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mercredi 13 juillet 2011

Maupassant contre la fête du 14-juillet

14 juillet. – Fête de la République. Je me suis promené par les rues. Les pétards et les drapeaux m’amusaient comme un enfant. C’est pourtant fort bête d’être joyeux, à date fixe, par décret du gouvernement. Le peuple est un troupeau imbécile, tantôt stupidement patient et tantôt férocement révolté. On lui dit : « Amuse-toi. » Il s’amuse. On lui dit : « Va te battre avec le voisin. » Il va se battre. On lui dit : « Vote pour l’Empereur. » Il vote pour l’Empereur. Puis, on lui dit : « Vote pour la République. » Et il vote pour la République.

Ceux qui le dirigent sont aussi sots ; mais au lieu d’obéir à des hommes, ils obéissent à des principes, lesquels ne peuvent être que niais, stériles et faux, par cela même qu’ils sont des principes, c’est-à-dire des idées réputées certaines et immuables, en ce monde où l’on n’est sûr de rien, puisque la lumière est une illusion, puisque le bruit est une illusion.

(Le Horla)

jeudi 7 juillet 2011

Opposition entre libertariens et conservateurs

La première différence réside dans la façon contrastée par laquelle les deux groupes perçoivent la population. Les conservateurs, depuis Burke, ont eu plutôt tendance à voir la population à la manière des légistes du Moyen-âge ou des philosophes réalistes (en contraste avec les nominalistes) : composée directement non pas par les individus, mais par les groupes naturels dans lesquels ces mêmes individus vivent invariablement : la famille, la localité, l’église, la région, la classe sociale, la nation, etc.
Bien entendu, les individus existent mais ils ne peuvent pas être considérés comme des identités sociales distinctes de ces groupes. La Révolution, – au nom de l’individu et de ses droits naturels, a souvent détruit ou diminué les groupes traditionnels – les guildes, l’aristocratie, la famille patriarcale, l’Eglise, l’école, les provinces, etc. que Burke considérait comme étant les molécules irréductibles et constitutives de la société. En effet, ils soutenaient que c’est la pulvérisation de la société en un tas de sable composé de particules individuelles, revendiquant chacune des droits naturels, qui rendait inévitable l’apparition du nationalisme collectiviste.


Je crois qu’un état d’esprit se développe au sein des libertariens dans lequel les coercitions de la famille, de l’église, de la communauté locale et de l’école semblent aussi hostiles à la liberté que celles du gouvernement politique. Si c’est le cas, le fossé se creusera certainement encore plus entre les libertariens et les conservateurs.

Il est certain, et cela est pleinement reconnu par les conservateurs, qu’il existe un degré de liberté en deçà duquel aucune création significative ne peut être réalisée. Sans ce degré de liberté, pas de Shakespeare, pas de Marlowe, pas de Newton. Mais ce que diraient les conservateurs, c’est qu’on se rend moins souvent compte qu’il existe un degré de liberté au delà duquel aucune création significative ne peut être réalisée. Les écrivains de la fin du XXème siècle ont composé leur œuvre littéraire dans l’air le plus libre qu’ils aient jamais respiré.
En revanche, les libertariens semblent voir l’autorité sociale et morale et le pouvoir politique despotique comme un élément d’un seul spectre, comme une continuité ininterrompue. Selon leur argument, si nous voulons éviter le Léviathan, nous devons remettre en cause n’importe quelles formes d’autorité, y compris celles qui sont inséparables du lien social.

L'association restera compliquée parce que les conservateurs continueront à soupçonner l'idéal d'émancipation des libertariens de préparer le terrain aux socialistes tandis que les libertariens continueront à soupçonner les conservateurs de vouloir imposer leurs vues morales par la coercition.

vendredi 1 juillet 2011

Un Foucault de droite - freejazz

Foucault s'intéresse aux paradigmes du pouvoir, il montre un changement très intéressant dans la nature même du pouvoir que les libéraux n'ont pas intégré dans leur critique qui reste centrée sur la Raison d'Etat, alors que le pouvoir n'est plus vertical et univoque, mais horizontal et multiple, il s'applique désormais par des techniques de gouvernance dont il avait anticipé le fonctionnement.

Sa légitimité ne consiste plus dans le monopole de la violence légale en vue d'assurer la sécurité du territoire, mais dans la biopolitique, c'est-à-dire la gestion de la santé physique et mentale des populations par la production de normes prophylactiques, hygiéniques, comportementales. Foucault permet ainsi de penser le mécanisme de sujétion qui est à l'oeuvre dans la judiciarisation de la société et la prise en charge des normes par des experts de tous poils qui transforme les frontières du licite et de l'illicite, du normal et du pathologique.

jeudi 30 juin 2011

Films Juin 2011

Cinéma :
X-Men 4 *
Hannah et ses soeurs - Allen
2001 : L'odyssée de l'espace
Limitless **
Une séparation *****
Blue Valentine ***
Pater *
My little Princess *

dvd :
The new world - Malick ***
It Should Happen to You - Cukor ***
Anything Else - Allen
Bananas - Allen
Melinda and Melinda - Allen
Love and Death - Allen
Cure - Kiyoshi Kurosawa
Crimes and Misdemeanors - Allen
Zelig - Allen
Stardust Memories - Allen
Les Amitiés maléfiques - E. Bourdieu ***
Monty Python's Life of Brian *****
Broadway Danny Rose - Allen
New York stories - Allen
Husbands and Wives - Allen
Everyone says 'I love you' - Allen
Another Woman - Allen
A Midsummer Night's Sex Comedy - Allen
Sweet and Lowdown - Allen
The Front - Ritt/Allen
Manhattan Murder Mystery - Allen
Une Belle Fille Comme Moi - Truffaut **
At the Circus - Marx Brothers *****
L'Evénement le plus important... - Demy *
The Purple Rose of Cairo - Allen
Animal Crackers - Marx Brothers *****
Radio days - Allen
There Will Be Blood - Anderson *****
The Curse of the Jade Scorpion - Allen
Deconstructing Harry - Allen
Shadows and Fog - Allen
Small Time Crooks - Allen
Celebrity - Allen
Manhattan - Allen
September - Allen
Interiors - Allen
Alice - Allen
Bullets Over Broadway - Allen
Annie Hall - Allen
What's New Pussycat - Allen
You Will Meet a Tall Dark Stranger - Allen
Everything You Always Wanted to Know - Allen
Exilé - To ***
Sleeper - Allen
Scoop - Allen
Play It Again, Sam - Allen
Four horsemn fo the Apocalypse - Minnelli ***
Laissons Lucie faire! - Mouret *
Ziegfeld Follies - Minnelli

mercredi 29 juin 2011

Notes sur Comte - Enthoven

Remplacement des religions à églises, par des sectes.

Fin des temps glorieuses, avec des perspectives scientifiques qui donnent aux promesses des sectes une valeur concrète (contrairement aux religions). Les sectes savent mettre la science au service eschatologique (contrairement aux religions à églises).

Trois Utopies bio-médicales par Comte :
1. Longévité de la vie,
2. Vache carnivore (vache mange de la viande, Lévi-Strauss utilise pour la vache folle) : les vaches carnivores deviennent plus intelligentes, changer les herbivores en carnivores contre toute idée de nature, les vaches carnivores annoncent des humains eux-aussi améliorés.
3. La femme pourrait se féconder elle-même. Pro-création réfléchie, et non irrationnel, car la 'production d'humain' est trop importante. Sommet du mariage étant être veuf.

Comte se fâche avec Stuart Mill sur le sujet des femmes. Le féminin, c'est l'amour (mieux que la pensée, pour Comte). L'amour est supérieur à la pensée.

Philosophie du cerveau, intérêt pour la science du cerveau.

Sur toutes les questions, Comte est anti-cartésien (animaux machines, méthode philosophique).

Suppressions des plantes qui ne sont pas indispensables à l'Homme. Le monde nous intéresse si il est utile.

Philosophe des villes. Contre la nature sous toutes ses formes.

Démon de Laplace : quelqu'un qui pourrait - avec toutes les connaissances - répondre à toutes les questions.

mardi 28 juin 2011

Tisseron sur la psychanalyse des images

Ces notes sont prises du livre Comment Hitchcock m'a guéri ? de Serge Tisseron :


Nous avons du mal à accepter l'idée d'une relation de dépendance totale à quelqu'un. C'est pourquoi nous sommes réticent à céder à une relation totale. Nous craignons de nous y dissoudre.
Or, c'est là que les images interviennent. Avec elles pas d'inquiétude, nous savons qu'elles n'en abuseront pas et nous resterons toujours maître du jeu. Nous pouvons nous y abandonner.

Les images sont nos mères adoptées que nous prenons et abandonnons aussi souvent que nous le désirons, sans culpabilité ni honte. C'est toujours de leur faute.

De la même manière que le bébé construit certains fonctions psychiques essentielles dans la relation avec sa mère, l'adulte continue à le faire dans ses relations aux images.

Celui qui entre en pensée dans une image entre en réalité dans celle qu'il porte à l'intérieur de lui. Il est alors dans l'image qu'il contient lui-même, un peu comme le nouveau-né se rêve contenu dans le corps maternel dont il est pourtant sorti, de telle façon qu'il se rêve à l'intérieur d'un corps imaginé par lui.

Nous inventons des images pour renouer avec le moment où, encore tout nouveau-né, il s'immergeait dedans en croyant à elles comme à une réalité.

Comment comprendre la facilité avec laquelle le poste de télévision a remplacé, dans nos foyers, le traditionnel feu de cheminée familial ? Les gens ne restent pas fixés devant leur écran pour devenir chaque jour plus bêtes, et rien n'a jamais prouvé qu'ils le deviennent de cette façon. Ils le font pour renforcer en eux la capacité de soutien psychique qui s'est trouvée précocement associée à cette situation.
Devant les images, nous renouons avec le fil d'une situation familière, celle d'être confortablement installé sur les genoux d'un adulte protecteur. Je me sens plus fort.

En fait les images permettent à l'être huumain de se confronter à des situations traumatiques par images interposées. Les images sont comme des pare-excitations.
Contre les psychanalystes qui craignent que l'imaginaire des enfants confrontés à des images ne finisse par se réduire à celles-ci. Cette prédiction est démentie par les faits. Même si, bien entendu, certains personnalités fragilesdécident de se guider sur des images.

Dans la vie, l'adulte doit prendre les objets et les situations comme elles se présentent... il se console donc avec les images qu'il manie comme il le désire. Les images se présentent toujours à lui comme il le désire, puisqu'il choisit sur mesure pour cela !


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Les images comme sources d'éveils (pages 148-150).
Le théâtre de Beckett témoigne de ce danger du manque de "recharge" du système psychique. Les personnages y sont immobiles comme si leur corps n'était plus investi d'une énergie suffisante pour se mouvoir, leurs propos sont répétitifs et tout y semble figé. Chez le bébé, cette fonction de "recharge psychique" (demande de nouveauté) est assuré par l'environnement, naturellement très riche à la naissance. Les sources d'excitation sont intériorisées, l'adulte peut soutenir sa curiosité et son activité même dans un univers peu stimulant.

L'entourage ne cesse pas pour autant d'être important. L'adulte a besoin lui aussi, dans des proportions variables, d'excitations externes pour rester éveillé. Les images jouent ici un rôle fondamental. En regarder fait partie de ce système de recharge... même si elles ont un contenu informatif pauvre. La télévision des "émotions fortes" (et peu informatives) comme la télé-réalité propose de quoi se "recharger" à bas prix.
La clé du succès de la télé-réalité, ce n'est pas l'exhibitionnisme comme le pense les gens, mais l'intensité des émotions ; qui satisfont la demande d'éveil des individus. Aux parades, défilés, carnavals à succédé la télé-réalité.
Pour les joueurs de jeux vidéos, l'accrochage aux images est leur manière de tenter d'entretenir un niveau d'excitation suffisant pour se sentir en vie.

Ceux d'entre nous qui ont bénéficié d'un environnement premier adéquat à leurs attentes vivent en général en paix avec les images et dénoncent celles qui ne font que jouer sur les émotions aux dépens des contenus. Mais ceux qui ont pâti d'un défaut de stimulation s'en nourrissent volontiers, tandis que ceux qui ont connu un excès précoce d'excitation s'en excitent.
[Bref, nous pouvons décrire le rôle de l'éducation par rapport aux images : une bonne éducation, c'est assurer de bonnes stimulations aux enfants, pour qu''une fois adulte, ces mêmes enfants ne se contentent pas d'émotions à bas prix, d'émotions vulgaire etc. Un adulte bien éduqué bénéficie d'une base solide d'émotions et de "capacité pour s'auto-recharger en émotions" sans céder à l'excitation pure - au dépend du contenu artistique, intellectuel etc.]


