mardi 26 septembre 2017

Chronique XVIII

Le prix du succès (2017, scènes intéressantes avec un rappeur et d’autres, qui se sont aussi sortis de la merde). Petit paysan (2017, mélange de comique et de drame très bien fait). Patty Cake (2017, belle légèreté et un montage ébouriffant). Barbara (2017, sans intérêt). Le redoutable (2017, comédie réussie, la fin flanche un peu). Ghost Dog (intéressant, mais si peu intense en idées, en propositions…)



Le pragmatiste ne s’intéresse pas à la « nature du vrai » mais aux attitudes que les gens prennent en déclarant un énoncé vrai.

Finalement, le surréalisme vient après Dada, qui vient à son tour après le futurisme—le message se dégrade à chaque fois. Le surréalisme est accusé par certains de détruire l’héritage Dada et de « marchandiser » l’art à nouveau, en dépit des prouesses formelles qui cachent l’art = marchandise plus qu’autre chose.

Rorty voit le « progrès » comme un progrès de l’imagination, plus que du Bien, du Juste, etc. C’est l’aptitude qui consiste à décrire le familier dans des termes non-familiers qui l’intéresse. Rendre le futur plus « riche » que son passé.

Le lyrisme (intériorité pure de l’adolescent, enfermé dans sa libido, à soi-même une trop grande énigme pour s’intéresser à d’autres énigmes) n’est pas une forme de connaissance, contrairement au donjuanisme (ouvrir le monde au scalpel). Le libertin, comme « le roman », est dans une non-adhésion radicale ; quand le lyrique est encore aveuglé par les grandes mythes de l’amour, la fidélité, l’extase, la vraie passion…
Dans la sexualité, dans les manifestations, Kundera montre deux attitudes : ceux qui parviennent à se perdre dans le monde, et ceux qui restent toujours distants. (Quand elle voit une manifestation, elle dit que le plus grand mal est de chanter à l’unisson, y compris lorsque c’est pour accuser un régime totalitaire ; car celui-ci fonctionne aussi en faisant chanter les hommes à l’unisson.)
L’extase (donc la jouissance) est une annulation momentanée de l’individu. (On pourrait dire : Heidegger qui vise la quête de l’être plus que de l’étant veut nous faire revenir à l’état de l’extase, quand _tous les hommes se ressemblent_ justement.) Ce moment d’extase n’est pas chez Kundera un moment de sens unique, mais l’approche du nihilisme, d’où son scepticisme à l’égard du romantisme, voir du mensonge poétique, du délire poétique, qui veut en fait annihiler la pensée. En cela, parler d’individualisme quand on s’amuse à sortir faire la fête et écouter de la musique, e.g quand les individus se transforment en un seul corps collectif à la recherche de l’effusion, de l’identification… Le bonheur implique identité et différence, surtout pas la perte de l’identification de soi à soi que provoquent ces moments de communion des foules.
Le kitsch abolit l’idée que pourrait survenir de l’insolite.

« Bientôt, peut-être reconnaîtra-t-on les homosexuels à ce signe : – Non mais tu sais, lui, il est... enfin... tu vois, quoi... il lit Proust, il a une moustache, il va au Queen... il... il est... marié. » Beigbeder, à propos d’un livre de Duteurtre.

