jeudi 15 décembre 2016

Sci Fi

1 - L’hypocrisie d’un homme. Non pas le mensonge, mais l’hypocrisie, il attire l’intérêt car prépare de grandes choses mais in fine ne fait rien. Un témoin le sait, mais il ne peut rien dire car il détruirait le mythe. Le témoin voit que, même si rien ne sera fait, la « croyance » ajoute un genre de bonheur à la vie des croyants. Faut-il agir ou non ? A partir de quand est-ce de l’aliénation et faut-il se donner le droit de venir « sauver autrui malgré lui ».

2 - Un homme du futur doit s’occuper d’une teen américaine pour amener un genre de futur idéal. Conversation métaphysique, mais surtout pop-culture, entre l’ado et le sauveur du futur. La teen accepte d’être une élue, au début, puis refuse. Un genre de Lolita en mode sci-fi. Il doit prouver à un esprit post-moderne qu’il y a du sacré, de la verticalité, que « des choses comptent » et que l’Histoire avance. Elle, parce qu’elle est post moderne, est dans un relativisme / pragmatisme / scepticisme radical face à tout ce qu’il raconte, à toutes ses thèses rocambolesques. Elle demande des preuves. Elle dé-monte ses arguments.

3 - Un débat entre les Grands Sages du futur, avec une machine à remonter le temps à disposition. Ils se demandent : à quand faut-il remonter pour changer le passé, et donner aux hommes le bonheur éternel bien plus tôt que ce fut le cas dans la première version de l’Histoire. Faut-il infliger aux hommes « un peu de temps » de souffrance pour qu’ils sachent, à jamais, à quel point la vie fut dure avant l’arrivée de la Science (la Singularité) ?

4 - Une femme préfère son nouvel amant à l’enfant qu’elle a eu avec un autre. Elle tue le second pour profiter du premier—en secret de l’homme. Une histoire d’amour qui ne marche pas à cause d’un enfant, car l’homme fréquente la femme qui doit s’occuper de l’enfant. La femme aime tellement le nouvel amant qu’elle va tuer l’enfant. Elle doit le tuer, car s’il elle l’abandonne, plus tard l’enfant les retrouvera, demandera une explication et la mère se sentirait trop coupable.

5 - Un personnage, plutôt rationaliste à la base, est le témoin d’un Miracle. Le narrateur ne sait pas comment réagir, au début il est dans le déni, puis un genre de névrose à la Kafka se développe. Il n’en dort plus. Il le raconte à son amoureuse, ou sa sœur bien aimée. Son seul souhait, ce n’est pas de convaincre, c’est _d’oublier_ d’avoir été le témoin. Il voudrait qu’on puisse supprimer ce souvenir de sa conscience—car il prend le poids de la révélation comme une Malédiction dans le monde d’aujourd’hui, avec ses « croyances primaires » à lui.

Chronique X

La femme, bien Veblen.
La première propriété fut une femme. On a ensuite construit la notion de propriété sur celle de femme.

Richard Rorty
In his utopia, people would never discuss restrictive metaphysical generalities such as "good", "moral", or "human nature", but would be allowed to communicate freely with each other on entirely subjective terms.
In his The Post Card: From Socrates to Freud and Beyond, especially, Derrida free-associates about theorizers instead of theories, thus preventing him from discussing metaphysics at all.
Derrida is, therefore, autonomous and self-creating, two properties which Rorty considers most valuable to a private ironist. While Derrida does not discuss philosophies per se, he responds, reacts, and is primarily concerned with philosophy. Because he is contained in this philosophical tradition, he is still a philosopher, even if he does not philosophize.

Gauchisme et pouvoir.
Le discours gauchiste, comme moyen d'accès au pouvoir, n'a évidemment pas été "appliqué". C'est un discours tenu pour abattre le pouvoir précédent, e.g conservateur. Les politiciens sont équivalents une fois au pouvoir. Mais pour l'atteindre, ce pouvoir, force est de reconnaître qu'ils ont déployé des discours différents.

Amoureux sur un banc.
Les couples où la fille s'assoit sur les genoux du garçon quand ils attendent le métro. Il reste un siège de libre, juste à côté, mais non, elle s'assoit sur ses jambes à lui. (Je suis touché.)