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Dans l'addiction, ce n'est jamais le produit qui compte, c'est bien plus la relation qu'un sujet établit avec lui. Il n'y a dans les addictions, que des cas particuliers.

Un enfant qui a connu la situation protectrice (reposer sur l'adulte protecteur) face au poste de télévision, va se sentir "bien" devant la télévision une fois adulte... peu importe le programme télévisuel en question. L'important sera que la lucarne soit allumée, que la télévision remémore la protection parentale. C'est le corps-à-corps avec l'adulte qu'on recherche (qu'on peut rechercher).

L'ordinateur, c'est l'activité gratifiante. Sur l'ordinateur, nous agissons directement avec les images, comme le bébé interagit directement avec la mère (et les images qu'elle offre, les objets qu'elle propose etc.) L'ordinateur peut être abandonné à tout moment, sans rancune lorsqu'on renouera contact avec lui.
Les jeux en réseaux, c'est l'activité narcissique. Ils assurent une gratification narcissique permanente par les pairs : les joueurs se félicitent entre eux après une étape importante dans le jeu vidéo.

Conclusion. Les images ont été inventé pour reproduire avec elles les diverses formes de relations fondatrices qu'il a d'abord entretenues avec sa mère. Ce ne sont pas les images qu'il faut craindre, mais les attentes irréalistes que certains sujets mettent en elles, ou l'usage manipulatoire.
Nous avons crée les images pour soutenir nos fonctions psychiques, ce désir s'est accompagné dès le début de l'inquiétude qu'elles s'y substituent.

Un des dangers de l'image serait d'en fabriquer qui correspondent à une seule fonction. Si une image prétend ne répondre qu'à un seul objectif, elle risque d'appauvrir le fonctionnement psychique.

samedi 25 juin 2011

Guerroyer en philosophie avec Sartre - par Bhl

Il y a deux façons de lire un philosophe :

- celle des professeurs, respectueuse de ce qu'il a dit, fidèle au vrai corps de sa doctrine, logique, attentive à bien retrouver l'ordre de se raisons et de son système.


- celle des philosophes, (donc des écrivains) qui ne se réclament de la pensé d'un autre que parce qu'ils n'ont pas encore le moyen d'oser affirmer la leur, l'assumer, penser en leur nom. Lecture sauvage, alors. Lecture de pillard, de guerrier. Lire la pensée d'un aîné pour y trouver la sienne en gestation. Se faire des idées personnelles à ses dépens jusqu'à tomber dans un cul-de-sac. Citer Husserl ou Heidegger pour y prélever des traits , des armes, des renforts. Les corriger l'un par l'autre. Les opposer, tous deux, à Hegel. Tant pis si l'on manque le sacro-saint mouvement de la pensée citée. Tant pis si l'on déshistoricise le sens de cette pensée. On entre dans le grands morts comme dans un moulin. On prend dans la pensée d'autrui, mort ou vivant, la matière de sa propre pensée, jamais tout à fait finie.


-- repris de "Le siècle de Sartre", de BHL (page 135).


///


Engagé, en 1944 dans Qu'est-ce que la littérature? - pour Sartre, ça veut d'abord dire 'conscient du pouvoir de la parole'. Et non cette police de la pensée qu'il exercera plus tard.

Le concept d'engagement n'est pas un concept politique insistant sur les devoirs sociaux de l'écrivain; c'est un concept philosophique désignant les pouvoirs métaphysiques du langage.

Guerroyer en philosophie avec Sartre - par Bhl

Il y a deux façons de lire un philosophe :

- celle des professeurs, respectueuse de ce qu'il a dit, fidèle au vrai corps de sa doctrine, logique, attentive à bien retrouver l'ordre de se raisons et de son système.


- celle des philosophes, (donc des écrivains) qui ne se réclament de la pensé d'un autre que parce qu'ils n'ont pas encore le moyen d'oser affirmer la leur, l'assumer, penser en leur nom. Lecture sauvage, alors. Lecture de pillard, de guerrier. Lire la pensée d'un aîné pour y trouver la sienne en gestation. Se faire des idées personnelles à ses dépens jusqu'à tomber dans un cul-de-sac. Citer Husserl ou Heidegger pour y prélever des traits , des armes, des renforts. Les corriger l'un par l'autre. Les opposer, tous deux, à Hegel. Tant pis si l'on manque le sacro-saint mouvement de la pensée citée. Tant pis si l'on déshistoricise le sens de cette pensée. On entre dans le grands morts comme dans un moulin. On prend dans la pensée d'autrui, mort ou vivant, la matière de sa propre pensée, jamais tout à fait finie.


-- repris de "Le siècle de Sartre", de BHL (page 135).


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Engagé, en 1944 dans Qu'est-ce que la littérature? - pour Sartre, ça veut d'abord dire 'conscient du pouvoir de la parole'. Et non cette police de la pensée qu'il exercera plus tard.

Le concept d'engagement n'est pas un concept politique insistant sur les devoirs sociaux de l'écrivain; c'est un concept philosophique désignant les pouvoirs métaphysiques du langage.

dimanche 19 juin 2011

L'importance des américains pour les français - Ilys

Jusqu’à 1870 la France était un pays européen, de la Plus grande Europe. Certes, Naboléon III avec ses lubies nationalistes et souverainistes poussait les Européens à se claquemurer chez eux, mais ça restait encore viable. Après la défaite devant la Prusse, l’humiliation, l’arrogance des Allemands, les Français ont refusé leur passé germanique pour s’inventer (je dis bien s’inventer) un passé Gaulois, a-germaanique. On ne voulait rien avoir à faire avec des Teutons. Astérix est né en 1870. Comme Maurras et De Villepin. La folie de la colonisation, apporter la civilisation aux sauvages pour en faire ses frères et semblables, a suivi la perte de l’Alsace-Lorraine. L’école publique gratuite et obligatoire, l’égalitarisme, n’était au départ que la volonté d’avoir des soldats parlant tous français et ayant un minimum d’instruction pour servir de chair à canon pour la Revanche tant désirée.

La France s’est fourvoyée dans la vengeance post-1870. Elle s’est éloignée des Allemands pour se rapprocher des sauvages. Elle a tourné le dos à l’Europe pour lier son destin à l’Afrique. Les 68-tards ne sont que des résidus inoffensifs. Les 70-tards sont les vrais fossoyeurs de la France : l’égalitarisme, le laïcardisme, le démocratisme, la plèbe triomphante, la haine de l’élite et de la grandeur, ce sont eux. Hippolyte Taine avait brillamment prévenu son monde en son temps, mais on a préféré écouter Jules Ferry.


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Oui, et puis « …nous serions tous en germanie », c’est une phrase dans un texte en vers, pas une thèse. Ca veut dire en fait « vous serier sous la botte nazi ou communiste ».

Cela n’a pas bcp de sens de raisonner ainsi. Sans le matériel américain et leur puissance de feu, la guerre aurait été autre, sans un second front ouvert à l’Ouest, aussi. Les pertes humaines étaient massives en 41 en URSS et les allemands on ne peut plus conquérant. Ce n’est pas seulement le prix du sang qui est déterminant, mais la stratégie. On peut sacrifier cent millions d’hommes en pure perte.

Disons qu’envoyer à la mort des millions d’hommes parce que pour les Soviets la vie humaine n’a aucune valeur ne tient pas de l’exploit. Leurs pertes gigantesques sont moins un signe de sacrifice que de la barbarie et de l’incompétence du gouvernement soviétique.
C’est là que les mots « un gars venu de Géorgie qui se foutait pas mal de toi » prennent tous leur sens. C’est à cet aune là qu’il faut vraiment estimer le sacrifice américain… Des jeunes gens libres, dans un pays puissant et libre, pas menacés directement par le conflit, qui viennent libérer un pays dont ils ignorent tout.
Le sacrifice des américains est plus grand, parce qu’ils avaient beaucoup plus à sacrifier.

Jeunesse de Soral dans les milieux universitaires

Les professeurs, très cultivés, sans maîtrise. Des ânes savants, aucune connaissance du réel, d'élève à prof.
Ecouté par des gamins bourgeois, et des bourgeoises de gauche, attirés par des faux concepts.
Il faut avoir un pied dans le réel, et un pied dans le concept.
Le livre déclenche naturellement une fascination. Quand on fréquente les vrais auteurs, on désacralise l'écrivain.
Privilèges de castes de l'université, c'est le prof' qui a un cheptel d'élèves qui l'admirent. Le prof' peut draguer.

Les prolétaires français écrivent en français (le rap) et la bourgeoisie écrit en anglais (rock et pop musique).

samedi 18 juin 2011

L'être en-soi et pour-soi chez Sartre

les modalités de l'être. Il en distingue trois :

– L'être en-soi, c'est la manière d'être de ce qui « est ce qu'il est », par exemple l'objet inanimé « est » par nature de manière absolue, sans nuance, un.
Le concept d’en-soi désigne tout ce qui est sans liberté et qui n’entretient aucun rapport à soi. L’existence de tout en-soi est passive en ce sens que, par exemple, un vélo ne peut décider d’être autre chose qu’un vélo, et ne peut pas avoir de préférence (par exemple faire un tour dans une heure plutôt que maintenant). Ce concept d’en-soi se rapporte donc aux choses matérielles parce qu’elles existent indépendamment de toute conscience.


– L'être pour-soi est l'être par lequel le néant vient au monde (de l'en soi). C'est l'être de la conscience, toujours ailleurs que là où on l'attend: c'est précisément cet ailleurs, ce qu'il n'est pas qui constitue son être, qui n'est d'ailleurs rien d'autre que ce non être.
Le pour-soi s'oppose à l'en-soi et désigne l’être de l'homme, pourvu d’une conscience qui fait de lui un être tout à fait particulier. Étant donné cette conscience capable de se saisir elle-même, le pour-soi a comme principal attribut une liberté absolue, une possibilité infinie de choisir.


– L'être pour-autrui est lié au regard d'autrui qui, pour le dire vite, transforme le pour soi en en soi, me chosifie.

Donc :
L'homme, se distingue de l'objet, en ce qu'il a conscience d'être, conscience de sa propre existence. Cette conscience crée une distance entre l'homme qui est et l'homme qui prend conscience d'être. Or toute conscience est conscience de quelque chose (idée d'intentionnalité reprise de Husserl). L'Homme est donc fondamentalement ouvert sur le monde, « incomplet », « tourné vers », existant (projeté hors de soi) : il y a en lui un néant, un « trou dans l'être » susceptible de recevoir les objets du monde.
Contrairement à l’en-soi qui coïncide toujours avec lui-même, le pour-soi, c’est-à-dire l’être humain, peut faire varier indéfiniment la conscience qu’il a de lui-même. Par exemple, mon vélo n’est qu’un vélo. Rien d’autre. Il est absolument incapable de prendre conscience de ce qu’il est et de sa situation. Tandis que lorsque je conduis ma bicyclette, je suis ce que je ne suis pas. C'est-à-dire que, demeurant un être humain, je suis pourtant devenu cycliste, ce que je n’étais pas à l’origine, et ce que je ne serai plus dans quelques instants, quand je me serai cassé la figure (et qu'alors je ne serait plus un cycliste mais un individu ridicule).


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« Le pour soi est ce qu'il n'est pas et n'est pas ce qu'il est »
— Sartre, L'Être et le Néant
« Il n'y a pour une conscience qu'une façon d'exister, c'est d'avoir conscience qu'elle existe »
— Sartre
« En fait, nous sommes une liberté qui choisit mais nous ne choisissons pas d'être libres : nous sommes condamnés à la liberté. »
— Sartre
« Les objets sont ce qu'ils sont, l'homme n'est pas ce qu'il est, il est ce qu'il n'est pas. »
— Sartre

samedi 11 juin 2011

Méthode évolutionniste dans l'éducation

Sur l'éducation qui devrait s'améliorer grâce à la sélection des comportements.

Si Hayek et les évolutionnistes (en sciences sociales) disent justes, on devrait observer une amélioration de l'éducation à travers le temps. Les parents héritent de toutes les erreurs accumulées dans le passé (par leur famille, qui leur raconte; mais aussi par leur expérience personnelle de constatation empirique de ce qui fonctionne ou pas, autour d'eux etc.).
Il m'est donc très compliqué de constaté qu'il n'en est rien. Les parents n'éduquent pas leurs enfants avec l'expériences qu'ils peuvent avoir après les siècles et les siècles d'éducation visant aux même buts (en occident disons), à savoir un tempérament calme, une faculté de concentration, et de l'obéissance.
Les parents ne profitent pas de leur expériences. On dirait qu'ils recommencent à chaque génération les erreurs que leurs parents ont commis il y a quelques décennies.

