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vendredi 12 décembre 2014

Devereux : le psychanalyste et la société moderne

Le fait qu’un psychanalyste puisse ne pas coucher avec ses patientes est impensables pour les Grecs. Platon devait être amoureux de ses élèves. Les liens sociaux de la société moderne sont tels, c’est-à-dire si anonyme et froids, qu’ils permettent que des rapports aussi étranges que celui d’un psychanalyste et sa patiente existent. Les Grecs, pour qui les rapports humains devaient être très imprégnés d’affects, ne pouvaient pas imaginer la psychanalyse.

Trames pour un roman

La longue histoire d’un généticien qui se battrait sa vie durant pour imposer sa vision d’une modification de l’homme. D’abord haï par toute sa société, il voit son succès croître en même temps que les discours progressistes changent, que l’ensauvagement augmente. C’est l’entrée de la biologie dans le roman.

L’histoire d’un meuble. Il raconte les différents stades de sa fabrication et de ses usages.

Un monde où chacun possède une application à son image. Au delà de la plateforme, une quantité de sites/applications auxquelles on se connecte pour rentrer en contact.

Un personnage contemple une trace de merde dans les toilettes de son entreprise. Ils sont peut-être une dizaine d’employés hommes à avoir pu commettre cet acte étrange. Qui plus est, les toilettes sont en évidence et tout le monde peut contempler les aller-et-venus. Considération sur le monde du travail et la psychologie collective à partir de là.

Une confession sur la dure vie d'un hipster qui raconte à quel point le fait de vouloir toujours rester en avance fut fatiguant. 

Un homme va petit à petit perdre l’usage du mot « je ». Et finir par ne plus se concevoir qu’à la troisième personne. Une espèce d’odyssée de l’homme le plus civilisé au monde, qui va jusqu’à se mettre lui-même parmi Autrui. Pour finir, comme César, à ne plus parler de lui qu’à la troisième personne. Quid alors de l’introspection. Et de répondre à la question : que gagne t-on avec le « je » ?

Personnages

Un spécialiste d'être cobaye. Les psychologues se l'arrache car ils progressent plus vite, les médecins aussi car les symptômes sont immédiats. Il gagne sa vie en étant cobaye professionnel - et tout un marché du cobaye existe.

Un prêtre qu'il faudrait réconforter dans sa Foi, car son interlocuteur (athée) sait qu'il devra sinon le voir se transformer en ami aussi con qu'un autre. Dire à un croyant d'avoir un peu "de la bonne volonté". 

Un homme qui tombe sous le charme d'une femme, celle ci aurait accepté son crush s'il s'était lancé tout de suite. L'homme ose de moins en moins rentrer en contact avec elle au fur et à mesure qu'il l'idéalise, qu'il l'espionne et apprend des choses à son insue, bref que ses fantasmes la magnifient jusqu'à lui donner une importance démesurée, telle une sainte à laquelle il se serait dévoué, et pour laquelle tant de sacrifices furent faits etc.  Il n'osera jamais lui adresser la parole, trop peureux de voir se troubler l'image encore inaltérée de l'idole.
Au début, qu'elle ait un mec, peu importe, peu d'investissements furent faits. Mais avec le temps qui passe, l'attente devient plus supportable que la vérité.

Un chef marketing qui raisonne toujours en replaçant ses interlocuteurs dans leur cycle de consommation. A tel âge, telle modification des besoins, tels changement dans les façons de consommer, quelles firmes le ciblent désormais comme client.

Renouvellement du journalisme : un critique de l'art de la fête, un analyste du taux de festivité.

Un indien entrepreneur qui ramène tout à son idée d'un internet qui puisse être enrichi des "annotations" des utilisateurs, qui traite mieux la somme colossale d'informations disponibles.

Un romancier prépare une biographie imaginaire de l'écrivain qu'il aurait aimé être, il parle aussi de la femme, des amis que cet écrivain eut pu avoir. Il s'invente une mort.