La jolie femme – sur Me.
Ce doit être très dur, pour une femme, de savoir qu'elle déclenche trop de désir chez les hommes. De savoir finalement que tous les hommes qu'elle fréquente ne souhaitent qu'une seule chose, sa chair. Les relations sociales sont toutes viciées, pour elle, dès le départ, car il y a du désir et du sexe partout. Elle ne peut pas se détacher du fait d'être désirée sexuellement, elle doit supporter ça, dans le regard des hommes. Lorsqu'elle déjeune avec l'un, elle doit supporter le fait de savoir qu'en-deçà de leur conversation, lui ne pense qu'à coucher.
Elle doit donc refroidir l'ambiance, faire comprendre que non, ça n'arrivera pas.
Et dans chacune de ses conversations, avec tous les hommes qu'elle fréquente, avec tous les hommes de tous les pays, elle doit refroidir le désir naturel de celui qui lui parle. Elle ne peut fréquenter personne innocemment, juste comme ça, pour jouir de l'instant présent, de la discussion.
Comme cela doit être pesant, à la longue.
Quand on le lui dit, elle fait semblant de ne pas le savoir, ou le voir. Doivent se créer des systèmes immunitaires, de protection, pour qu'elle n'ait pas à supporter d'être ainsi perçue comme de la viande par tous les hommes.
Elle s'oblige à oublier.

Les couples
Tristesse de la trentenaire ingrate à la terrasse d'un café que l'on entend rire à une blague d'un autre trentenaire en t shirt blanc. Dans son rire c'est le drame de ne pas être sûre de le choper ce soir que j'entends. Elle place ses mains devant la bouche, il ne faut pas trop l'ouvrir sinon on va la voir, sa libido à l'état de manque. Son malaise à vouloir séduire et cacher sa nature de femme timide et facilement impressionnée. Or elle ne cache rien. Et puis, elle le sait qu'elle ne peut rien cacher.  Mais ne jamais trop prendre pitié d'elles car ce sont les mêmes femmes atroces qui refuserait d'être avec un type pas à leur niveau. Elles refuseraient le coup d'un soir avec un mec aussi désespéré qu'elles.
Le paradoxe veut qu'un type laid qui aborde une femme splendide a ses chances, car elle sait qu'une relation ne dure pas, elle sait supporter le poids moral du one-night-stand. Si la relation ne prend pas, ils l'auront fait trois fois et puis tant pis. Elle est habituée, alors un de plus, un de moins.
Les couples avec un laid et une bombe viennent de là. La bombe tente son coup, car aucun coût marginal, puis elle s'y attache. Pour elle c'était, au départ, un type de plus, et donc elle peut élargir son horizon.
Une fille ingrate a un coût marginal beaucoup plus élevé. Elle ne tente rien, car le n+1 est trop important pour être considéré à la légère. Bref, ce n'est pas de la commodité. Une position de quasi monopole fait qu'on est moins averse au risque. Cela profite au électrons libres plus faibles, parfois.

Tocqueville est hanté par la question de la distinction.

Se rendre responsable
J'aime quand un personnage se rend responsable - malgré lui - d'un fardeau a priori trop lourd à porter.
Dans "Cowboys" le héros fait libérer une Afghane et doit la ramener en France, puis s'occuper d'elle, il va finir par se marier avec elle. Tout ça parce qu'il a voulu faire le type bien pendant une minute, et cette action a des répercussions sur, littéralement, toute sa vie. (Au début, un simple geste instinctif de vouloir sauver une fille qui va mourrir.)
Dans "Girls" aussi, je me souviens d'un épisode où un type se retrouve tout seul, perdu dans Brooklyn, avec un chien dont il faut retrouver le maître. Exemple plus ténu mais qui montre comment on peut se retrouver avec soudain un "sur-plein" de responsabilité.
Vollmann, l'écrivain, raconte comment il s'est retrouvé avec une esclave sur les bras car il a juste voulu libérer une prostituée en Thaïlande. Il est devenu son "maître" et a du s'occuper d'elle, lui trouver un collège etc. Tout ça, une responsabilité sur des années envers cette fille, car il ne supportait pas de voir une prostituée de 14 ans. (Décision d'une seconde, impact sur des années.)
Pour A et J c'est pareil. Il se retrouve à devoir s'occuper d'elle après l'avoir embrassé un soir, spontanément, avec l'alcool, sans aucun sentiment de responsabilité. Un fardeau, dont on n'a aucune idée de l'ampleur, qui arrive malgré soi.

Faber
J'aime ces expériences dans le milieu du travail car je suis intouchable, je ne peux pas me faire avoir, c'est a priori incompatible, chaque heure que j'y passe, c'est du temps de gagner sur la nécessité des choses, mon départ. Je ne fais tellement rien que je ne peux même pas socialiser convenablement. Je ne saurais même pas dire ce sur quoi je travaille. Très gênant. Parfois, ils me demandent si je suis disponible pour une demi-journée comme s'ils me dérangeaient. Le grand délire.