On pourra dire qu'il y a un progrès car les pédagogues dangereux à la Françoise Dolto ont été achevé. Mais il n'est pas certains qu'ils ne refassent pas surface un jour ou l'autre.

Plus généralement, on dirait que dans les modes de vie de chacun, rares sont ceux qui ont su apprendre des échecs des générations passées (à travers leurs expériences propres, les oeuvre de fictions, les expériences racontées etc.).

On critique la psychanalyse, et moi le premier, mais peut être est-ce un moyen d'utiliser son expérience personnel pour perfectionner son existence (et a fortiori l'éducation de ses enfants).
Mais enfin, quelqu'un d'un peu réfléchit devrait pouvoir apprendre de lui-même, et comprendre qu'il peut tirer des enseignements des erreurs des générations futures.

Si l'évolutionnisme dans la vie quotidienne n'a pas lieu; alors comment défendre sérieusement Hayek quant il propose l'évolutionnisme au niveau des civilisations, des systèmes juridiques, monétaires etc. C'est une vrai question.

Rôles des communistes dans l'après-guerre

Sur les communistes.

On oublie à quel point les communistes ont joué un rôle important dans l'après-guerre. Il ne suffit pas de dire qu'ils étaient "le premier partis de France".
Les jeunes, après la guerre, se demandaient une seule chose : qu'avaient leurs parents pendant la guerre. Par bonne conscience, par hantise de retomber un jour - eux même - dans la collaboration passive ou active, tous les jeunes s'inscrivaient aux parti communiste. Ils voulaient rompre avec leurs parents. (je tire ça d'une déclaration de l'historien Paul Veynes).

On oublie aussi que la droite ne défendait pas la "liberté". Pour être contre la guerre d'Algérie, il fallait allé chez les communistes. Babeth m'expliquait qu'elle avait signé les pétitions des communistes contre la guerre d'Algérie, car personnes d'autres ne proposaient ces "idées".
On oublie donc que le contexte intellectuel était tout à fait creux à "droite" : c'est le gaullisme qui a tout détruit, à mon sens. Il y avait les pro-algérie, et les moins extrémistes gaullistes étaient sans doute modéré, mais pas franchement contre.

Les communistes profitent de la médiocrité du camp d'en face pour s'imposer. Aujourd'hui, les pseudo-intellectuels profitent de la médiocrité des "grands intellectuels" ou apparentés philosophes... pour vendre leur merde, car les "grands" sont devenus illisibles (car médiocres). C'est de la faute des "grands philosophes" si des pseudo-intellectuels ont du succès. C'est de la faute (en partie) des conservateurs et de la droite gaulliste débile, si le parti communiste a eu autant de succès. Face à des libéraux, des vrais, les communistes n'auraient pas eu le monopole du pacifisme. Notons toutefois que Aron a rapidement signé en faveur de l'Algérie libre, ainsi que des auteurs "réactionnaires" comme Marcel Aymé etc. Donc quelqu'un d'un peu indépendant d'esprit pouvait réconcilier la liberté individuelle et la politique étrangère "libérale".
Evidemment, je n'oublie qu'il y a des constantes profondes en France, qui rendent services aux communistes, l'anti-capitaliste, l'anti-américanisme etc.

mercredi 1 juin 2011

Desplechin, le cinéma et le scepticisme

Quand la réalité est filmée puis projetée, elle signifie. Qu'on le veuille ou non. Le scepticisme - avec Descartes par exemple - implique qu'on peut douter que le monde existe, que j'existe moi-même. Comment s'assurer du monde ? Cette crise sceptique met en faillite la connaissance, ce qu'on peut tous éprouver à un moment ou à un autre.
Or le cinéma est d'une part un outil de comat contre le scepticisme, et d'autre part le récit de ce combat avec le scepticisme.
Chacun des personnages (ou chacun d'entre nous) a besoin de croire au monde. C'est à dire parfois de voir un film pour, en sortant de la salle, croire au monde.
Je vais au cinéma voir n'importe quoi et, en sortant, je me sens appartenir au monde. La machine cinéma met en échec nos doutes, notre scepticisme. D'autre part, elle met en scène des personnages qui sont eux-mêmes en proie au scepticisme.

Woody Allen rate son suicide dans Hannah et ses soeurs (1986). Il rentre ensuite dans une salle de cinéma où il voit les Marx Brothers qui gigotent du derrière. C'est le monde lui-même qu'il voit en cet instant, dans un acte de piété. Avant d'entrer dans le cinéma, il était allé à l'église mais n'avait pas réussi à rétablir un contact avec le monde. En voyant les Marx Brothers gigoter du derière, quelque chose lui apparaît de sa condition d'homme. En, il peut respecter ce qui lui est offert, c'est à dire la vie commune et la vie exceptionnelle - puisque chez Cavell c'est tout en un : l'extrême noblesse, et la condition populaire.

lundi 30 mai 2011

Films Mai 2011

Cinéma :
Minuit à Paris - Allen **
La ballade de l'impossible *
Pirates de Caraïbes 4 *
The Tree of Life - Malick
Le garçon au vélo - Dardenne *


dvds :
Hot Cat in a Thin Roof - Brooks ****
The Big Sleep - Hawks *
Little Miss Sunshine ***
Retour à la vie - Clouzot (avec Jouvet) **
The Nutty Professor - Lewis ****
La sentinelle - Desplechin *****
Comment je me suis disputé - Desplechin *****
Fin août, début septembre - Assayas ***
In a Lonely Place - Ray **
La chambre verte - Truffaut **
La vie des morts - Desplechin *****
Les Dames du Bois de Boulogne - Bresson *
Heaven can wait - Lubitsch ***
Blue Beard's Eighth Wife - Lubitsch ***
La jument verte *

Critiques de l'instruction publique par Rougemont

A peine capable de nous instruire, l’Ecole prétend ouvertement nous éduquer. D’ailleurs elle y est obligée dans la mesure où elle réalise son ambition : soustraire les enfants à l’Eglise et à la famille. Car il faut bien se représenter qu’elle [l'instruction publique] n’était encore au XVIIIe siècle qu’une utopie de partisans. Il ne serait guère plus fou aujourd’hui qu’on répande universellement et obligatoirement l’art du saxophone ou de la balalaïka. L’instruction publique et la Démocratie sont sœurs siamoises. Elles sont nées en même temps.

La laideur des « collèges » n’est pas accidentelle. C’est celle-même du régime. L’architecture de nos « palais scolaires » symbolise d’une façon frappante ce qu’il y a de schématique et de monotone dans la conception démocratique du monde.

Ils n’en sont pas moins devenus le but même de l’instruction ; la fin justifie les moyens et à quoi l’on subordonne tout, plaisir, goût du travail, qualité du travail, santé, liberté, sens de la justice et autres balivernes, instruction véritable et autres plaisanteries de gros calibre, car à la vérité ce n’est pas d’enseigner qu’il s’agit, mais de soumettre les esprits au contrôle de l’Etat.

La discipline primaire forme des gobeurs et des inertes, fournit des moutons aux partis. Ce ne sont pas seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce que M. E. Duvillard dit des enfants peu doués pour les disciplines scolaires : « Les épaves scolaires, faute d’un traitement pédagogique approprié, tombent dans une apathie intellectuelle qui les conduit souvent à l’imbécillité et au vice. »

Terminologie et concepts de Husserl

"Noèse", "noème" sont des termes décalqués du grec. La noésis, càd ce que fait le "noûs" (esprit), c'est l'opération de la pensée, c'est donc le côté subjectif. Le noème, c'est ce qui est visé par cette pensée (le "corrélat noématique" ; si je pense, je dois bien penser quelque chose, ce quelque chose, Husserl l'appelle le noème), donc c'est plutôt le côté objectif.

Entre ces deux éléments, il n'y a pas de différence REELLE (ça veut dire : je ne distingue pas deux choses, ici, dont l'une serait la pensée et l'autre la matière, à la façon cartésienne), mais deux pôles d'un même phénomène. Il n'est d'ailleurs pas nécessaire que ce noème soit un quelque chose existant matériellement dans le monde. Par exemple, je peux repenser à mon appartement dont je viens de déménager, dans le souvenir. Le côté noétique (donc de la noèse), c'est le souvenir comme un certain mode de se rapporter à l'objet (auquel je pourrais me rapporter autrement, par exemple dans la détestation, dans l'oubli, dans la crainte, etc), le côté noématique c'est la maison, mais pas comme une chose au sens réaliste, il se peut d'ailleurs que l'appartement ait été détruit depuis, etc., mais comme ce à quoi se rapporte, hors de moi, cette pensée ; elle se rapporte à un appartement ayant existé, dans lequel j'ai vécu, etc.

Ce qu'il importe de comprendre, c'est que le "phénomène" - donc ce que va travailler le phénoménologue - ce n'est pas seulement le côté de l'objet (donc, c'est pas du Kant), mais l'ensemble. Du point de vue de Husserl, ce qui ne suffit pas chez Kant, c'est qu'en gros il réduit le phénomène (Erscheinung) à ce qui est perçu, alors que la perception n'est qu'une manière parmi d'autres de se rapporter à quelque chose, et que les autres manières (la haine, la crainte, le désir et tout ce que tu veux) produisent un phénomène différent. Me souvenir de la maison, haïr la maison, espérer la maison, etc. sont des phénomènes différents. Ce n'est pas seulement le sujet qui change (ses états affectifs), mais l'objet aussi.

En ce qui concerne l'essence, elle ne me semble pas recevoir chez Husserl un contenu différent de celui qu'on trouve chez tous les philosophes depuis Platon.


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La transcendance du monde, cela signifie, comme tu l'as compris, que le monde est hors de moi. Il n'est pas "dans" ma conscience. Ceci permet à Husserl de se débarasser de ce qu'il appelle le "psychologisme" (le monde n'est rien d'autre qu'un état de ma conscience, quelque chose qui est "dans ma tête" puisqu'il n'est pour moi qu'en tant que je me le représente) Eh ben non, il est dehors, sinon ce ne serait pas un monde et je ne peux pas comprendre, avec cette manière de voir, comment je distingue par exemple une perception (d'un objet) et une hallucination. Pour cette affaire de transcendance du monde, je te renvoie au fameux article très saisissant et brillant de Sartre dans Situations 1 sur le concept d'intentionnalité. Transcendant : extérieur à.

Husserl utilise "transcendantal" dans un sens kantien. Le sens que donnaient à ce terme les philosophes du Moyen Age a complètement disparu (je ne l'ai lu chez aucun auteur postérieur à Kant ; on peut donc l'oublier sauf si on veut bosser sur la scolastique, Aristote, etc.). Chez Kant, transcendantal se rapporte aux "conditions de possibilité" de la connaissance. Pour Husserl, il faut faire ressortir que le monde est toujours un monde pour moi, un monde qui se donne à ma conscience, qu'il renvoie à un ego constituant, ego transcendantal, donc. On reste donc avec Kant. Il y renvoie mais il est quand même transcendant. Ce n'est pas pour le plaisir de faire chier que Husserl est très difficile, mais parce que c'est vraiment très difficile...Il faut essayer de penser ces deux choses en même temps.
Le mode d'accès (et c'est peut-être ce que tu entends par "comprendre" l'ego transcendantal), càd la manière de dégager cette sphère du "transcendantal", c'est la réduction phénoménologique. C'est par cette réduction et elle seule que je peux espérer comprendre.


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La conscience, chez Husserl, est transcendantale. C'est pourquoi vous ne pouvez comparer évidence husserlienne (phénoménologique) et évidence cartésienne (ontologique). Chez Husserl, ce n'est plus : je pense, donc je suis, mais : je pense, donc je suis pensant. Évidence apodictique à ses yeux, l'évidence n'est plus chez lui adequatio intellectus rei, car elle n'a pas pour fonction de nous renseigner sur la nature du monde, de nous dire ce qu'il est. Sa fonction est de nous dire qu'il est (expérience du monde), peu importe ce qu'il est.

Schizophrène ou pas, chacun fait l'expérience du monde, indépendamment de la question de savoir ce que cela dit du monde ou de chacun. Ce qui intéresse Husserl, c'est l'intentionnalité de la conscience, laquelle est conscience de quelque chose (la visée de). C'est donc elle qui apporte l'évidence (ou la preuve) du monde en tant qu'il apparaît (phénomène), pas en tant qu'il serait ceci plutôt que cela (ontologie). C'est en cela que la conscience husserlienne est transcendantale.

dimanche 29 mai 2011

Les pseudo-mondialistes sont des français inconnus

En tous cas, ca démontre bien que BHL est bien plus un produit du système franço-français qu’un représentant de l’élite mondialisé. Pas le moins du monde un Juif cosmopolite dans la grande tradition, le BHL, mais une curiosité locale qu’on trouve au Frankistan.

