dimanche 31 août 2014

Août 2014


L'été en famille. Drôle d'impression. On ne sait jamais. La seule chose nous rapprochant de ces gens, c'est le temps. L'absence d'inhibition par rapport à eux, c'est le temps passé et à venir. Pourquoi se sentir mal à l'aise lorsqu'on travaille sur plusieurs dizaines d'années. Pourquoi en vouloir à des gens pareil ? Ils nous ont vu grandir. Ils nous ont bercé. Ils peuvent recomposer une chaîne de causalité nous concernant qui, si elle est fausse, n'en a pas moins une certaine valeur, une épaisseur en tout cas. Épaisseur des expériences vécues. Toujours pouvoir rappeler le passé. Je passe mes journées à rappeler le temps passé comme pour faire réaliser aux anciens que moi, je le sais, je suis conscient du quart de siècle qui s'est écoulé si rapidement. Une minute seulement aux yeux de l'humanité. Et quoi les téléphones portables, l'Internet. Toujours ils veulent se défendre. Trop vieux pour tout balancer. Tout remettre en cause et avouer leur grotesque.

Au bar de Rodez. Une absence de vouloir vivre. Comment croire qu'on puisse changer le monde d'ici. Et pourtant, n'est pas notre rêve depuis la terre de Vulaines. Nous faux banlieusards à l'esprit tordu. De Paris à Vulaines, enfants, nous avions du mal à réaliser que nous franchissions plus qu'un périphérique. Que nous allions d'un siècle l'autre.

L'enfance puis notre formation fut celle du : ne jamais rien prendre comme donné. Ni le logos, ni les hiérarchies.

Si l'avant gardiste est une certaine ferveur transcendée par l'art vis à vis de la disruption à venir, alors les transhumanistes sont les prochains. 

Horreur des Perpendiculaires. Leur vacuité et leurs jeux me dépriment. Il n'est pas temps de s'amuser avant d'avoir vu les choSes. Et ce n'est pas l'inverse. Jamais. Jamais ce n'est : découvrir et percevoir par l'expérience et la fête. Toujours dans l'autre sens. Découvrir d'abord de façon scientifique, protocolaire. Puis seulement ensuite accepter une certaine relativisation, un goût du détachement et de l'illogisme presque pour approfondir une vision première. Il ne faut pas confondre. 

     /// Juillet 014 ///
Comprendre qu’une femme ne puisse pas être sauvée. J’ai voulu, moi aussi, sauver ma soeur, mais je m’aperçois qu’elle est comme ma mère. Or je ne m’obstine pas à changer ma mère, car j’en connais ses limites. Ma soeur n’a donc aucune vocation à être sauvée, et peut être est-ce dans l’ordre des choses. En arrêtant aujourd’hui ma quête, et pour me consoler, je devrais me satisfaire de m’être confronté à la brutalité du QI. Pourquoi s’obstiner à sauver un être de sa pente naturelle, puisqu’en le deviant artificiellement par trop de bousculades et de violence, je risquerais d’en altérer la volonté de chuter à son rythme. Or qu’est-ce que la dépression si ce n’est l’inclinaison malheureuse d’un être dans une direction qui ne lui était pas premièrement destinée. Plus je violente ma soeur en la traitant comme l’être libre qu’elle n’est pas, plus je risque de contrarier son plan de vie, et je me perds en martelant trop fort la pente qu’elle fut censée suivre, si bien qu’elle m’en voudra un jour d’avoir rendu sa traversée bien pénible, pleine de fossés et de monticules qu’il m’eut fallu savoir inadéquats à son tempérament.