Au fond, l’ironie de Duteurtre est certes plus « visible » que celle de Houellebecq, mais, étrangement, elle me paraît moins radicale. À la lecture _Voyage en France_, qui me donne un certain bonheur, je sens qu’il « manque quelque chose » par rapport à MH. Déjà, la densité historique, le fait d’insérer des purs essais—car Duteurtre si essaie mais cela s’apparente à un carnet de voyage sur le rapport USA/France les fois où il « théorise ». Le reste du temps, c’est une description ironique de personnages, notamment des pseudo-artistes, ou des simili-nostalgiques des années 1900 ; mais cela n’arrive pas à percer quoi que ce soit. Comme si, c’est dur à dire, mais cela sonnait creux d’en-dessous. Le malaise en tant que lecteur est absent, par rapport à MH bien sûr, ou même par rapport à la scène incroyable de viol dans _Travelingue._ Peut-être ma gêne vient-elle simplement du fait c’est du Muray/Camus un peu déguisé, et disons « retranscrit en fiction » ?
Je ne sens pas chez Duteurtre ou Aymé la « confession de faiblesse » qu’il y a chez MH, ou même chez Perec. (Tant dans _L’homme_ que dans _Les choses_ : on sent une compassion de l’auteur pour des personnages tristes, ratés, très fortement honteux d’eux-mêmes, de leurs rêves, de leur ambition déçue.)
Duteurtre reste d’aplomb, il n’arrive pas à participer à la grande destruction des clichés. Il ne se diminue pas comme narrateur. Le lecteur sent trop la distance entre l’auteur et le narrateur, Duteurtre lui-même ne s’avoue pas vaincu. Disons qu’il le fait un peu, avec le personnage du quadragénaire et de son amante collante, mais comme cela paraît palot face à du MH ! Les héros de Kundera se confessent de trop, eux-aussi, ils apparaissent dans leurs contradictions, et se ridiculisent autant que les autres personnages. Kundera, comme Flaubert, s’amuse avec eux, il les piège. Les personnages participent de la dénonciation de clichés par l’auteur.
Duteurtre ne conçoit pas ses romans comme des aveux de faiblesse. Et paradoxalement, il n’y pas tant de négativité que chez MH—qui cède pourtant à l’histoire d’amour à l’eau de rose, ou fait intervenir des personnages pathétiques. Duteurtre refuse le pathos, et pour cela ses romans perdent paradoxalement en légèreté—car ils manquent de contraste entre la légèreté et l’artillerie lourde du lyrisme, qu’il ne traite pas, et dont il ne peut donc se moquer à l’intérieur de ses romans, puisqu’il les supprime de ses romans, de ses mondes… Il refuse tant le lyrisme qu’il le supprime de ses romans, quand MH parvient à placer du lyrisme pour le subvertir à l’intérieur même du récit : MH accepte cette part du monde, l’utilise, et la pousse à bout. Duteurtre la supprime de ses romans, peignant un monde à moitié réel, le lecteur a l’impression d’une arnaque sur la marchandise (« mais ce n’est pas ma vie qu’il décrit là ! ») ou, disons de discours utopique, véritablement anti-existentialiste.
On aimerait que le monde ressemble aux romans de Duteurtre, seulement ce n’est pas le cas : nous sommes—malgré nous—plongé dans un univers à la MH ou Kundera, plein de lyrisme, de sérieux, engoncé et ridicule dans notre sens du tragique. Car c’est aussi cela qu’il faut dénoncer : les sages eux-mêmes ne parviennent pas à s’en sortir, que l’exil lui-même est interdit, ou tout au moins dramatique. cf. Agnès dans _L’immortalité_ ou Michel dans _Extension_ et _Plateforme._ Bref, il faut embrasser l’ironie et le drame pour éviter de tomber dans la simple satire sociale, cf. Duteurtre, Aymé, etc. (Il ne faut avoir aucun jugement critique vis-à-vis de ses personnages, même de ceux qu’on déteste, et dont on désapprouve les actions et les pensées.)

Le cinéma apprend à gérer sa névrose, à préférer la vie plutôt que la mort, très littéralement. Desplechin nous dit : nous autres les névrosés, nous autres qui sommes presque des vieux-garçons, qui sommes à la tangente permanente, nous parviendrons à nous réconcilier avec le monde, avec nos amis, nos familles, nos aimées…
Le roman, de son côté, est un moyen d’utiliser son intelligence—de ne pas prendre sa non-adhésion au monde comme une malédiction, mais à l’embrasser, à la travailler, à la raffiner au point de faire la liste de tous les clichés, des « a priori », de son époque (seule tâche, petite mais noble, dévolues aux bons romanciers) ; e.g tout ce que son époque « ne pense pas » justement, tout ce qui passe à la trappe de la réflexion, de la remise-en-cause (on pourrait oser dire « du débat »).