DSK, ce n’est pas un produit du cosmopolitisme juif, mais c’était au contraire, en 1981 un fonctionnaire de l’éducation nationale barbu qui enseignait l’économie à Metz, qui avait une veste en tweed gris caca, qui comptait les pièces et qui fût discrètement muté vers Science-Po Paris parce qu’il était socialiste comme le nouveau Président de la République… C’est un franco-français qui a grimpé l’échelle jacobine en traînant dans les couloirs de l’État jusqu’à ce qu’il soit nommé par un autre président de la République Jacobine à la tête du FMI, qui a fait carrière dans le marigot jacobin du premier jusqu’au dernier jour, de sa miteuse faculté provinciale jusqu’à la chambre d’hôtel du Sofitel avec à l’intérieur sa femme de chambre noire qu’il s’est cru autorisé à violer, qui a fait montre du début jusqu’à la fin de la morgue et l’outrecuidance propre aux gens de l’État.

jeudi 26 mai 2011

Quelques notes sur Heidegger

1) paragraphe 27
La dictature de "on" : on pense tous pareil. On se révolte car on se révolte...
La parole est dictée par le "on". Qui est le "on" ?
La "pensée sérielle" chez Sartre, c'est l'alignement des gens à l'arrêt de bus qui sont à la fois ensemble et séparé.
Je ne suis pas l'auteur de ma pensée, l'auteur est anonyme et autre.
Le "qui" c'est le neutre, c'est le "on".
Le "on" nous décharge de notre être. L'existence est un fardeau.
L'authenticité exige que l'on affronte la difficulté d'exister.
Le divertissement chez Pascal, c'est le fait de détourner le regard des difficultés de l'existence.
La description de l'inauthenticité chez Heidegger. Le bavardage (qui est dissimulateur), la curiosité, l'équivoque. La bavardage, c'est le fait de se noyer de parole pour ne pas voir.
La grande question est celle de l'être, du rapport de l'être et du temps. On passe de qu'est-ce que l'homme chez Kant... à la question : qu'est-ce que le dasein/existant chez Heidegger.

Il rejette l'opposition sujet/objet, c'est la manière de réfléchir de Kant (la connaissance tourne autour de la connaissance, ou l'inverse?). Cette problématique est refusée par Heidegger. Le dasein est un être-au-monde, qui est d'emblée "au monde". Il n'est pas confronté à un objet qu'il perçoit, car cet objet est toujours inscrit dans un ensemble (le monde, les autres). Il n'y a pas "un" sujet, mais "des" dasein. Heidegger refuse don le sujet.
Heidegger n'utilise pas le mot homme, car son souci est de se dégager de la définition de l'homme comme animal raisonnable (c'est le propos de sa Lettre sur l'humanisme).
Heidegger ne veut pas saisir une conscience (comme Husserl), mais un être-au-monde.

2)
Heidegger et la mort. Il innove dans l'histoire de la philosophie.
Sartre est proche du double sens de la fin de la mort : c'est la fin de la vie, mais c'est aussi la fin (comme but) d'une aventure de la vie.

3)
Toute pensée du temps est temporelle elle-même, il n'y a pas surplomb possible. C'est la différence entre être "dans le monde", et être "au monde".
Nous sommes "temps", et pas dans le temps. Nous ne cessons de nous projeter vers l'avenir, de nous souvenir.... pour être présent au monde. Trois "ek-stases", trois dimensions de notre être : nous sommes toujours en avant de nous-même, et en arrière nous-même.
L'expérience du temps courante, c'est adhérer à notre action. Or ce n'est pas la compréhension ek-statique du temps. On y a accès que par la lecture.
Le temps de l'horloge, le temps collectif, c'est aussi le temps d'Aristote ("le temps est quelque chose du mouvement"). Conception inauthentique du temps.
Le temps authentique se définit à partir du dasein.
Le projet d'Heidegger, c'est de traiter de l'être à partir du temps. D'où le titre de son oeuvre.
Il n'y a pas de négativité chez Bergson. Alors que Heidegger est très proche du nihilisme, du négatif, du néant etc.
Chez Bergson, toute conscience est mémoire - privilégie le passé (conception à la Augustin, temps enfermé dans le présent). C'est l'inverse de l'idée de temps depuis Husserl, avec le tout-juste passé et le tout-juste avenir. Heidegger résout le temps à partir en amont de soi, dans le futur proche.

L'origine de le pensée (de toute l'armature de Heidegger) est dans l'affect. Pour expliquer finalement la complexité de l'affectif.
Ce qui abordent le temps en scientifiques n'y comprennent rien. Ils l'abordent comme un temps linéaire et spatialisé.
L'ennui, c'est quand le temps ne passe pas (Phénoménologie de l'ennui, de Heidegger).
Il y a un appel, anonyme. D'où l'ennui, car l'on sait être appelé. Quelque chose me pousse dans le dos, mais "personne" n'appelle. Mais ce "personne" trouve sa nécessité pour beaucoup de penseurs/écrivains dans leurs oeuvres (l'oeuvre n'étant pas que le livre, mais aussi l'entreprise etc.)
Ce n'est pas une entreprise moralisante (conscience morale à la Rousseau), car c'est un appel qui est totalement indéterminé. Et c'est à l'existant (dasein) de le déterminer.
Dans cet anonyme qui nous appel, qui rappelle la finalité sans fin de Kant. La question n'est pas "qui" m'appelle, mais "que répondre". La responsabilité - synonyme de liberté "vraie" - est dans la réponse. La liberté c'est le sentiment qui nous invite à "répondre" à cet appel.
Il y a différentes manières d'être "appelé", par tout et par rien. Cet appel s'unifie progressivement vers une responsabilité de type éthique puis spirituel.

4) paragraphe 42 et 41
Heidegger et le souci. Fable sur le souci. D'abord l'utilisation anté-scientifique qu'utilise Heidegger (il utilise une mythologie sur le partage de l'homme entre Zeus et la Terre).
L'homme est "en souci". Le souci est le terme qui désigne l'être de l'homme. Opposé à la définition traditionnel d'animal rationnel, un animal avec quelque chose de plus. Heidegger rompt avec cette définition de l'homme "composé". Il s'oppose aussi à la "philosophie de la vie" en Allemagne.
L'homme n'est plus un animal (ce n'est pas "l'animal que je suis" d'après Derrida). Mais plutôt de comprendre l'homme comme un existant, en relation avec d'autres choses que lui-même. Plus enfermé dans le sphère de vie, mais un être de relation.
Etre en "souci de", c'est être dans un rapport aux autres. L'homme est un dasein, un existant, et non pas du tout un animal.
Signification existential (ontologique). Le souci est aussi un terme technique, qui désigne cette triade (l'existence, facticité, la déchéance). Il faut penser ces trois éléments en tant que structure ontologique de l'homme en tant que dasein (on traduit "être en souci" par "sorge", qui veut aussi dire "soin").

Etre en souci, c'est être en avant de soi (qui rejoint "deviens ce que tu es"). Nietzsche déjà dit que l'homme est un animal non encore fixé.
L'homme est un être perfectible, changer de goût, déchéance, progrès etc. pour Rousseau. Pour Marx, l'homme se distingue des animaux lorsqu'il commence à produire ses conditions d'existences.
Pour Heidegger, l'homme doit aussi se donner à lui-même sa propre possibilité d'être. L'être de l'homme est possible et jamais fixé.
Sur la notion de perfectibilité, c'est une philosophie des lumières (à la Rousseau donc), qui n'est pas celle de Heidegger. Rousseau pense l'indétermination avec l'idée des lumières, pas Heidegger.
Des manières possibles d'être. Le dasein, ce n'est pas un être qui est, c'est des manières possibles d'être. L'authenticité et l'inauthenticité sont des manières possibles d'être du dasein.
La différence étant qu'il est un ensemble de possibilités, contrairement aux animaux. L'homme assume les possibilités, ou les rejette.
L'autre aspect du "souci" ("sorge" en allemand, et "cura" en latin). Heidegger dit que je suis auprès des choses qui sont là, on doit prendre soin de ce qui est là, et l'assumer en le reprenant dans mon projet.
On accuse Heidegger de ne pas avoir écrit d'éthique. Or l'homme comme souci, implique une éthique, peut être indirectement.

Pour Heidegger, la question fondamentale, c'est la question de l'être et sa signification temporale. Ce n'est pas celle de Sartre, ni des existentialistes français.
Levinas est un penseur de l'extériorité, on trouve cette idée fondamentale : l'être de l'homme est définis par les rapports qu'il a avec l'autre que soi.
On peut tirer de Etre et Temps, toute une idée de l'homme qui ne va pas dans le sens du nazisme. L'idée que l'homme est un être de relation, qu'on ne peut pas expliquer en partant de la biologie. L'homme n'est pas séparable du lien lui-même.
L'intérêt de Etre et Temps souligne que l'homme n'est pas biologique, l'homme est une tâche, l'homme à a être. C'est l'antipode de l'idéologie nazie.
Heidegger, comme Bergson et Nietzsche, traversent une époque très imprégnée du positivisme du XIXe siècle. Epoque qui vient après l'effondrement de l'idéalisme allemand. D'où la nécessité pour Heidegger d'élaborer une nouvelle écriture (difficile) pour dire des choses nouvelles.
La sollicitude qui libère et celle qui enferme.
La réflexion sur le mot être va à l'encontre des anciennes définitions. L'être n'est pas indépendant du "soin" qu'on lui apporte.
L'homme comme berger de l'être : c'est que l'homme est celui qui prend soin de l'être. Pour qu'il y est être, il faut que l'homme prenne soin. Il y a un souci des choses "préoccupation" (animal dépourvu d'arme naturel, le côté marxien). L'autre côté du souci, c'est le fait de prendre soin de l'autre existant/dasein. C'est là où Heidegger dit des choses si essentielles qu'elles sont reprises par des psychiatres.

Le thérapeute ne prend pas la place du malade, mais lui donne la possibilité par l'aide qu'il apporte, que le patient prenne en charge lui-même ses difficultés.
Le souci de l'autre est-il dicté par le fait d'être au monde? Le danger est de reprendre l'opposition égoïsme/altruisme. Heidegger a une plus grande ambition. Le "souci" est toujours souci de soi et de l'autre. Il n'y a pas à choisir entre "moi" et "non moi". On ne peut pas se soucier seulement de soi, on ne peut pas faire sécession. Ca n'est pas possible car l'homme est un être exposé, il n'y a pas d'égoïsme possible. Je ne suis pas d'abord là, mais je suis d'abord essentiellement dans la relation aux autres que moi.

mercredi 25 mai 2011

Sur la métaphysique de Badiou

Prompt à marquer ses inimitiés, Badiou adopte également une lecture polémique de l'histoire de la philosophie. Il y repère régulièrement des grands affrontements ou encore des « lignes de front ». Un front inaugural oppose Platon et Aristote. L'aristotélisme est encyclopédique et rejette la question de la vérité au profit du savoir sous toutes ses formes (du savoir logique, qui passe par l'analyse du langage, au savoir physique et biologique, qui s'intéresse aux conditions de l'expérience sensible) ; Platon, lui, s'intéresse aux Idées et aux Vérités. Un deuxième front apparaît à l'époque classique, avec le conflit entre le scepticisme de Montaigne et le rationalisme de Descartes et des cartésiens systématiques (Spinoza, Leibniz, Malebranche). Un troisième front survient dans l'Allemagne des XVIIIe et XIXe siècles : la ligne de fracture passe entre le système critique de Kant (qui conserve des traits aristotéliciens et sceptiques, avec l'idée notamment que la connaissance est limitée) et le système dialectique de Hegel.

(...)

Il se range résolument du côté de Platon, Descartes, Hegel, des philosophes préoccupés par la vérité. À l'inverse, le cauchemar de Badiou tient à l'alliance sans cesse faite et défaite entre les doctrines du savoir (plutôt que de la vérité), le scepticisme, l'autolimitation de la connaissance, une certaine religiosité et le refus de l'Idée. Certains de ces ennemis forment le cortège de ce que Badiou appelle, en reprenant un thème de Lacan, « l'antiphilosophie ». Elle se manifeste aussi dans la tradition socratique antiplatonicienne ou chez Pascal, auteurs qui manient l'ironie envers la métaphysique et se moquent de la prétention à forger un système, comme plus tard chez Kierkegaard ou Wittgenstein, qui assimile la philosophie à une pratique et non à une théorie. Il y a chez Badiou une lutte permanente contre cette antiphilosophie, mâtinée de fascination pour sa puissance littéraire.