[Olso, 31 August] Comment réagir lorsque on est témoin d'un personnage expliquant les raisons de son suicide à venir ?

Un ogre moderne déambule à la Charlus dans la rue, renversé par une voiture, il se relève et poursuit sa logorrhée. Rien ne le touche, les témoins n'en reviennent pas. Le logos le protège. 

Un performeur : "j'ai décidé de vivre la vie d'un type lambda, d'un non-artiste qui doit payer ses impôts et créer un foyer ».

Un justicier masqué qui n’arrive plus à tenir bon devant autant de justice à rendre. Un justicier se noyant dans un verre d’eau. “Il y a trop à faire” dit-il avant de sombrer en dépression.

Un type reste une journée entière dans un café en plein Paris. Il ne peut pas dévisager les gens. Il ne voit rien. Il attend que ses lunettes se fassent réparer. 

Une amie des grands parents doit être hébergée. On prévient les jeunes locataires, "elle me demande de l'argent, encore à 70 ans, pour acheter des cigarettes." La vieille les séquestre. 

Un fonctionnaire ancien 68ard parle avec un dédain généralisé et s'amuse à rentrer dans les conversations pour y mettre fin de la plus affreuse des manière, en mettant les gens mal à l'aise. Se demander pourquoi personne n'ose lui répondre pleinement, dans toute la médiocrité qu’il incarne depuis des années ; seul un tabou pourrait expliquer une telle précaution avec un être si détestable.



Un cerveau d'ESC qui n'arrête pas de dire : ils s'en mettent plein les poches. Pour tout. En croyant avoir percé un quelconque secret. En croyant à chaque fois apprendre à son interlocuteur la machination de l'argent et du profit qu'il dévoile. Son sauveur ne devra pas expliquer en quoi il a tort – car il est plutôt dans le vrai – mais en quoi son attitude de demi-habile est vaine, voir gênante.

sur Houellebecq

Supériorité de Houellebecq parce que les analyses politiques (assez faibles) qu'il donne ont un impact décisifs dans les actes et les choix des personnages.

Dans Les particules, Houellebecq critique Mai 68 de façon primaire : aujourd'hui le désir règne, l'individualisme, plus personne ne veut s'investir dans une relation, court termisme etc.

L'avantage de cette théorie, c'est qu'elle se matérialise dans la vie d'individus comme le personnage de Bruno (il quitte sa femme, camping sexuel, il jouit de partouzes, il n'aime pas son fils).

Grande innovation de Houellebecq. Trouver une explication "philosophique" (sociologique) qui a des effets immédiats sur des personnages (banals). Mai 68 = libéralisation du désir = nouvelle quête de soi = égoïsme des parents.

Une analyse libérale contemporaine, pour montrer en quoi le socialisme (sociale-démocratie) a un impact négatif sur les humains : Prendre pour personnage un entrepreneur qui a des problèmes ? Même pas. Trop explicite. [Bellanger a la réponse, il faut montrer comment des entrepreneurs accomplissent un travail que l’Etat réprouve, et l’aspect surhumain des entrepreneurs d’aujourd’hui qui, à terme, se rêvent tous en Alexandre des temps nouveaux. C’est le récit Randien qui reste la seule alternative au pessimisme houellebecquien]. D'où : trouver ce qu'une analyse libérale de l'évolution des sociétés modernes pourrait dire sur les modifications apportées dans la vie quotidienne. La technique est moins forte que le changement de moeurs (du rapport au désir, donc à la quête de soi). Pas de roman libertarien, car le roman nécessite une morale, et le libertarien n'a pas de morale supérieure ni de valeurs, et est contre les jugements moraux.

Muray sur Houellebecq : son style est celui de la juxtaposition (dans une phrase, parler du radiateur qui chauffe mal et du besoin de religion pour l'avenir des sociétés).

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Houellebecq se place dans une perspective où la libéralisation sexuelle amène la solitude et l'impossibilité de vivre pour de vrai.

Les hédonistes sont tous décrits comme des monstres.