Chez Kundera, le libertin et l’exilé sont les deux faces d’une même figure. (Tomas, le quarantenaire, etc.) On est d’abord l’un, puis l’autre. Le rapport au monde est finalement le même, celui d’une non-adhésion ; c’est le rire du Diable qu’on veut empêcher de faire rentrer dans les idylles que les hommes tentent de créer partout, toujours. (J’imagine que Milan Kundera, l’auteur, est lui-même ce doublon du libertin passé exilé.)

La satire défend une thèse. Et l'ironie aucune. L'ironie juxtapose des discours mais ne tient aucune certitude pour acquise.

Si 60 millions de petits gestes peuvent vraiment « avoir un effet » sur le réchauffement climatique, et l’avenir de l’humanité ; alors pourquoi ne pas nous y obliger plus durement, surtout s'il en va de notre survie ! Et donc de "punir" ceux qui ne le font pas.

Notre plus grand problème n'est-il pas justement l'insignifiance ? Demande Kundera, en commentant un livre de Sterne qui n'adresse que des questions futiles…

Roth a besoin d'un narrateur témoin car ses personnages évoluent dans le temps. Kundera explore des personnages-concepts qui n'ont pas de rupture sensible dans leur vie, il peut se contenter d'un narrateur extérieur.

Des héros qui abandonnent la course :
Agnès qui abandonne la lutte, qui préfère aller se balader plutôt que de rentrer à Paris. Elle fait un pas de côté. Ce n'est pas une ascension comme dans les romans modernes (Stendhal, Proust) décrits par Girard, c'est un exil, un abandon.
K. continue de lutter pour que la justice se fasse, même si le monde déjà n'est plus modifiable par son action, de façon à priori. (Par rapport au roman moderne, le monde a cessé d'être modifiable par le héros, mais K. souhaite toujours agir ; il adhère.)
Dans _Les Choses_, voir dans _Un homme qui dort_, Perec n'arrive pas à enlever à ses personnages la volonté de se changer (eux mêmes à défaut du monde). Ni d'ailleurs Ionesco dans _Le solitaire_ qui donne à son héros des raisons d'agir, une volonté de s'échapper de soi-même ; mais jamais un abandon total du combat.
Seul Houellebecq parvient à avoir un narrateur qui abandonne la course, qui cesse de lutter pour la domination sexuelle etc. D'ailleurs, les expressions de « sens du combat », de « domaine de la lutte »… expriment le débat intérieur de Houellebecq. L'action est-elle encore possible, souhaitable ?
Pourquoi cela diffère néanmoins du nouveau roman, qui voulait tuer les personnages, tuer le monde finalement, pour une simple recherche formelle ?

Le lyrisme poétique chez Kundera :
Version négative : la négation de la merde. Version positive : l’accord avec l'être. (Le poème manifeste l'accord avec l'être, l'absence de faille perçue dans son identité, son raccord avec le monde. Ni l'ombre de l'erreur, ni celle de la mort ou de la merde ne s'y projette plus !…)
L'innocence du bourreau qui croit aller dans le sens de l'histoire, avec le sentiment d'être en accord total avec la foule… D'où son lien avec la poésie, qui donne elle-aussi l'image d'un homme en accord total avec lui même. (Et d'une certaine musique dite pop ; et pourrait-on dire aussi de certains drogues récréatives.)
L'esprit de poésie : la faute et l'imperfection sont ignorés, niés. Le poète immature s'identifie toujours à ses émotions. Une posture abri-poétique est méfiante face aux sentiments, elle est distante.
Faire suite à _La vie est ailleurs_ : faire un roman contre la figure du jeune homme, du lyrisme, de l'amour passion etc. Se moquer du jeune homme, refuser les discours « poétique » et kitsch comme finalement en produit Easton Ellis, en fabriquant du mythe.
Ainsi : le New Age, comme toutes les spiritualités, veulent raccorder l'être avec lui-même ; presque à tout jamais. Faire de la méditation, c'est s'assurer que l'erreur, que l'imperfection, disparaissent à tout jamais. C'est vivre dans le rêve d'une pureté absolue du désagrément, nier l'erreur comme constitutionnelle, rêver d'un accord total avec soi-même.

Le cinéma dit : il faut se réconcilier avec le monde. Le roman dit : il faut traiter des clichés. (Le cinéma fait du burlesque, le roman fait de l'ironie. Le domaine est très clairement délimité.)

