème conceptuel dans l'histoire des sciences.
La sous détermination : coexistence de plusieurs thèses rivales empiriquement équivalentes.

Le jugement analytique chez Kant : vrai indépendamment des faits. Puis, chez Frege : dont la vérité est indépendante de chose de fait, et dépendant de leur signification seule. Quine s'attaque à l'analytique comme "logiquement vrai". 

Naturalisation de l'analycité : tout homme se fonde sur l'apprentissage d'une langue, et d'énoncés qu'il tient pour évident, c'est la nature sociale de l'analycité.
N'importe quel énoncé peut être tenu comme analytique, car on apprend à tenir pour vrai certains énoncés. Différence de degré dans l'analycité, qui dépend de l'universalité sociale d'un énoncé appris comme vrai.

En théorie on peut remettre notre logique même en cause, en pratique Quine ne le fait pas (car il faut prendre notre science au sérieux, et qu'il est difficilement concevable de remette nos jugements analytiques en cause). Quine naturalise la logique : d'analytique elle devient un instrument.

Pour Quine et Duhem, c'est impossible de concevoir un fait sans conceptualisation. L'expérience est d'emblée conceptualisée. Aucun énoncé n'est à l'abris de la révision, ni n'est immédiatement réfutable (le cas du tiers-exclu qui passe d'analytique à synthétique avec la mécanique quantique).

Gradualisme dans l'évolution des sciences commun à Popper et à Quine. Révision minimale pour garder un système familier. Une théorie réfutée est néanmoins reconnaissable dit Popper. Kuhn défend Quine et l'incommensurabilité des paradigmes : nous devons examiner les paradigmes en compétition à partir du notre (et c'est possible de le faire).




Bachelard et l'épistémologie française.



Le style français se forge contre Descartes, qui dit a priori ce que devrait être la science sans se préoccuper de la science telle qu'elle est. Contre la tentative cartésienne ou kantienne de fonder la science une fois pour toute.

Bachelard contre Meyerson, qui défend le continuisme en histoire des sciences. Bachelard pense que ce n'est pas au philosophe de fixer la science de façon a priori. La science arrive avant la philosophie. La science se place dans son histoire.

Bachelard attaque la théorie de la connaissance, ou la théorie de la méthode. La méthode change selon les domaines, et selon les expériences nouvelles.
Contre la distinction du sujet et de l'objet : "l'objet est la perspective des idées" (Bachelard). Foucault est contre la théorie du sujet, car l'histoire investit le sujet dans sa méthode.

L'épistémologie doit puiser dans l'histoire des sciences pour y trouver des réponses sur la vérité et l'erreur. Bachelard est un historiographe de la vérité.
L'histoire des sciences doit être normative, elle doit juger les sciences du passé pour découvrir la vérité en construction.
L'histoire est une suite de discontinuité chez Bachelard (de ruptures épistémologiques) : contre le continuisme de Meyerson, Duhem ou Comte. Bachelard étudie les mathématiques, plus sujet aux ruptures que la biologie étudiée par Canguilhem. 

L'obstacle épistémologique est inhérent à l'esprit humain. La pensée prend forme en buttant contre un obstacle. 

(Aspect régional de l'épistémologie chez Canguilhem et de l'archéologie de Foucault : ils s'intéressent à des continents, des régions, des espaces épistémologiques).

A la recherche d'une historicité de la rationalité contingente à un espace/temps donné sans tomber pour autant dans l'irrationalisme.
Canguilhem : "Il n'y a pas de vérité philosophique, la valeur de la vérité ne convient qu'à la connaissance scientifique". La philosophie c'est le lieu de compétition entre les différentes valeurs (de la science, de l'art, de l'éthique).

Foucault et le relativisme. Rorty dit que Foucault subordonne la vérité au pouvoir. Qu'il n'y aurait pas de libération via la vérité, que ça ne serait que le remplacement d'un régime de pouvoir par un autre. Foucault reconnaît pourtant que les sciences ne sont pas toutes en rapport avec le politique : la médecine est plus scientifique que la psychiatrie.




Popper et Kuhn.


Popper, le premier voit la science comme une théorie de la croissance scientifique, et non comme une théorie de la justification des énoncés.

Processus logique d'avant Kuhn : théorie -> hypothèse -> prédiction -> réfutation -> nouvelle hypothèse. Chez Popper, la science est cumulative, avec des relations logiques entre les étapes (tout comme chez Quine, il y a du reconnaissable qui reste).
Processus historique de Kuhn : science normale -> crise -> révolution -> nouvelle science normale. Chez Kuhn il n'y a aucune commune mesure entre la nouvelle science normale et celle qui précède la révolution.

L'incommensurabilité chez Kuhn : c'est la difficulté d'accès à la "science antérieure", à ses concepts, à ses termes centraux, à ses objets. La façon de voir le monde (Gestlatwitch) est différente entre les différentes étapes de la science, entre la science antérieure et la science normale.

Argument holiste chez Duhem puis Kuhn : l'avènement d'une nouvelle théorie équivaut à un changement dans l'usage et la signification des mots, et la traduction des lois précédemment admis dans ce nouveau langage. Les faits, les significations des termes et le monde vu dans une nouvelle théorie est un monde différent. Dépendance de l'expérience à l'égard de la théorie démythifie les procédés de la réfutation (Popper) et de l'expérience cruciale. 

Kuhn met en cause le statut même de la méthodologie : l'épistémologie n'est pas une discipline normative qui nous dit comment fonctionne la science en général. Ce fonctionnement est lui même interne au paradigme, et il y a un primat des paradigmes sur les règles.

Kuhn et Quine (incommensurabilité et indétermination de la traduction). Pour Kuhn l'accès à la science du passé n'est pas un travail de traduction, mais d'apprentissage et d'expérience.
Il faut rompre avec l'ancienne vision du passé des sciences disent Kuhn et Feyerabend : rompre avec l'épistémologie qui conçoit les théories du passé comme erreurs, et l'histoire comme succession de réfutations et de corrections, même provisoires.

Lakatos diverge de Kuhn (vision descriptive de la science) et s'intéresse à la croissance de la science : il veut reconstruire et rationaliser le processus scientifique. C'est une épistémologie normative qui sélectionne a posteriori les bons programmes et ceux en dégénérescence.