Quand est-ce qu'on réalise appartenir à l'élite ?

Teens and social media
One example of awkward plays on Instagram: the “deep like.” This is where you lurk on someone’s account, going way back into the archives, and accidentally double-tap on an old picture. Showing too much interest in anyone is mortifying.
The appropriate comment for male friends to leave? “No hearts, no kiss faces, no wink faces, just the gas tank.” The gas tank emoji means “gang”—it indicates fealty, like #squad. “Gang-gang, it’s like your group. Not like ‘a gang.’ It’s not that serious.”
Teens, in short, are what we’ve always known them to be. They get crushes, try to study, fight with friends, fight with their parents, get grounded, and sometimes make poor choices as they try to find their place in the world. They love their parents while scaring the living daylights out of them.

 Messing around in the corners of the internet.

Your curated self.

Aiming for the obvious
You know you have a good design when you show it to people and they say, “oh, yeah, of course,” like the solution was obvious.

La différence entre JJ et moi (et nous, hipsters-cultivés-branchés) c'est que je travaille mes goûts, je ne pense qu'à ça. L'idée d'écouter la même émission de radio, ou d'avoir les mêmes goûts musicaux, six mois plus tard m'est pénible. Lui, il s'en fiche.

Edouard Louis
À l'entendre, seuls les exclus peuvent écrire ou "ont une subjectivité" intéressante : une femme noire, un immigré aux USA, un enfant gay du prolétariat, etc. Ainsi, dit-il, le discours de "l'homme blanc hétérosexuel" doit être combattu, et Houellebecq est le représentant de cette catégorie-ci. Certains livres servent à faire taire. La culture fonctionne alors comme une force d'exclusion.
Edouard Louis dit : "Bourdieu, Duras, Morrison, ont réussi à produire un monde dans lequel être de droite, c'est illégitime
C'est en fait la violence du dominant qui frappe quand un dominé donne un coup, parce qu'elle le traverse. Chez Toni Morisson, un personnage d'esclave tue sa propre fille pour qu'elle échappe à l'esclavage. Mais ce n'est pas sa violence à elle, l'esclave, mais la violence de l'esclavage, des dominants, qui la traverse et la pousse à tuer sa fille.

En province
Faire un tour vers Alès. Déjà, à la gare, en centre-ville, on se dit que c'est dur. Mais alors, en prenant le bus, en faisant trente minutes jusqu'au village isolé, je déprime à l'idée que toutes ces maisons, séparées d'Alès de plusieurs kilomètres, abritent des jeunes gens qui n'ont aucune chance. Ou si peu. En province il n'y a aucune chance que se produise des accidents sociaux. Et si l'accident arrive, alors il est tellement exceptionnel que le transfuge ne s'en remettra jamais (ni ses enfants, donc).

La nostalgie
Je vis quelques semaines ou mois dans la vraie vie. Comme tout le monde, mille choses ne cessent pas de me frustrer.  Puis je m'enferme et reviens dans le temps passé/perdu. Il y a un ratio du temps passé à se souvenir (pour comprendre, pour créer) plutôt qu'à vivre. J'ai besoin de deux mois pour rendre chaque instant vécu comme magnifique.

Élias et Proust
La Cour française est un endroit où l'homme est observé et décrit en relation aux autres, dans sa situation sociale. Lien entre les portraits de Saint Simon et Proust : c'est la description française de l'homme par rapport aux autres. Les traits essentiels d'un homme apparaissent lorsqu'il est en contact avec autrui.
Bref, expliquer l'homme par son réseau de relations.

Houellebecq sur le joli
Le joli, au contraire, tire le spectateur hors de l'état de contemplation pure qui est nécessaire à la conception du beau, en lui présentant des objets immédiate­ment agréables. Des objets excitant sa volonté. Le joli nous transforme en sujet asservi, nécessiteux du vouloir. Le concept de joli, qui s'applique ordinairement à tout ce qui est beau d'une manière riante, a été, faute d'une distinction claire, exagérément étendu, et j'estime qu'il faut le laisser de côté. (En rapport à une discussion sur l'esthétique chez Schopenhauer)

Seul l'écriture de soi m'intéresse. Tout le reste, de Joyce à Foster Wallace, les lire pour observer la composition de leurs romans. Mais quel ennui !

Le travail d'un résistant, c'est de faire comprendre à la population qu'elle est en guerre. Régis Debray

À partir de 19h, je ne vois plus que des femmes. François Truffaut