Yannick Haenel écrit des scènes sans aucun ordre dans de petits cahiers, « à la main ». Tous les matins, il retranscrit sur l’ordinateur toutes ces scènes avec tous ses cahiers disposés autour de lui, car les scènes sont écrites dans des ordres plus ou moins aléatoires. Il s’assure ainsi de ne jamais avoir de « page blanche » à écrire quand il prend son ordinateur, le matin, et écrit la version au propre. Il a déjà du contenu grâce à ces petits cahiers, qu’il ré-ouvre en permanence pour « partir de quelque chose », de scènes, de citations, de dialogues, etc.

Raymond Boudon : Il n'y a aucune inculcation par un milieu ou une nature, mais seulement des justifications ; une série de justifications que n'importe qui vous ressortira quand il se trouve en danger. Le moins intellectuel des ouvriers vous justifiera—à son échelle—le moindre de ses goûts, la moindre de ses croyances. Il dira : « Si j’aime la viande plutôt que le poisson, c’est parce que … » quand Bourdieu _aimerait_ que les pauvres n’aiment pas le poisson de façon a priori, et qu’on le leur a inculqué ce dégoût. Les gens se convainquent eux-mêmes de leurs a priori—ceux-ci ne sortent pas de nulle part.

« Il est affreux de ressembler à son père », dit Nizan dans _La Conspiration_ ; affreux de se prévoir.

« The IKEA effect has also been observed in animals, such as rats and starlings, which prefer to obtain food from sources that required effort on their part. »

Désavantager quelqu’un a un résultat immédiat, non-falsifiable. Avantager une personne prend du temps ; car c’est une trajectoire qu’on veut faire infléchir.
Il est donc plus simple de désavantager que d’avantager quelqu’un. (Aussi : nos automatismes brident notre bonne-volonté, si bien que les moyens qu’on donne à un homme ne changent pas ses fins.) De là, un présupposé stupide : désavantager l’un, c’est forcément aider l’autre.

People leave managers, not companies.

Garcia : « Ce qui me rend sombre, c’est la masse de gens à qui il va falloir dire adieu : tout le Nouvel Hollywood, tout le minimalisme américain, Steve Reich, Philip Glass,Godard, etc. Parfois, je me dis que s’il avait fallu que le XXe siècle dise à ce point adieu au XIXe, on n’aurait jamais eu d’avant-garde, on n’aurait jamais eu le surréalisme, le dadaïsme. Heureusement que les grandes figures du XIXe siècle n’étaient plus pour laisser la place aux artistes avant-gardistes, entre 1905 et 1913. Cela a permis la formation du siècle. Nous, on est déjà en 2017 et on va devoir prendre encore 15 ans à dire adieu aux grandes figures du siècle passé. »

Muray : « Rien n'est plus dangereux que l'Avant-gardiste acculé dans ses retranchements dorés. Ce ne sont pas des valeurs qu'il défend, ce sont des intérêts. “L’esprit de notre temps est celui d'une société dont le moindre soupir se veut déjà culture”, constate encore Duteurtre.
“Ce que l'État encourage dépérit, ce qu'il protège meurt”, disait Paul-Louis Courier. L'Etat détruit tout ce qu'il approuve ; il lui a même suffi, récemment, de créer un Musée des tags pour que ceux-ci disparaissent presque aussitôt du paysage urbain. Qui pourrait désirer vraiment quelque chose que l'État désire ?
Qu'on le veuille ou non, qu'on s'en réjouisse ou pas, c'est le raï et le rap qui innovent, non les chercheurs ircamiens. Il y a toujours plus de sensibilité dans trois phrases de Prévert que dans l'oeuvre entière de René Char, cacographe officiel. Marcel Aymé reste lisible, non Claude Simon ou Duras. Et tout le reste à l'avenant. Le “nouveau” lui-même est une vieille habitude qui commence à se perdre. »

Le premier titre des _Particules_ était « La grande mutation ». Si Houellebecq a refusé, c’est peut-être parce que le titre est trop programmatique du programme romanesque lui-même : un grand roman doit par définition faire état d’une grande mutation ; dans la façon de voir/sentir, ou dans les événements politico-sociaux eux-mêmes ; et idéalement les deux sont liés. cf. Proust et Céline.