Les personnes seules sont les victimes du marché. Les moches sont les cas typiques de là où nous mène la libéralisation sexuelle.

La polygamie, l'orgie sexuelle, la recherche effrénée de plaisir ? Est-ce vraiment ça notre ennemi, ou l'ennemi de la civilisation. L'amour qui sauve les pauvres types dominés.

Le déclin de la civilisation par le manque de religieux, par le manque d'unificateur d'hommes. C'est par la dissolution des tissus humains — le fait qu'ils soient moins reliés entre eux. D'où re-ligion.

Dire qu'il ne faut pas faire confiance à l'homme à moins qu'il ne soit encadré par une morale irréprochable, ce qui n'est pas le cas dans un système libéral.

Il dit qu'il n'aime pas le mouvement.

Le fameux : il n'y a plus d'amour, ils sont libres. Comme si le stade ultime qu'on recherche, c'est le plaisir, comme plus personne ne prenait de décisions à long terme, responsable — déjà (1) c'est pas forcément vrai et (2) dans la mesure où c'est vrai, l'Etat est clairement responsable.

Houellebecq manque donc tout à fait la nature dynamique des sociétés et du progrès. Guider l'homme par des grosses valeurs bien visibles, extériorisées, données par qui ? l'Etat ! (ou toute autre sorte de pouvoir collectif).

Le procès des générations passées (Debray, Loewy)

La différence entre Raymond Loewy qui parle de l'invention du téléphone et de la voiture au début du XXè, avec ce qu'on connaît depuis les années 1990 et l'internet… c'est que l'internet est un réseau libre et unowned tandis que le téléphone restait (avec AT&T aux USA) très centralisé.
L'invention du téléphone crée un bouleversement phénoménologique indéniable. Mais le changement social, c'est à dire notre rapport au politique prend une dimension indéniablement plus forte avec l'internet et la décentralisation. L'individualisme.

Debray :
Se demander à quel point tout ce qui a été dit sur la télévision (en mal) fut dit à la fois en vain et, surtout, s'est avéré faux. 
Comprend que les jeunes gens qui connurent la libération des mœurs, ou encore l'émancipation sous diverses formes des carcans de XXème siècle, Grace notamment à la philosophie et à leurs maîtres... Ces gens là critiquent l'absence de carcans aujourd'hui car ils se rappellent de la délectation avec laquelle, eux, ils les ont défaits.
Finalement, ils sont tristes pour nous, car, émancipés depuis la naissance, nous ne connaîtrons pas les joies de l'émancipation politique, du renversement des carcans (d'où le regret de l'importance du politique à leurs yeux car le politique leur a indéniablement servi, bien qu'inutile aujourd'hui). 

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Qu'est ce que veux dire, ne pas montrer du doigt ? Il faut contrôler son corps et apprendre à communiquer autrement que par son corps.  
La capacité de *soutenir* (mentalement) la subversion généralisée de toutes valeurs, de toutes préconceptions. Est-ce cela un révolutionnaire ?

L'intelligence (sociale) indexée à la capacité d'empathie pour autrui.

Fictions

Une fille enregistre deux beaufs parler entre eux. 

Un groupe de trois filles au café, elles discutent du message à la virgule près que l'une d'elle doit envoyer à son mec, en instance de séparation.

Un type dans un couloir tente de convaincre une fille, le héros passe par là en entrant chez lui. 

La question du périmètre autour d'un moi.
A quel point nous étendons notre moi autour, combien de mètres pour nous sentir bien, non-agressé. (cf. Robert T. Hall)

Étudier les stratagèmes mis en œuvre par les gens pour survivre : ce qu'on ignore, ce qu'on laisse passer, ce qu'on trouve indigne. A chaque classe sociale ses catégories de stratégies pour se rendre la vie facile.

Kafka chez Perec : Ne pas arriver à trouver une place idéale (la bonne place) à son thermostat tout neuf. Le mettre partout dans la maison et constater que la température monte pour rien.