(...)


La thèse centrale de Badiou est que l'ontologie se confond avec les mathématiques, seul discours recevable sur l'être. Pour le dire autrement, le réel est tout à la fois mathématisé (structuré par les mathématiques) et mathématisable (connaissable au moyen des mathématiques). Ainsi, Badiou règle le problème du statut des objets mathématiques (s'agit-il d'idéalités, d'abstractions, de constructions ?) : ces objets ne sont pas seulement réels, ils sont le réel. D'autre part, Badiou radicalise et élargit en un sens la célèbre affirmation de Galilée : « La nature est un livre écrit en langage mathématique. » Pour lui, les mathématiques sont le vrai savoir de l'être et la philosophie pratique une méta-ontologie, un discours sur les mathématiques, qui les révèle à elles-mêmes. Un premier problème surgit : de quelles mathématiques parle-t-on ? C'est ici qu'intervient un second positionnement fort de Badiou, qui lui est souvent reproché par des épistémologues : lorsqu'il pose l'équation « ontologie = mathématiques », il se réfère à un domaineparticulier de la discipline scientifique, à savoir la théorie ensembliste de Cantor et Dedekind, jusqu'à sa formulation dite « standard » par Zermelo et Fraenkel.

Le terme fondamental ici est celui de multiplicité : Cantor cherche en effet à élaborer une théorie mathématique du multiple et Badiou la transpose, tout en l'adaptant, dans le domaine de l'ontologie. Il en résulte une nouvelle thèse : « L'Un n'est pas. » Il ne faut pas raisonner à partir de substances, de principes (l'Un, Dieu…) ou d'unités primordiales (par exemple, les atomes) dont la combinaison aboutirait ensuite à la formation de multiplicités. Le processus est inverse. « L'Un n'est pas » signifie que l'Un n'est rien d'autre qu'un concept « opératoire », une sorte de produit qui s'élabore à partir d'une « matière première » préalable, qui est le multiple.

Un ensemble est une réunion d'objets mathématiques sélectionnés grâce à une propriété,par exemple l'ensemble des nombres pairs, qui sont des multiples de deux. Au début des années 1880, Georg Cantor met au point la théorie des ensembles. Dans cet édifice mathématique radicalement novateur, le multiple est roi : on peut y construire une infinité d'ensembles (finis et infinis), les imbriquer (par réunion, intersection ou différence), les comparer. Ce sont Zermelo et Fraenkel qui donnent à la théorie des ensembles une axiomatique rigoureuse, en définissant leurs propriétés de base. L'ensemble vide y est fondamental : ne contenant aucun élément (à l'image d'un sac vide), il est la première brique nécessaire à la fabrication de tous les autres ensembles. On le retrouve au coeur de l'ontologie de Badiou, qui fait de l'ensemble vide « le nom propre de l'être », l'être dans son sens exact, minimal. Si être, c'est être un ensemble, il est alors possible d'appréhender le multiple sans le référer à l'un.
 

(...)


Chez Badiou, un mot désigne ce qui empêche le Tout de se constituer, ce qui l'excède et l'ébranle pour toujours : l'événement, soit le second régime du système, qui échappe à l'ontologie, force ou fend l'être. L'ontologie de Badiou est donc soustractive : l'événement est ce qui se soustrait à l'être, puisque l'être, qui est multiple, est structuré de telle façon que quelque chose en lui le dépasse toujours. À proprement parler, l'événement n'est pas : il arrive, il a lieu, il fait irruption. Il est par essence imprévisible, irréductible à toute connaissance anticipatrice.

Badiou peut rassembler sous le même nom d'événement une foule d'exemples concrets. Ils renvoient aux quatre « conditions » ou ordres de la philosophie : l'amour, la politique, la science, l'art. Dans l'ordre de l'amour, une rencontre imprévue est un événement. En politique, des séquences mouvementées qui créent une brèche dans l'Histoire sont des événements. En science, la fondation ou les extensions d'une discipline sont des événements. En art, enfin, toute oeuvre qui bouleverse les canons d'un champ esthétique fait événement.

samedi 21 mai 2011

Sur l'affaire DSK - mai 2011

Je me suis d’abord dit qu’il était fou. Mais en fait, nous avons peut-être au contraire une anti-affaire Dreyfus planétaire, voire une « affaire Dreyfus à rebours », je ne sais pas trop comment le dire.
Ca n’est plus la « droite » qui complote pour faire d’un juif innocent un coupable, mais la « gauche » qui complote pour tenter de faire d’un juif coupable un innocent.
Ca n’est plus la « droite » qui utilise l’antisémitisme pour forcer la culpabilité d’un juif innocent, c’est la « gauche » qui (risque) d’utiliser l’antisémitisme pour forcer l’innocence d’un juif coupable.

Je remarque qu’avant les black swanns l’Histoire est floue, j’avais depuis un moment la sensation que nous étions devant un « mur de l’Histoire », on pressentait que les choses allaient basculer mais il était impossible de savoir comment.

Si la condition des femmes s’est à ce point dégradée en France, ce qui je crois est vrai mais de façon très inégale, c’est à cause du gauchisme, de l’islam, des chansons de rap et de la désoccidentalisation de ce pays. C’est pour cela que Jean Daniel spontanément dit que les USA sont une autre civilisation, sauf que ça fonctionne à l’envers de ce qu’ils croient: nous nous barbarisons, ils le voient et vont nous le faire de plus en plus comprendre, et cet âne de Jean Daniel croit que c’est nous sommes aux commande et nous éloignons à dessin des Américains puritains et archaïques.

La définition du complot par Taguief:
« Les théories du complot, sommaires ou élaborées, perdurent, car elles permettent à ceux qui y adhèrent de donner un sens à un monde qui, sans elles, leur serait insupportable. »

mercredi 18 mai 2011

Citations de Gustave Le Bon

Si la science arrivait à découvrir un thermomètre des sentiments, des passions et des volontés, la conduite de l’homme dans une circonstance donnée serait aussi facile à calculer que la trajectoire d’une planète.

Une des grandes causes de faiblesse des peuples latins tient à ce que tout leur personnel dirigeant est issu d’examens universitaires prouvant la mémoire des candidats, mais nullement les qualités de caractère qui font la valeur de l’homme dans la vie.

En imposant à tous les élèves une instruction identique, on obtient un minimum de rendement avec un maximum d’effort.

Une des erreurs latines qui ont le plus pesé sur la vie de nos colonies fut de croire que l’instruction classique permettait de franchir rapidement les étapes séparant la barbarie de la civilisation. (ICI, IL FAUDRAIT PENSER AUX THEORIES DE N. ELIAS SUR L'INCORPORATION CORPORELLE DES SENTIMENTS ET DES CONDUITES HUMAINES : ECONOMIE DES PULSIONS INCONSCIENTES)

Un système quelconque d’instruction ou d’éducation est parfait s’il réussit à créer des automatismes inconscients utiles. L’intelligence possède alors desdociles prêts à exécuter ses ordres. Mal dressés, ils ne les exécutent pas.

Les habitudes inconscientes ont une force que ne possèdent jamais les principes.

Perdue dans les rouages complexes des civilisations modernes, enveloppée d’effets dont les causes lui échappent, la foule attribue forcément à des volontés parti- culières les événements dont elle ne peut saisir les lois. Ses révoltes n’ont souvent pas d’autres causes.

La contagion mentale peut se produire sans l’intervention personnelle d’un meneur. Un mot, une formule, un courant d’opinion suffisent parfois à suggestionner une multitude.

La mentalité grégaire des foules permettra toujours aux meneurs d’imposer une doctrine quelconque. Les plus absurdes croyances ne manquèrent jamais d’adeptes.

Les découvertes individuelles transforment les civilisations. Les croyances collectives régissent l’histoire.


Si la publicité des journaux constitue un moyen de persuasion très efficace, c’est que peu d’esprits se trouvent assez forts pour résister au pouvoir de la répétition. Chez la plupart des hommes elle crée bientôt la certitude.

La presse canalise l’opinion beaucoup plus qu’elle ne la dirige. Elle sert aussi à enser en termes nets des milliers de petites opinions fragmentaires trop incertaines pour être clairement formulées.

Si les peuples sont souvent déçus par leurs gouvernants, c’est qu’ils leur demandent de réaliser le meilleur, alors qu’un homme d’État ne peut réaliser que le possible.

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Rôle des Dieux :

L’histoire des peuples est dominée par celle de leurs dieux. Dans les temps modernes cette domination est restée aussi grande, mais les divinités ont changé de nom. Elles sont remplacées par des idées et des formules auxquelles leurs adorateursattribuent la même puissance qu’aux anciens dieux.

Aucun peuple ne vécut sans dieux. L’usure du temps, et non la raison, quelquefois les renverse, mais leur trône ne reste jamais vide. Le paganisme usé fit place au Christianisme, qui, usé à son tour, tend à être remplacé par la foi socialiste.

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Les opinions et les croyances :

Aucune foi n'est durable si on la dépouille des éléments fixes qui lui servent de soutien. Un Dieu sans temples, sans images, sans statues, perdrait bientôt ses adorateurs. Les iconoclastes étaient guidés par un instinct très sûr en brisant les statues et les temples des divinités qu'ils voulaient détruire. (OU COMMENT LA MEDIOLOGIE ET G. LE BON SE RENCONTRENT !!)

mardi 17 mai 2011

Sowell sur les noirs américains

Sowell explique que les Noirs américains se répartissent en trois grands groupes culturels : ceux dont les ancêtres étaient des esclaves dans le Nord, et ont été libérés bien avant la guerre de Sécession, la majorité des Noirs américains qui descend des esclaves du Sud et un troisième groupe qui a émigré en provenance des Antilles. Ceux issus de l’immigration, des gens comme Harry Belafonte et Colin Powell, sont aussi instruits et prospères que les Américains blancs. Sowell utilise cet exemple pour montrer que les traits culturels sont plus importants pour comprendre la situation économique des Noirs que le racisme ou l’absence de racisme.

Selon Sowell, après avoir souffert de l’esclavage, les noirs ont été les cobayes des expérimentations sociologiques du XXème siècle : emplois assurés, santé surveillée, hébergement bon marché, intelligences prises en charge par l’école publique et les programmes sociaux pour jeunesse à risque. Le problème, c’est que tous ces programmes d’assistance sociale se sont soldés par un échec retentissant. Certes, la politique d’« Affirmative Action » a été une aubaine pour les noirs qui étaient déjà intégrés et en particulier pour ceux qui étaient riches. Mais elle n’a rien fait pour les noirs qui sont au bas de l’échelle.

mardi 10 mai 2011

Idéologie globale articulée à un système mythique

Une citation de Louis Moreau de Bellaing :
« Nous appelons idéologie globale, la représentation sociale d’un phénomène culturel. Mais nous ne désignons une représentation sociale comme idéologie globale que si elle s’articule à un système mythique. L’idéologie paternaliste ou l’idéologie égalitaire sont de ce type. »

samedi 7 mai 2011

La bombe nucléaire, le maître et l'esclave - Xp

En 1945, quand ils ont  balancé leur bombe sur Hiroshima, les américains  ont  administré une leçon de philosophie majeure à l’humanité.
Ils l’ont engagé dans une révolution anthropologique, et les philosophes qui ont parlé dans les soixante années suivantes n’ont pas compris ce qui s’est passé… Avant Dresde et Hiroshima, avant la Révolution, on  croyait encore que l’honneur et le courage ne pouvaient se jauger que dans les tranchés. Avant Dresde et Hiroshima, tous le monde croyait à la règle du Maitre et de l’escave explicitée par Hegel selon laquelle le Maître l’est devenu en mettant sa peau sur la table, tandis  que le tour de l’esclave vient quand il est mûr pour  le sacrifice.

Dans nos écoles aussi, nous ne voulons pas que nos petits geeks se créolisent en échangeant des beignes avec des africains issus de l’immigration, que le le petit civilisé doive en quelque sorte rendre hommage au petit barbare en descendant de l’avion, en passant ses récrés à se battre plutôt que de lire Montaigne.
Ben Laden était un imbécile, un type qui raisonnait mal, comme Régis Debray, comme  un vulgaire conservateur occidental qui en est resté à Hegel et à Kojève… Il avait dit aux occidentaux nous vaincrons parce que nous aimons plus la mort que vous aimez la vie pour sous-entendre que nous perdrons parce que nous préférons la vie en esclavage à la mort héroïque du combattant…. Non seulement l’occidental d’après 1945 l’a tué, mais il l’a jeté à la Mer comme un cleps.