Pour prévoir le futur, il suffit d’observer la Californie : « Aujourd'hui, un seul État a rendu obligatoire la castration chimique pour les pédophiles récidivistes : la Californie, depuis 1996. »

L’alcoolisme a baissé en France en même temps que la consommation d’anxiolytiques augmentait. On leur donne des anxiolytiques qui entraînent une dépression qu'on combat avec des antidépresseurs, qui aggravent la dépression sur la durée et génèrent des comportements suicidaires.

L’extase c’est ce qui me rend égal à tous les autres ; dans la foule, la fête ou l’orgasme, je perd mon identité. On n’y trouve pas le bonheur, mais la fusion.

Nozick : « Le canevas d’utopie que nous avons décrit est équivalent à l’État minimal. L’État minimal nous traite comme des individus inviolés, qui ne peuvent pas être utilisés de certaines façons par d’autres, comme moyens, outils, instruments, ou ressources. Nous traitant avec respect et respectant nos droits, il nous permet individuellement ou avec ceux que nous choisissons, de choisir notre vie et de réaliser nos desseins et notre conception de nous-mêmes, dans la mesure où nous pouvons le faire, aidés par la coopération volontaire d’autres individus possédant la même dignité. Comment un État ou un groupe d’individus ose-t-il en faire plus ? Ou moins ? »

La modération est préférable à l’hypocrisie.

Dewey et Foucault partagent un même « perspectivisme » sur l'histoire des sciences et des sciences sociales en particulier. Ils défendent tous les deux l'intuition de Nietzsche que le mensonge le plus long est celui d'une nature (Dieu, la Science, la Vérité…) sous-jacente qui puisse venir nous sauver. Mais Rorty est du côté de Dewey car son discours défend un plus grand pluralisme. Dewey ne pense pas que l'homme soit livré à lui-même (sans solidarité humaine) une fois les grands concepts de Dieu ou du Prolétariat disparus : les valeurs bourgeoises continuent bien d'exercer une solidarité. Or le soupçon général de Foucault ne donne aucune réponse à cela, ni ne l’explique.

_L’Anti-nature,_ de Rosset : Rousseau fuit le déguisement, et l'artifice. Des Esseintes hait la nature car elle n'est justement pas solide et monumentale, contrairement à ce qu'on prétend. Il pourrait dire : donnez moi de la vraie nature et j'oublie l'artifice. L'état de délabrement de la nature en appelle donc à l'artifice.

Contre la mort de l’auteur chez Barthes et Foucault : Kundera intervient dans le roman, en cela on ne pourrait pas imaginer que son texte circule sans l'auteur comme le souhaite Foucault/Barthes en réaction à l'individualisme bourgeois qui a inventé l'auteur (pour se faire plaisir entre soi, entre bourgeois.) Cela rappelle l'anonymat obligatoire du totalitarisme bien sûr… Tuer l'individu bourgeois c'est faire de nous tous des esclaves.

Houellebecq : « Et maintenant, j’étais là, seul comme un connard, à quelques mètres du guichet XYZ. Pour dire les choses crûment, ce que je souhaite au fond, c’est pratiquer le tourisme. »

L’ironie est une attitude strictement européenne, les seuls Américains à pratiquer cet art—et encore dans des dimensions communautaires, donc limitées—sont les Juifs de la côte Est, mais pourquoi donc ? Faut-il être du _côté de l’échec_ ?

Histoire de la virilité :
Au contraire du XIXe, on ne dit pas que le sexe épuise le corps ; on est, à l’inverse, inquiet car on ne fait pas assez l’amour. À partir de 1970, le fait de réussir sexuellement est associé au succès, à l'équilibre et à la force. Naissance concomitante de la sexologie. La sexualité conçue comme un sport d'endurance.
Les femmes tondues à la libération : honte des hommes d'avoir subi la défaite, d'avoir laissé rentrer les nazis dans leur intérieur. On tond les femmes, alors qu’on leur donne le droit de vote. (Haine-de-soi de l’homme occidental ?)