Ce que c'est que d'attendre une réponse à un message électronique. Ce n'est ni la lettre, ni l'appel de nos parents, c'est une tension du corps vers l'objet pour se incruster et sentir le plus vite possible l'objet qui vibre, très sensuelle ment, dans notre poche. 

Titres : "par l'exemple" pour insister sur le matérialisme, sur l'intérêt du concret et du sensible. 
"Ce qu'est le bilan", cf. un manuel de comptabilité.

Filmer un homme qui ne veut pas écrire, qui est contre l'écrit comme mode narratif. Défense du cinéma comme médium : regardez ce qu'on peut y faire, en image, archives, son surdimensionné, musique, effets, ralentis.

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Un type réalise qu'il a la braguette ouverte depuis le début de sa journée. Et doute. 

Une conversation d'une fille qui vient d'avoir ses résultats, parle du bonheur apporté dans sa famille par sa validation. Moi jangoisse d'être ainsi amené de force dans sa vie, d'être forcé à la sympathie avec ces anecdotes qu'elle crie dans le wagon. Je suis obligé d'en être de sa famille à elle, et, non qu'elle me déplaise physiquement, je ne suis pas encore prêt à m'engager autant avec une telle inconnue...

Je n'aime pas partager de l'intimité avec untel contre un autre qui a ma préférence. Lorsque un vieil ami dont j'ai honte me regarde avec complicité croyant s'unir avec moi contre un troisième que je préfère tant. Le troisième comprenant qu'il affronte une foule, se sent attaqué alors que je ne souhaite rien de plus que de prendre son parti. Mais le regard du vieil ami me force à être son intime du fait que, malgré moi, je comprends son allusion très médiocre à une conversation passée ou à une de ses opinions superficielles. 

Rien n'est plus pénible que d'être ramené de force dans l'intimité d'un demi habile. 

" — Mon fils a très bien réussi, il va souvent à New-York."

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Ecrire un roman, c'est mettre des frontières à un monde. C'est délimiter de l'espace social. C'est choisir où est la limite à l'intérêt d'une "histoire" donnée. À partir de quel détail l'histoire n'a plus de sens, ou l'histoire perd son sens. 

Au fond, une grande détestation de moi même, car je n'adhère pas assez à la vie sociale comme je sais qu'il le faut pour que la civilisation perdure et progresse. Je déteste en moi l'attitude artiste. Mais je n'y peux rien. Je n'arrive pas à me comporter comme je sais qu'il est moral et bon de le faire. Je ne veux ni travailler comme salarié, ni créer de famille, ni respecter le sacré qui pourtant devrait faire liant.
L'aristocratie alors ? Ne pas se plier aux lois qu'on sait bonnes, qu'on pourrait défendre par tous les arguments possibles.
Comment justifier, comment faire sens, du coup, même en tant qu'artiste puisqu'on ne respecte pas la loi de la cohérence, du sens, de l'adéquation d'avec nos valeurs.
Se sentir coupable (aux yeux de qui ?) à force de ne pas se conformer au modèle que je sais optimal pour le bonheur collectif.
Rester individualiste et disciple de Mandeville jusqu'au bout : je ne m'intéresse pas aux autres, mais à moi seul. Mais alors, comment oser faire discours sur les choses sociales puisqu'on refuse toute participation, tout souci, toute attention portée au collectif ?
J'ai l'impression de choisir la facilité en ne me confirmant pas au modèle que j'estime bon pour le progrès. L'artiste en moi c'est celui qui botte en touche, celui qui ne veut pas jouer dans les règles. Lâche.

Quand on parle de l'art comme émancipation. Il faut s'intéresser à la misère d'une vie quotidienne. Pour comprendre en quoi l'art est loin d'être la priorité vers laquelle on se tourne. Ou disons que ça n'est pas automatique. Dépressif je ne songe pas à l'art. Je cherche justement un moyen d'y retourner. Mais l'art ne me sauve pas. Au contraire, l'art me rend triste par son absence. Parce que c'est "faute d'art" que je suis triste, on peut considérer l'art comme quoi ? Une meta-raison d'exister ?