Régis Debray avait écrit un bouquin confondant de bêtise sur le terrorisme islamique et le 11 septembre, dans lequel il expliquait que l’occidental ne voulant plus mourir, il était destiné à perdre et devenir l’esclave des musulmans, eux qui sont encore animés par une Foi…. Bref, le devoir d’un étudiant en première année de philo qui plaque bêtement ses lectures sur l’actualité.
Je précise: Ce qu’Hegel avait démontré, c’est que le Maître, c’est celui qui est prêt à sacrifier sa vie, qui considère que ça va de soi, tandis que l’esclave est celui qui refuse d’envisager cette éventualité, qui place la survie au dessus de tout autre considération, qui demande des garanties, et qui en échange accepte de sacrifier sa liberté.
Or, ce qu’on a pas bien compris, c’est que cette donne, philosophiquement, ne va pas de soi…Qu’il n’y a aucune raison, moralement, pour qu’il faille choisir entre la liberté et la vie… Que ce chéma n’était dicté que par les circonstances, qu’il n’est pas le fruit d’une logique immuable, et l’homme, cet animal spéculatif et métaphysique, allait oeuvrer pour rompre le processus…


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le grand intérêt et qui devant Dieu justifie peut être bien le massacre de tant d’innocents et la lente agonie de tant de gens dans des circonstances atroces, c’est que le monde a VU ce que serait une guerre atomique. Nous devons peut être la paix mondiale à Hiroshima.Presque certainement, même.

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Les Japonais et les djihadistes raisonnaient comme la totalité des peuples non-Occidentaux, comme nos racailles de cité. Ils pensaient que l’intimidation était un moyen d’éviter la guerre en établissant un ordre de préséance. Qu’une démonstration de force (Pearl Harbour, le 11 septembre), était suffisante pour terrifier l’adversaire et le faire demander la paix. Les Occidentaux ne raisonnent pas de la sorte. La démonstration de force est perçue comme déclaration de guerre totale et absolue nécessitant l’éradication de l’ennemi. Quitte à envahir un pays situé à 12000 Km du Texas ou tuer 250 000 personnes dans la foulée. Au fond nous sommes beaucoup plus obsessionnels et fanatiques qu’eux et c’est cela qu’ils ne réalisent pas.

vendredi 6 mai 2011

Typologie des héros du polar

L’enquêteur cérébral comme Poirot pense que derrière des apparences anarchiques, la réalité est logique et carrée. C’est pour cela qu’il cherche d’abord à reconstituer la réalité, sans perdre son temps à redresser une scène de crime confuse.
L’intuitif comme Maigret croit que tout est illogique dans une affaire, sauf le coeur humain. Il va donc s’imprégner du milieu du crime, pour atteindre un état d’empathie avec le meurtrier.
Le savant comme Sherlock Holmes croit que tout est logique, dans la scène de crime comme chez le meurtrier. une observation minutieuse va lui permettre de restituer l’enchaînement des causes qui a conduit au neurtre.
Le cogneur comme Marlowe pense que rien n’est logique ni intelligible. C’est le plus sceptique de tous. Il va se jeter dans le désordre de l’action pour que le forfait se résolve en direct devant ses yeux.

mardi 3 mai 2011

Philosophie de Cavell par Paola Marrati

La photographie n'a pas tuée la peinture dans sa quête de la ressemblance avec la réalité. La peinture tentait depuis longtemps de dépasser la ressemblance. En outre, la photographie est obligée d'être représentative quand la peinture est libre.
La réalité mécanique du cinéma n'est pas subjective. Le monde du film est vu, pour ainsi dire, de l'extérieur. Grâce à la caméra, je peux voir le monde à partir du dehors, échapper à mon intériorité pour atteindre le monde tel qu'il est. C'est le monde lui-même - incontaminé par notre regard.

Tout ceci rejoint l'obsession de la réalité, et le difficile rapport au monde, à notre intériorité. La modernité chez Heidegger, c'est le sujet qui devient spectateur (mais qui calcule, donc le terme de spectateur ne convient pas) du monde. Pour le sujet, le monde est à portée de main. C'est l'Etre qui s'éloigne avec la modernité. Le sujet a besoin de sortir de soi avec la crise de la modernité, pour s'ouvrir à l'Etre.

Chez Cavell, la modernité amène la hantise du scepticisme chez le sujet : la quête de la certitude du savoir et de la maîtrise technique ne se sépare pas de la hantise que la réalité soit à jamais inapprochable. Le problème de l'existence dans le monde, et avec les autres - le problème sceptique - n'aura pas de solution définitive. C'est le sentiment ou la crainte de ne pas être en présence de al réalité qui produit le désir obsédant de réalité.
Le monde d'un film défile sur l'écran, il s'offre ainsi au regard d'un spectateur qui reste invisible. Le cinéma nous permet de regarder le monde sans être vus. C'est le désir de voir le monde lui-même, sans médiation. Ce que la philosophie moderne semble nous interdire - à la fois chez Kant, Locke, Hume, Marx ou Nietzsche)... qui nous interdisent d'imaginer un monde objectif, hors de notre subjectivité. Il y a une revanche du cinéma contre la métaphysique.
Le problème de cette "revanche" étant que ce monde qu'on voit sans être vu, nous en sommes exclus. Ce qu'on voit sur un écran, ce ne sont pas des représentations subjectives mais des transcriptions automatiques de la réalité... je vois un monde dont la réalité extérieur n'est pas en doute, mais qui ne me donne pas prise. C'est un monde dont je ne fais pas partie. Je rêve de sortir de ma subjectivité, le regard d'en dehors du monde qu'offre le cinéma ne me satisfait qu'à moitié. A jamais ce monde sera vu devant moi, hors de ma portée.


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notes tirées de l'article de Paola Marrati dans "A quoi pense le cinéma?". revue du collège international du philosophie.

samedi 30 avril 2011

Films avril 2011

cinéma :
Pina ***

dvd:
Now, Voyager - Rapper (Cavell) ***
The Philadelphia Story - Cukor (Cavell) *****
Bringing Up Baby - Hawks (Cavell) ***
Adieu philippine - Rozier **
Adam's Rib - Cukor (Cavell) ****
The Party - Edwards ****
Kill Me Please (avec Poelvorde) *
Holiday - (avec Daroussin)
Gaslight - Cukor (Cavell) ***
The Naked Kiss - Fuller **
Max *
The Lady Eve - Sturges (Cavell) *****
Un dimanche à la campagne - Tavernier **
Sylvia Scarlett - Cukor **
Holidays - Cukor **
Rally Round The Flag Boys - McCarey *
Dinner at eight - Cukor **

Civilisation européenne sur le déclin - Ilys

La civlisation européenne court à sa perte, c’est une évidence, mais est-ce une raison pour s’abrutir de sermons politiques lénifiants et de bougisme militant ?
Contrairement à ce que dit Marie-Thérèse Bouchard, c’est parce que les occidentaux ne se préoccupent pas assez de leur nombril qu’ils sont décadents.
Quand on a une vie à vivre, une famille à combler, des amis avec qui rigoler, du pognon à ramener et à dépenser, on évite de se faire chier le cerveau avec des histoires de décadence.
C’est parce que nous ne sommes pas assez égoïstes et intransigeants que notre mode de vie s’efface peu à peu pour être remplacé par celui des immigrés, non parce que nous serions trop matérialsites ou que sais-je encore, mais parce que nous sommes devenus tordus au point de voir le « déclin de l’Occident » dans un concert de Lady Gaga ou dans le string d’une gamine de 14 ans.

Il s’agit de la plus grosse des superstitions modernes et c’est dans la Réacosphère qu’elle se porte le mieux.
Nos immigrés sont pourtant mille fois plus « décadents » que nous (Afro-maghrébins = Champions du monde de l’alcoolisme et de la fornication) et bizarrement, ces mêmes immigrés sont bien plus conquérants et sûr d’eux que les chouineurs Fdesouchiens


L'education Nationale remplie plutôt bien sa mission. Si on prend le temps d’y réfléchir, elle pratique une sélection impitoyable bien adaptée à la société contemporaine. D’une part une sélection à l’intelligence, éliminant ainsi la partie basse, en-deçà de la moyenne, de la courbe de QI au sein de la population. Et d’autre part une sélection à l’usure qui consiste à éliminer tout élément qui pourrait être perturbateur, par son intelligence, son indépendance d’esprit ou son comportement.

Au final à Bac +5 vous obtenez des gens d’une intelligence moyenne, conformistes à souhait, ayant appris pendant des années à s’ennuyer docilement, à jouer le jeu, faisant preuve d’autonomie dans les tâches simples mais jamais d’indépendance, et ne remettant jamais en cause le fonctionnement du système. Le candidat idéal pour la fonction publique ou les grosses boites, où tout ce savoir-être accumulé lors de deux décennies d’école pourra trouver sa concrétisation.

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La décadence intellectuelle de l’occident, en 2010,  elle ne se ne se reflétait  pas dans les concerts de Lady Gaga ou le spectacle des gamines de 14 ans en string, mais dans la paresse des romanciers ou des essayistes qui  expliquaient alors la décadence par Lady Gaga et les stings sur les culs des enfants de quatorze-ans….La misère intellectuelle de l’époque, la vraie, elle résidait dans le fait que des ecrivains se soient laissés aller jusqu’à reprocher aux occidentaux d’êtres trop individualistes et puérils, alors que c’est au contraire leur manque d’ égoïsme,  d’intransigeance et d’entêtement à ne pas se justifier de leur puérilité ,  qui a entraîné la disparition de leur mode de vie et son remplacement par celui des immigrés….

Il fallait un petit peu de talent dans les lettres et  la philosophie, pour défendre le consumérisme et Lady Gaga au nom des lettres et de la philosophie… Pour entonner la chanson de la perte des valeurs, la complainte l’occidental par trop individualiste et consumériste, il   fallait   le niveau d’abstraction  d’un écrivaillons inconnus. Une  supertition moderne consiste à voir dans la chanteuse lady Gaga où les strings  des gamines  des signes de  notre décadence,  et une autre à considérer des ânes bâtés qui copie-collent Bernanos pour des intellectuels.

vendredi 29 avril 2011

Ecole publique en monopole, école privée libre

Remplacer les fraits d’entretien à destination des étudiants à la charge de l’état par des prêts étudiants à taux classique . Seuls les bons élements s’orientant dans des filières prommeteuses auront la possiblitée de les rembourser , on élimine d’office un certain nombre d’individus n’ayant tout simplement pas leur place dans de tels lieux .
De futurs actifs n’ayant aucune dette envers l’état sont moins susceptibles de devenir fonctionnaires et auront certainement plus à coeur d’étudier , travailler et rembourser leurs dettes plutôt que manifester pour la palestine.


« L’école est un service que vous payez »
Si seulement . On paye pour un service , c’est un choix , un investissement , un acte de consommation . Dans la mesure ou les programmes scolaires sont presque les mêmes partout , ou la scolarité est de fait obligatoire , ou l’on passe à la caisse à chacune de nos actions , non . L’état impose , l’état rançonne . Il n’y a aucun lien entre investissement et rentabilité , le fait de payer beaucoup d’impôts n’améliorera pas la qualité de l’école de vos enfants . On lance de l’argent dans le pot commun , il est déversé à l’aveuglette , ce n’est pas ce que j’appelle payer.

Les parents prêts à sacrifier leurs vacances pour payer une école privée (mais VRAIMENT privée , où l’état n’a aucun droit de contrôle sur les programmes) sont certainement nombreux . Si l’école devient une entreprise , il y a donc une exigence de rentabilité , d’exellence de la part des professeurs , une sélection , une spécialisation des connaissances .
Il n’y a aucune dette morale à avoir envers un professeur ou un fonctionnaire quelconque dans la mesure ou il y a un monopole , un manque d’efficacité flagrant , un gouffre financier et ou l’EN ne se contente pas d’être inefficace , mais est avant tout NOCIVE .
Si un seigneur vole tout le bétail et les terres d’une région et distribue les miettes , j’imagine mal ses serfs avoir une dette morale envers lui.

jeudi 28 avril 2011

Mélancolie et égoïsme dans le déclin de l'Occident - Ilys

Pour le dire bref, jamais au 18ème avant Rousseau on ne trouve d’expression de la conscience malheureuse. On est malheureux parce que telle ou telle chose vous arrive, deuil, ruine, échec, mais pas simplement du seul fait de vivre. Il faudrait remonter à Marc Aurel (temps de crise…) pour retrouver quelque chose de semblable, encore Marc Aurel a-t-il en vu la sagesse. Il a un but. Mais en tous cas du 12 au 18 ème inclus (sauf Rousseau, et c’est bien pourquoi il est la clef de notre modernité) on ne trouve qu’individus cherchant le bonheur.

