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vendredi 31 mai 2013

Films mai 2013


Old Boy - 
** Very disappointing. I remembered a trash and gore movie… but it's more about hypnosis and dreams. The script is inconsistent: why wouldn't the girl tell her lover where she's from? It means they haven't talk about their past at all if they couldn't imagine their were father and daughter. The sequences of tortures and actions are amazingly filmed though.

The Cook, the thief, his wife and her lover - Greenaway
** Aesthetics, for sure. But it didn't succeed to impress me. The formalism doesn't bring anything, any poetry, any enlightenment. Everything's vulgar: the paradox is that the only explicitly vulgar character (the husband) is really interesting in his monologues. He's the perfect figure of the ogre. But the easy metaphor with the hell-purgatory-heaven is simplistic. And the characters are grotesque: the 'lover' reading books, the exploited cooks etc. Disappointing.

Deux anglaises et le continent - Truffaut
Splendid. I particularly like the two british actresses and their mother. Léaud is at his best in the tragically comic character. At his ease in the world, his is nonetheless as affected as a child at the end (when facing the little sister, who's more adult than him). The explicit accent put on the sexual discovery of the two sisters is impressing giving what Truffaut usually does. The letters, both written and read (including face-to-the-camera) take a huge importance with Truffaut's voice narrating and commenting the emotions throughout the movie.

The Hangover - 
. ***

La peau douce - Truffaut
Somehow interesting. The subject isn't new, the adultery. But the three actors are holding through and it eventually end up in an interesting way. Nice sequence in an elevator. Truffaut says he only cared about the way his actors had to look at each others (the bodies mattered less that the gesture of their eyes).

Only God Forgives - Refn
Disappointing. Very much so.

Tirez sur le pianiste - Truffaut
*** Impressive. Experimental shooting in black & white for today. Interesting work on the gangsters as grotesques and ridiculous. Aznavour's awesome struggling against life and sociability. The script is both sentimental, with suspense and absolutely tragic. Great movie.

La sirène du Mississipi - Truffaut
Boring from the beginning to the end. Almost. Deneuve's fresh but it's not making it worth watching.

mardi 21 mai 2013

Debord contre Debray


Pour Debord, le problème, c'est la séparation d'entre les consommateurs et le spectacle. 

Pour Debray, c'est l'absence de séparation, cette immanence festive contemporaine, qui pose problème. Absence de re-présentation, absence d'événements sacrés et collectifs, avec une stricte séparation du public et du transcendant.

Debord : le spectateur est séparé, et cette séparation même lui fait perdre toute identité. C'est de l'aliénation que de n'être pas inscrit dans l'expérience. Le regard, les images, qui représentent le spectacle en excluant les spectateurs/consommateurs.

Debray : les images et la représentation sont de plus en plus atteints par le spectacle contemporain qui veut réunir le spectateur et la scène. Qui veut faire monter les spectateurs sur la scène et abolissant donc la séparation. Et cette absence de séparation est dangereuse, car comment se constituer sans histoire, sans médiation "autoritaire" (le cinéma, le journal, l'Histoire) etc.

jeudi 16 mai 2013

Les sciences de la communication, Daniel Bougnoux


Les SIC veulent décrire l'extériorité de la raison, qui réside dans les réseaux sociotechniques de nos outils.

Coder, c'est abréger. Un signe est toujours plus bref que le signal qu'il envoie. 

Il convient de rappeler qu'un espace de propagation n'est jamais vide, mais  toujours déjà saturé de messages ou de représentations consistantes ; que la culture ayant horreur du vide, l'esprit humain n'est jamais à court d'explications ni de doctrines satisfaisantes. Que personne n'attend donc un message porteur d'une information nouvelle, c'est à dire potentiellement dérangeante.

Le Web, c'est un médium sans message. Toute son activité consiste à brancher des gens en réseaux, les laissant libres d'interagir et d'y naviguer. Aucun contenu n'est prescrit.

L'emprise numérique, Cédric Biagini


Contre la technique considérée comme neutre. Kundera refuse que ses livres soient édités en version numérique. Ce qu'on détruit avec l'e-book : la fonction d'éditeur comme intermédiaire, le rôle des libraires comme pôles d'accès au savoir, les bibliothèques comme lieu d'archivage, les institutions culturelles comme lieu de production des savoirs. Une fois enrichi et augmenté, le livre ne ressemble pas plus à un livre que le journal numérique ne ressemble à un journal papier. Francois Bon : la métaphore du livre nuit à l'innovation car on en reste à d'ancien schéma conceptuel.