Consommation

La femme, c'est la métaphysique. C'est à dire l'émancipation. Pourquoi ? Parce qu'elle est parure, elle est "refus du discours" (donc de la manipulation). Elle est pure acte, pure action. Et la préférence démontrée nous dit, la femme, qui achète, qui consomme est contre le discours. Elle est la liberté même. Elle refuse le débat, elle refuse le discours. Elle refuse de se questionner, donc elle refuse le politique. Si elle prend soin de l'autre, elle n'en fait pas une politique. Elle prend soin comme elle consomme, c'est à dire de façon immanente, sans discours, sans justification. Par plaisir.

De la femme comme agent métaphysique, puisqu'anti-philosophique. Le consommateur, stade ultime du philosophe. Puisqu'il s'abstrait des discours et de la manipulation. Il n'est que pure recherche de vie bonne. Individualiste, la femme et le consommateur l'est à la manière libérale, donc très responsable. 

Reprendre l'idée de Zemmour et dire. Oui, et tant mieux si, d'une certaine façon, l'homme se fait femme. Si c'est pour consommer, si c'est pour s'abstraire du discours et de l'impératif de la justification.

Le magasin, l'offre. C'est ça la liberté.

La création d'un besoin ? C'est justement la tâche noble de l'après-politique. Car on ne ressasse pas sur le politique, sur le collectif. On demande une création de besoin. Et bien des besoins sont tentés d'être crées. Un besoin crée, c'est un produit réussi. Et non l'inverse. Il y a plus de produits que de besoins. Il faut choisir.

Chaque achat du consommateur est un combat politique, ou plutôt un pas de plus vers le moins de politique possible. Et une toute-puissance du moi.

Plasticité des normes (sur Hayek)

Plasticité du libéralisme, plus que stabilité. Je veux dire : les normes que décrit Hayek, elles doivent êtres plus plastiques (au sens d'une éponge qui absorbe tout ce qui bouge, c'est à dire le mouvement intrinsèque du marché) que stables.

Disons : les institutions, à un niveau méta-théorique doivent être stables. Mais pour l'être dans le temps, elles doivent absorber tous les changements permanents tant dans les valeurs, que dans les produits des consommateurs/citoyens/individus.

Il est donc plus clair de dire : le libéralisme comme vecteur de civilisation est intrinsèquement stable par rapport à d'autre systèmes politiques. Les institutions doivent être les plus plastiques possibles pour accepter (voire inciter) aux révolutions permanentes d'une société libre.

Finalement, ce qu'Hayek appelle institution (propriété privée ?) doit être redéfinit pour mieux penser le côté "éponge" des normes en société libre.

Sal Kahn et l'école


Il faut réfléchir plus loin que Sal Khan sur l'éducation. C'est à dire : comment imaginer une autre école. Je veux dire, très concrètement, qu'est-ce qu'une école fondée sur du MOOC et une classe inversée. Comment ça se passe, concrètement. Et comment ça se met en place.

Et, deuxième partie de l'analyse. Quels seront les effets concrets. Au jour le jour. Et quels seront les effets spirituels et corporelles du basculement du rapport à l'autorité.

Quel sera le lien entre l'école, l'entrepreneur et l'État.

Que deviendra l'incorporation du bon comportement une fois que l'école devient un débat sur le contenu plutôt que sur l'institution "totale". L'école étant moins un lieu de transmission du savoir que d'uniformisation des psychés et de l'autocontrôle. D'où la question que pose l'approche de l'autocontrôle par l'écran du MOOC.

Quel sera le prix d'une telle école. Comment les budgets seront alloués. Quelle sera alors la tâche noble du professeur. Quel rôle social pour un professeur : il n'est plus un canal de transmission mais quelqu'un qui améliore, qui personnalise le rapport entre l'individu et l'information. Mais il n'est pas le dépositaire de l'information etc. (Tout comme devrait l'être le journalisme : un sélecteur de contenus, plus qu'un agrégateur).