Et si vraiment on cherche autre chose on se fait moine. Les choses n’ont guère changé : il y a ceux qui chantent le progrès et ce qu’on a obtenu, ce qu’on va obtenir et clament qu’il serait stupide de s’angoisser quand la vie a de telles cadeaux à offrir, et il y a ceux qui se sentent mal dans un monde d’où « dieu s’est enfui » comme l’a écrit Heidegger. Voilà un nom qui s’impose : car pour Heidegger nous vivons bien dans cette époque où la technologie est – à ses yeux- une métaphysique ou plus exactement la traduction d’une métaphysique en acte, une métaphysique qui traduit le retrait de l’etre et une perte du sens par rapport aux pré-socratique. Le temps de l’anxiété. On est quand même en droit de se poser la question : pourquoi Kierkegaard, pourquoi après lui Heidegger, pourquoi Ionesco, Kafka, Becket et toute l’école de l’absurde?

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Le matérialiste, c’est celui qui considère que la matière compte, qu’elle est autre chose que rien, qui ne lui oppose pas l’esprit. En d’autres termes, qui considère que le corps prime sur l’esprit individuel, et qu’en tant qu’il est matériellement dépendant du collectif, il en est la propriété. Que les tracasseries de la chair engagent le destin de la communauté, qu’elle y a droit de cité, que l’esprit responsable doit lui en rendre compte.

Voilà pourquoi les millénaristes, à toutes les époques, s’occupent en premier lieu du trou de balle de leur prochain. Si nous devons aujourd’hui faire valoir notre égoïsme, c’est précisément pour maintenir l’ascendant de l’esprit, dont l’individu est le seul vecteur. Pour perpétuer la civilisation (du moins telle qu’on la conçoit en terre chrétienne).


Finkielkraut et Fumaroli sur l'ère culturelle contemporaine

Entretien entre Finkielkraut et Fumaroli (et Michel Deguy) dans lequel un diagnostic correct est posé :

- Nous sommes rentrés dans l'ère du culturel, c'est-à-dire de la prolifération de la culture officielle : soft power, ONG, écologie, hyper démocratie, massification, muséification, conscience bobïde, nivellement du goût et des formes; finalement indifférenciation multiculturelle.

- La culture officielle fonctionne comme un processus de déculturation et de désinformation. Le but d'une politique culturelle est d'éduquer les masses. L'art doit être rendu citoyen, concerné, devenir le support d'un message pour la foule.

- Le modèle n'est plus celui de la croissance par l'affirmation du beau, mais celui de la conformité à l'idéologie dominante, prétendument subversive, de fait uniformisée. Elle produit un art affairiste, celui de l'Etat kulturel : un art politique, un art de mandarins qui sent la corruption et l'argent public.

- Enlaidissement de l'art subventionné : au fond personne n'aime vraiment ça. C'est pourquoi l'Etat nous incite à en devenir comsommateurs, par exemple en rendant "gratuits" les musées. Les principaux acheteurs en sont principalement des administrations kafkaïennes. Il véhicule une fascination du recyclage et du déchet, fonctionnant lui-même selon un cycle consommation-expulsion-retraitement : compressions, art trash, collages etc.

mercredi 27 avril 2011

L'importance d'être un petit-bourgeois - Nabe

Le petit bourgeois, pour Nabe, peut se permettre des comportements "outranciers" et "impolis" pour un bourgeois. Nabe, Houellebecq, Céline, Bloy sont des petits bourgeois, qui se comportent sont "gène", sans honte. D'une impolitesse incroyable chez Nabe.
Les grands bourgeois se comportent avec des limites par l'éducation. Ils se tiennent bien. Il y a des choses qui ne se font pas chez les bourgeois.
Tout ça vient de la révolte contre l'éducation rigide des mères de l'écrivain.

mardi 26 avril 2011

Les pauvres s'achètent une télé, et ne se nourrissent pas - Duflot

It is not because they spend all the rest on other necessities. In Udaipur, India, for example, we find that the typical poor household could spend up to 30 percent more on food, if it completely cut expenditures on alcohol, tobacco, and festivals. The poor seem to have many choices, and they don't choose to spend as much as they can on food. Equally remarkable is that even the money that people do spend on food is not spent to maximize the intake of calories or micronutrients. Studies have shown that when very poor people get a chance to spend a little bit more on food, they don't put everything into getting more calories.

But the poor may well be more skeptical about supposed opportunities and the possibility of any radical change in their lives. They often behave as if they think that any change that is significant enough to be worth sacrificing for will simply take too long. This could explain why they focus on the here and now, on living their lives as pleasantly as possible and celebrating when occasion demands it.

Why had he bought all these things if he felt the family did not have enough to eat? He laughed, and said, "Oh, but television is more important than food!"


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Les auteurs discutent de l’existence de trappes à pauvreté liées à un manque de nourriture et soulignent que le problème n’est pas tant le manque de nourriture que la propension des populations pauvres à ne pas consommer – lorsqu’elles en ont l’opportunité – les aliments les plus nutritifs et les meilleurs pour la santé. Les principales explications sont que les résultats d’une meilleure nutrition ne sont pas immédiatement visibles et que certaines normes sociales conduisent à allouer les augmentations de revenu à des dépenses « cérémoniales » ou à des « loisirs ». 

dimanche 24 avril 2011

Décalages sur l'apparition des sentiments - Merleau

Il y a toujours un décalage entre ce que je sais de mes sentiments, et mes sentiments individuels véritables. Les sentiments intérieurs véritables m'apparaissent après avoir "mûri" chez moi pendant quelques temps. Il y a des sentiments en moi que je n'ai pas encore exploré, sentiments qui ne se sont pas révélés à moi.

- d'après Merleau-Ponty

mardi 19 avril 2011

Loi de Hamilton : altruisme et évolution

En 1964, il publie un article dans le Journal of Theoretical Biology, intitulé « The General Evolution of Social Behavior ». Il y apporte une solution à un des grands problèmes de la théorie de l'évolution (de Charles Darwin) : pourquoi existe-t-il des comportements altruistes chez les primates, alors que de tels comportements sont « coûteux » et souvent dangereux pour leurs acteurs ? L'explication réside dans l'aptitude darwinienne globale (inclusive fitness) des gènes, à la base de la notion de « sélection de parentèle » (kin selection) : dans chaque espèce, les individus privilégient les comportements de coopération avec leurs parents génétiques les plus proches car en se dévouant ainsi, ils favorisent la propagation de leurs propres gènes. Cette règle connue sous le nom de « Loi de Hamilton », a contribué à la célébrité de son auteur.

En fait, la loi de Hamilton dit que : « Les comportement altruistes seront favorisés par la sélection si les coûts (risques) pour effectuer le comportement sont moindre que les bénéfices (avantages) escomptés. » Il y a donc toujours un intérêt derrière toute action, mais cet intérêt décroît en fonction du coefficient d’apparentement. L’altruisme sera donc de 100 % pour un individu envers soi même, il ne sera plus que de 50% pour les enfants, parents, frère et sœurs, il tombe à 25 % pour les grands-parents, petits enfants, demi frères et demi sœurs, et devient infime au-delà.

La loi de Hamilton s’écrit : rb>c où r est le coefficient d’apparentement entre l’acteur est le bénéficiaire, b la somme des bénéfices pour tous les individus affectés par le comportement, c le cout pour l’individu effectuant l’action.

vendredi 15 avril 2011

L'ignorance généralisée du langage informatique

Si les intellectuels du troisième millénaire tentent de réapprendre le code - comme Leroi-Gourhan a appris à créer du feu avec des cailloux au XXe siècle, ils ne comprendront pas, l'espèce d'ignorance totale des moyens de productions de l'information-numérique.

jeudi 14 avril 2011

La religion comme remède aux angoisses de l'intelligence - Baudet

L'évolution biologique a transformé certains singes en hominiens, procurant à ceux-ci une intelligence leur permettant de trouver des solutions pour résister aux agressions de l'environnement. Puis, beaucoup plus tard, l'évolution a doté l'animal en train de devenir humain de sentiments pour lui permettre de résister aux angoisses provoquées par l'emploi de l'intelligence

Jean Baudet

samedi 2 avril 2011

Les niveaux chez Pascal

Pascal distingue cinq catégories :
Au bas de l’échelle se trouve le peuple. En général, il n’entend guère finesse en politique : il croit fermement que les lois de son pays sont essentiellement justes (en général il n’en connaît pas d’autres), et que les « personnes de grande naissance » sont d’un caractère véritablement supérieur à la masse. Il ne fait pas de différence entre les apparences et la réalité effective.

Au second degré, les demi-habiles sont des « esprits déniaisés », qui ont compris qu’entre être et paraître il n’y a pas de liaison nécessaire. Persuadés que « la naissance n’est pas un avantage de la personne mais du hasard » (ce en quoi ils ont raison), ils refusent d’honorer les grands, et sont aussi portés à contester les lois établies, au nom de lois plus justes. Mais ils ne sont qu’à moitié habiles, parce qu’ils ne voient qu’un côté du problème : ils ignorent ou ne veulent pas savoir que ces lois qu’ils veulent établir sont tout aussi arbitraires que celles qu’ils veulent supprimer ; et lorsqu’ils en établissent de nouvelles, le gain est la plupart du temps loin d’être évident, parce que la réalité ne se plie pas à leur fantaisie.


Le troisième degré est celui des habiles, qui ont en commun avec les demi-habiles de savoir que les lois sont vides de justice effective, et les princes de grandeur naturelle. Mais ils savent reconnaître la force qui soutient les institutions. L’habile parle donc comme le peuple, mais par intérêt bien compris.

Quatrième degré : les dévots, des demi-habiles chrétiens.

Enfin, au dernier degré, viennent les « Chrétiens parfaits », des habiles auxquels la foi donne une lumière supérieure : ils savent ce que valent réellement les princes et les lois ; ils leur accordent les mêmes respects que les habiles, avec cette différence qu’ils ne le font pas par intérêt, voire par égoïsme, mais parce que c’est l’ordre de Dieu qui a établi ces puissances humaines.

Le fondement de sa doctrine est d’origine théologique : c’est parce que l’Etat a pour fin l’organisation pacifique des concupiscences que l’homme n’a pas intérêt, selon Pascal, à vouloir réaliser sur terre une société parfaite : ce serait prendre la cité terrestre pour la cité de Dieu, confusion qui conduit nécessairement tout droit à la catastrophe.