Quel sera la hiérarchie dans une classe où ce sont les devoirs qui prennent une place centrale. Il n'y a plus l'humiliation devant le professeur, hésitant à poser des questions devant la classe. Il y a un rapport individuel et adapté au cours, le cours magistral met certes fin à la passivité, à l'écolier-éponge qui n'apprend qu'à rester sur une chaise (autocontrôle, encore une fois) et à respecter celui qui se tient debout. Mais comment s'effectue la hiérarchie entre élèves ?

L'économie des sens et la classe inversée. Que devient le rapport à l'écoute, à l'oeil… mais aussi le rapport dans l'espace, le rapport aux corps d'autrui, à ses pairs. Enfin que devient l'économie psychique, le contrôle de soi, l'acception de la hiérarchie, de l'autorité, du "meilleur" dans un domaine, bref de la domination. Et quel rapport à la distinction de soi, à la famille comme racines.

Mais aussi : quel rôle pour l'ennui à l'école. Faut-il apprendre l'ennui ? Faut-il faire comprendre qu'il n'y a pas à s'ennuyer. L'économie du désir et le rapport au temps dans le MOOC (cours au rythme de chacun, refus a priori de l'unicité du rapport au savoir… d'où, inégalités intrinsèques au système). Mais quid de l'entre-aide proposée pendant les devoirs, du rapport actif à l'environnement d'une salle de classe (et alors, quelles incitations pour débuter ?).

Quel rapport (naïf chez Khan) à la créativité ? Ce n'est pas, comme il dit, de faire faire des instruments à tous qui compte. C'est de faire comprendre les mathématiques à 100%, pas à 95%.

Un bourdieusien dira : de toute façon, nous sommes dans le mauvais débat. Car ce qui importe, c'est le contenu d'abord, puis les moyens de sélections des élites, et in fine la façon dont on légitime la reproduction des élites.

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Il faut toujours défendre le principe, qu'à un moment donné, il faut donner un coefficient plus important aux matières les mieux réussies par les élèves. C'est avec ce genre d'incitation qui se créée des vocations et des curieux. 

Le principe de l'école : ne pas créer des géographes, mais des chercheurs d'or. Et cette doctrine aurait un effet conséquent sur la reproduction sociale. 

Pour créer du juste, il faut le moins de système centralisé possible (qui créer, par définition même, une sélection biaisée par le point d'entré dans le système, point qui est unique). Lorsqu'il y a mille portes d'accès au pouvoir, alors les gens obtiennent leur pouvoir différemment, par différentes voies d'accès. Après, c'est une question de légitimation que de faire accepter socialement tous les moyens de réussites tant que la fin (la possession de Pouvoir) est accomplie -sans trop de sang versé ah!ah!

Finalement, c'est la question du self-made man qui se pose. Ou plutôt, la part du self-made man en chacun que l'école devrait accroitre et non étouffer.

Cinéma, scepticisme et phénoménologie

Le cinéma est une réponse au relativisme des sciences du comportements, de l'histoire sensorielle après Elias et de la phénoménologie. En somme : l'écran montre ce qu'est le monde  objectivement. Sur l'écran il y a une seule subjectivité à l'œuvre et non une multitude de corps créant inné réalité pour chacun.

La question que pose la théorie de la communication est différente d'un Elias. Il y a bien un intérêt pour les sens et leurs variations dans le temps (même si Elias est plus précis à ce niveau là). Mais la communication insiste sur les rapports ente les hommes tandis qu'Elias insiste sur les rapports aux pulsions puis sur la rationalisation poussée des des comportements des hommes par eux-mêmes. 

Avec Satre. La phénoménologie veut dire : nous décrivons le monde tel qu'un sujet le perçoit. C'est le terme d'être justement.
La sociologie déconstruit ça. Et donc, les rapports humains impliquent des données non directement perçues, le rapport à l'espace, l'usage des sens etc. Les rapports de domination symbolique chez Bourdieu.

Or le cinéma dit : mais regarder, on peut capter du réel objectif. Il y a donc "du monde propre, commun". Donc un espoir pour celui enfermé dans son Moi (ou plutôt celui qui a un Moi trop étendu).

Nietzsche

Les dominants ont intérêt à défendre une pensée qui divinise le statut d'esclave et d'humiliés.
D'où : pourquoi les élites sont elles de gauche, et pourquoi tolère t-on la domination de la pensée de gauche... Si ce n'est justement pour satisfaire la partie humiliée de la société, l'occuper à jouer à la politique tout en ne lui laissant aucun pouvoir. L'élite doit en permanence penser à éteindre les sentiments d'envie et de vengeance. 

Le chrétien trouve une faute en lui même. Le socialiste chez l'autre. Ils expliquent ainsi leur mal-être social/psychique et vivent mieux. Ils ressentent leur existence comme étant la faute de quelqu'un. C'est une forme d'égoïsme et d'instinct de conservation. 

Considérer comme beau ce qu'il y a de nécessaire dans les choses - et ainsi les rendre belles.

Je veux ne pouvoir être que pure adhésion.

Nietzsche et la philosophie, Deleuze
La volonté est une force, au sens physique du terme. C’est une force qui pousse contre une autre force.
Le ressentiment est une forme de volonté, c’est aussi une force.

La conscience de soi dans la dialectique hégélienne, elle n’existe pour Nietzsche qu’au niveau de l’esclave. C’est l’esclave qui est conscient de soi, pas le maître.
Pareillement, sur le débat corps/esprit. Si l’esprit est « conscient » de soi, c’est qu’il est le « dominé » dans son rapport avec le corps.
Ni le corps, ni le maître, n’ont besoin d’être conscient d’eux mêmes.

L’éternel retour comme axiome kantien serait : « Agis de tel sorte que tu puisses répéter ton action une infinité de fois ». Nietzsche critique les petites satisfactions qu’on ne s’accorde qu’une fois, sur un coup de tête.

Aphorismes année 2013/2014


Desplechin : "Il faut lester les héros d'une famille. Pour lester un peu de ridicule."

Le gout pour l'extrémisme, ça ne s'apprend pas. C'est pour ça que Lady Gaga et un intellectuel conséquent feront bon ménage.

Ce qui compte, sur l'internet, c'est ce qui se partage.

Pourquoi les économistes sont ils les plus nombreux à être Libertarian ? Parce que le libéralisme est une attitude d'humilité face au savoir. C'est pourquoi, comme les bons economistes sont ceux qui croient le moins à leur discipline, ils sont aussi les plus libéraux en ce qu'ils sont humbles épistémologiquement.
Les apprentis philosophes croyant posséder l'ensemble des concepts nécessaires pour conceptualiser... ne peuvent pas se dire qu'il faut laisser faire.

Ce qui m'amuse dans la pensée, ce n'est rien d'autre que de trouver des paradoxes. D'où mon absence d'école, de maîtres etc. Au contraire, s'amuser à voir oú les grands penseurs s'arrêtent, quelles sont leurs œillères, d'où partent t-ils ?

L'intervention pensée en deux mouvements, créant des problèmes ex post (approche welfariste, ou celle de Mises : regardons les effets d'un discours qu'on accepte a priori). Puis l'approche a prioriste qui consiste à regarder par la fin les intentions des hommes d'Etat (rent-seeking de Tullock et Rothbard). Du coup, quelle est la position d'un Hayek : l'intervention détruit des signaux, rend la vie plus difficile, rend l'innovation sinon moins efficace, tout au moins orientée différemment (et donc, à nous de conclure que le différemment est "moins-bon").

Yann Moix : "Les femmes sont une névrose avec une femme autour."

Volonté scientifique : vouloir regrouper (pour mieux comprendre). 
Volonté artistique : vouloir différencier (entre les êtres).