Les "gardiens de vaches diplômés" - Xp

Gardien de vache diplômé, ça désigne, en gros, en terme de QI, la classe moyenne supérieure, celle qui tourne autour des 105, alors que la moyenne européenne est de 100. Dans les sociétés où, pour aller très vite, 90% de la population gardait les vaches, ils auraient, donc, gardé les vaches. Or, avec la massification de l’enseignement, ces cons étudient la philosophie, font les beaux jours des débats citoyens, et, in fine, la masse aidant, donnent le ton dans les universités.
Contrairement à ceux qui plafonnent à 90, ils sont capables de comprendre et apprendre ce qu’ont dit Platon et Aristote, Mais certainement pas de les dépasser. Or, l’étude de Platon et d’Aristote n’a d’intérêt que si le but, c’est de les avaler, les digérer, et dans une certaine mesure les oublier.
Pour le dire comme Hannah Arendt, ce sont maintenant les Homo Faber qui pensent, alors que la civilisation occidentale est basée sur la séparation des deux.

mercredi 30 mars 2011

Films mars 2011

cinéma :
Mr Arkadin - Welles ***
L'assaut *

dvd:
Ma 6-T va cracker *
Maigret tend un piège (Gabin)
Le procès - Welles ***
Citizen Kane - Welles ***
La splendeur des Amberson - Welles ****
Le troisieme homme (Welles) *
F for fake - Welles ***
Touch of Evil - Welles ***
Tu m'as sauvé la vie - Guitry ****
Ragging Bull -Scorsese *
The Aviator - Scorsese ***
Topaze (Jouvet) ***
Le Rebelle - Vidor **
La comtesse - Delpy
The fighter
Timer
His girl friday - Hawks (Cavell) ****
The Awful Truth - McCarey (Cavell) ****
Mr. Deeds Goes to Town - Capra (Cavell) ***
It Happened One Night - Capra (Cavell) ***

jeudi 24 mars 2011

Le problème de l'intellectuel de gauche - Jourde

Le problème de l'intellectuel (de gauche par définition) est qu'il attend son "affaire Dreyfus" pour être le Zola de son temps. Ils passent leur temps à défendre les pseudo-persécutés pour être "celui qui a défendu l'injustice contre tous".

mercredi 9 mars 2011

Notes avec Guillaumat sur Salin et Tresmontant

Chez salin, l'effet revenu est un produit de l'incertitude. C'est donc irresponsable et illogique d'introduire de l'incertitude dans un modèle qui l'exclu dans ses hypothèses.

claude tresmontant, l'existence de Dieu est déduit de manière certaine par la raisoon. l'information nait du chaos. le point de départ de la métaphysique c'est que rien ne sort de rien
l'expérience cruciale n'est pas envisageable en économie

jeudi 3 mars 2011

Sur l'antisémitisme - Xp

On peut dire que ses lois ridicules interdisant les propos antisémites font l’affaire des antisémites;
On n’a plus le droit de dire « Hitler n’a pas fini le boulot », ce dont les antisémites se passent fort bien. Mais on n’a plus le droit non plus, du coup, de pointer l’antisémitisme là ou il existe vrament, puisque c’est l’accuser de commettre un délit et donc en commettre un soi-même, la loi ne pouvant bien entendu entrer dans ce genre de subtilité.
Ca veut dire concrètement qu’il n’est plus possible d’avancer dans le débat d’idée qu’il pourrait exister de l’antisémitisme.
l’antisémitisme, ça consiste par exemple à mettre sur le compte du malaise social les agressions antisémites dans les territoires occupés… Mais ça n’est pas possible de traiter le sociologue de service d’antisémite, maintenant, il est protégé du débat par la loi. C ‘est pour ça, que l’antisémiste réel, en acte, progresse tranquillement.

mercredi 2 mars 2011

L'expérience cruciale en économie

Or,  il faut garder  à l'esprit  que les empiristes,  s'ils se veulent  (dogmatiquement) expérimentalistes,  ne sont  pas vraiment  des expérimentateurs  dignes de ce nom :  car  s'ils l'étaient,  ils chercheraient  sérieusement  à définir  les expériences cruciales,  les événements  dont la présence  ou l'absence  est censée  confirmer  ou réfuter  l'hypothèse théorique.  Or,  dans la mesure  où  c'est a priori  que la théorie économique  est vraie  (ou fausse  en cas d'erreur),  cette expérience  cruciale-là  ne peut pas être imaginée !  Pas plus  qu'on ne peut  se représenter  une "expérience"  qui permettrait  de "tester"  si deux et deux  font bien  quatre,  proposition  de même nature  scientifique  que les énoncés  de la théorie économique.

Par  conséquent  un expérimentateur  cohérent,  avant même  d'avoir  entrepris de  "tester"  une proposition  théorique  en économie,  se sera rendu compte  ou bien  que celle-ci  conduit  à des contradictions  et des impasses logiques  et qu'elle est donc  fausse a priori  (décrivant  ce qui n'est pas,  soit  parce que les choses  se passent autrement  soit parce que,  mal formulée,  elle amalgame  des phénomènes différents  voire opposés),  ou bien alors  qu'il ne lui est déjà  pas possible  d'imaginer  une situation  où elle serait fausse,  et qu'elle est donc  vraie a priori  (conclusion  qui ne l'effraiera pas  outre mesure,  sachant,  en expérimentaliste compétent,  que  la méthode  expérimentale  dépend elle-même  de vérités  a priori  comme,  par exemple,  l'arithmétique  ou la géométrie  euclidienne  qui est nécessaire pour  seulement concevoir  ses instruments  de mesure). 

Il n'y a donc  en fait  pas lieu  de parler  d'"expérimentalisme"  mais  de pseudo-expérimentalisme  à propos  des empiristes :  la méthode expérimentale,  on peut même dire  qu'ils l'ignorent,  puisqu'ils  ne tirent pas  les conséquences  de ses présupposés  logiquement  nécessaires  et que,  faute  d'appliquer  à fond  la cohérence formelle  dont elle a  un besoin  absolu,  ils ne peuvent  même pas  pratiquer  cette méthode  sérieusement.  C'est donc  parce qu'ils sont  des expérimentalistes infidèles  que les empiristes  refusent a priori  d'admettre  la preuve logique,  seule recevable  en théorie  économique,  et qu'ils  demeurent  incapables  de la reconnaître  au cours même  de leurs recherches.

lundi 28 février 2011

Films février 2011

cinéma :
La dame de Singapour - Welles **
Incendies ***
Les femmes du sixième étages *
127 heures **

dvd :
La marseillaise - Renoir
Monte Carlo - Lubitsch **
Il y a longtemps que je t'aime
La garconière **
Mon père avait raison - Guitry ****
La grande illusion - Renoir **
Désiré - Guitry ****
Sade
Le Jour Se Lève (Gabin) *
Des hommes et des dieux ***
Les enfants du paradis ***
Raison d'Etat **
Quand Harry rencontre Sally ***

Lazarfeld contre Adorno

La thèse principale de sa sociologie des médias se distingue vivement des théories marxistes de l'Ecole de Francfort. En effet, Lazarsfeld pense que l'influence des Médias dépend des opinions prééxistantes et du réseau de relations interpersonnelles du récepteur, ainsi que de son champ social. Le récepteur est donc davantage sensible aux opinions qui lui sont proches. Ainsi, un émetteur ne réussirait pas à changer l'opinion de son récepteur si celle-ci est déjà opposée.

mardi 22 février 2011

Dupuy et l'envie

L'inégalité n'est pas l'inverse de l'égalité. Mais bien plutôt, l'égalité est le contraire de la hiérarchie (dans les sociétés indiennes). DAns une société hiérarchique (comme le Brésil), les gens cherchent à se faire appuyer par leur position sociale et leur relation. Encore plus, les gens vont se plaindre de ne pas être appuyer par leurs relations sociales. DAns une société individualiste égalitariste ; les gens vont toujours critiqué le népotisme (même si ça se passe, peu importe, il faudra le cacher). Il y a donc bien de l'égalité/inégalité et non pas une hiérarchie.
Aux USA, on poursuit l'affirmative action, sinon les universités seraient à 50% d'asiatiques

Chacun préfère être l'esclave d'un même maitre plutot que l'esclave d'un autre.

L'envie chez Mises, chez Nietzsche

Après la lecture de Libéralisme et justice sociale de J-P Dupuy, qui critique (sans proposer, mais c'est voulu) les théories libérales de la justice, en affirmant [J-P Dupuy] que la société juste et bonne est celle qui contient l'envie. La question est maintenant : comment contenir l'envie, sans pour autant la détruire ?

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Mises sur l'envie et la capitalisme :


Dans une société basée sur la caste et le statut, l'individu peut imputer un destin défavorable à des conditions situées au-delà de son propre contrôle. Il est un esclave parce que les pouvoirs surhumains déterminant l'avenir tout entier lui ont donné ce rang. Son humilité n'est pas de sa faute, et il n'a pas de raison d'en avoir honte. Sa femme ne peut lui reprocher sa situation. Si elle lui disait : « Pourquoi n'es-tu pas duc ? Si tu étais duc, je serais duchesse, » il pourrait répondre : « Si j'étais né fils de duc, je ne me serais pas marié avec toi, une fille d'esclave, mais avec la fille d'un autre duc ; si tu n'es pas une duchesse, c'est exclusivement de ta propre faute ; pourquoi n'as-tu pas été plus habile dans le choix de tes parents ? »

C'est une tout autre histoire dans un régime capitaliste. Dans ce cas, la situation dans la vie de chacun dépend de lui seul. Celui dont les ambitions n'ont pas été pleinement assouvies sait très bien qu'il a raté des occasions, que ses semblables l'ont essayé et l'ont trouvé déficient. Quand sa femme lui reproche : « Pourquoi ne gagnes-tu que huit dollars par semaine ? Si tu étais aussi dégourdi que ton ancien copain Paul, tu serais chef d'équipe et jouirais d'une vie meilleure, » il prend conscience de sa propre infériorité et se sent humilié.

La dureté du capitalisme, dont on a tant parlé, réside dans le fait qu'il traite chacun selon sa contribution au bien-être de ses semblables. La domination du principe, à chacun selon ses réalisations, ne permet aucune excuse aux défauts personnels. Tout un chacun sait très bien qu'il y a des gens comme lui qui ont réussi là où lui a échoué, et que ceux qu'il envie sont des self-made-men qui ont débuté au même point que lui. Pire, il sait que tous les autres le savent aussi. Il lit dans les yeux de sa femme et de ses enfants le reproche silencieux : « Pourquoi n'as-tu pas été plus dégourdi ? » Il voit comment les gens admirent ceux qui ont plus de succès que lui et regardent avec mépris ou avec pitié son propre échec.


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Nietzsche et la justice :

On parle de la " profonde injustice " du pacte social: comme si le fait qu'un tel est né sous des conditions favorables, un tel autre sous des conditions défavorables constituait de prime abord une injustice; ou même que celui-ci est venu au monde avec telles qualités, celui-là avec telles autres. Le plus sincère parmi ces adversaires de la société décrète: " Nous-mêmes, avec toutes les mauvaises qualités morbides et criminelles que nous avouons, nous ne sommes que le résultat inévitable d'une oppression séculière des faibles par les forts." Ils reprochent leur caractère aux classes dominantes. Et l'on menace, on se met en colère, on maudit; on devient vertueux à force de s'indigner, - on ne veut pas être devenu en vain un méchant homme, une canaille... Cette attitude, une invention de nos dix dernières années, s'appelle aussi pessimisme, à ce que l'on m'a dit, pessimisme d'indignation. On a la prétention de juger l'histoire, de la dépouiller de sa fatalité, de trouver derrière elle une responsabilité et, en elle, les coupables. Car c'est de cela qu'il s'agit, on a besoin de coupables. Les déshérités, les décadents de toute espèce sont en révolte contre leur condition et ont besoin de victimes pour ne pas éteindre, sur eux-mêmes, leur soif de destruction ( - ce qui, en soi, pourrait paraître raisonnable). Mais il leur faut une apparence de droit, c'est-à-dire une théorie qui leur permette de se décharger du poids de leur existence, du fait qu'ils sont conformés de telle sorte, sur un bouc émissaire quelconque. Ce bouc émissaire peut être Dieu - il ne manque pas en Russie de pareils athées par ressentiment -, ou l'ordre social, ou l'éducation et l'instruction, ou les juifs, ou les gens nobles, ou bien, en général, tous ceux qui ont réussi de quelque façon que ce soit. " C'est un crime d'être né sous des conditions favorables: car de la sorte on a déshérité les autres, on les a mis à l'écart, condamnés au vice et même au travail "... " Qu'y puis-je, si je suis misérable ! Mais il faut que quelqu'un y puisse quelque chose, autrement ce ne serait pas tolérable ! "... Bref, le pessimisme par indignation invente des coupables, pour se créer un sentiment agréable - la vengeance... " Plus douce que le miel " l'appelait déjà le vieil Homère.


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Contre l'idée de chance : Par ailleurs, et on l'oublie souvent quand on en fait aveuglément l'éloge, une méritocratie authentique, par définition, élimine la chance. En méritocratie pure, ou dans tout système procédural apparenté (typiquement, une société résultant de la théorie de la justice de Rawls ou de type apparenté), la chance n'existe pas, chacun ne peut s'en prendre qu'à lui-même : c'est proprement invivable. Le hasard aide à vivre, à supporter ses échecs. Inversement, c'est parce que le parvenu s'attribue tout le mérite de sa réussite en oubliant le rôle de la chance qu'il est parfaitement imbuvable.

mardi 15 février 2011

L'identité et la culture - Finkielkraut

Notre rapport à l'histoire n'est pas modeste. Contrairement aux idées de Comte et d'Alain. Les historiens qui sont contre tout récit national, qui ne veulent mettre dans des musées uniquement la part "sombre" et honteuse de la l'histoire de France disent quoi ? Ils prétendent être au dessus de nos ancêtres qui ont colonisé et collaboré. Au dessus, car ces historiens critiquent les crimes et proposent une politique des droits de l'homme supérieure à toute autre. C'est donc foncièrement immodeste comme attitude ; en ce que ceux-ci estiment être supérieur en tout point à leur ancêtre, sans les respecter, sans les honorer pour ce qu'ils ont fait.

C'est terrible pour une jeunesse de ne pas avoir d'adulte devant soit.