Carr et l'internet qui rend bête : effet de dispersion de la lecture avec le scrolling. Le fait qu'une information est disponible nous pousse à ne rien mémoriser. Le "tl, dr" (too long, didn't read) pour montrer à quel point, rien n'est lu qui ne soit en petite quantité.

Le Kindle va fournir des outils à Amazon pour savoir combien de temps les gens lisent un chapitre, quels sont les passages soulignés etc.

Chacun devient le manager de sa propre marque : soi. Sur Facebook, la représentation conditionne le vécu. De 130 à 150 amis sur Facebook en moyenne, contre 5 à 10 dans la vraie vie.

La thèse des révolutions grâce à Facebook/Twitter repose sur l'idée que les médias pourraient transformer les critiques en actions. Pourtant en France on ne résume pas Mai 68 par le rôle de la radio. La combinaison des téléphones mobiles et d'internet peut néanmoins réduire les coûts de l'action collective (la faciliter). Wikileaks n'a, finalement, donné aucune informations importantes.

Contre les Anonymous qui luttent contre les lobbies des grandes entreprises culturelles… mais défendent la consommation de masse de leurs produits (via le téléchargement libre).

Le marketing viral : faire participer les internautes eux-mêmes à la campagne de pub.

Citation de Fahrenheit 451, du capitaine Beatty à Montag : "Bourrez les gens de données incombustibles, gorgez les de faits qu'ils se sentent gavés, mais absolument brillants coté information. Ils auront alors l'impression de penser, ils auront le sentiment du mouvement tout en faisant du sur place."

Pour un humanisme numérique, Milad Doueihi


Aujourd'hui c'est le monde en son entier qui s'est transformé en une interface donnât accès à des activités numériques.

Jusqu'à présent la culture numérique fut une culture assise, une culture de bureau, mais se transforme en une culture mobile.

Le code est un produit occidental : les langages sont modelés à partir de l'anglais. Le passage de l'informatique au numérique est le passage d'une technique à une civilisation.

Les méthodes du numérique sont dérivées des lettrés : annotation, curation, mis en récit, visualisation, déploiement massif de l'image.

L'amitié n'est plus un rapport entre deux personnes : elle devient la communication de cette relation et une invitation à échanger la relation elle même. La métrique quantitative change la relation à l'affectif en le soumettant justement au quantitatif. Si le mobile est une extension du corps, le corps devient une extension du réseau social.

Problème de la portabilité des données entre plateformes de réseaux sociaux. Le réseau social ne permet pas de rechercher, de circuler librement etc. par rapport au "réseau tout court". Sur un réseau social, une identité sans relation est une aberration.

L'anthologie de l'Ancien monde pour comprendre la spécificité du lecteur numérique : il a accès à un nombre infini de fragments et son écriture consiste en grande partie dans sa connaissance et sa maitrise de cette prolifération. L'auteur n'écrit pas, il classe, organise, distribue.

Ce qui compte avec le Cloud Computing, c'est l'accès au réseau plus qu'à la machine. Le succès des mobiles donne la possibilité de contourner le navigateur.

Faiblesse de la mémoire fabuleuse des robots. Métaphore avec la science fiction (K. Dick, Herbert). Or l'oubli est constitutif de l'apprentissage et de la pensée.

Sur le "J'ai de la chance" sur le moteur Google. Il faut faire confiance à Google d'avoir déjà tout lu, tout archiver, pour qu'il trouve lui-même la bonne page à la recherche. Aussi : les effets potentiels de suggestions avec la recherche assistée de Google.

Sur Facebook, tout est fait pour que l'utilisateur y reste et non comme chez Google pour que l'utilisateur rentre et sorte avec le plus de recherches possibles.

dimanche 12 mai 2013

Is Google Making Us Stupid?, Nicholas Carr



Nicholas Carr.  Les moteurs de recherche fournissent des idées, mais les façonnent aussi. Nous lisons plus aujourd'hui qu'à l'ère de la télévision, mais cette lecture a changé. Nietzsche : 'Our writing equipment takes part in the forming of our thoughts.

Google veut nous faire lire le plus possible, pour que nous laissions le plus de traces possibles. Google peut ainsi utiliser ces données pour son profit. Google a donc intérêt à nous faire lire, à nous faire surfer de pages en pages, à nous distraire d'une trop forte attention à quelque chose. La lecture lente n'est pas dans leur intérêt.

Nous développons donc une intelligence qui se rapproche d'une intelligence-artificielle. Nous sommes capables de passer d'un sujet à l'autre, de nous étaler sur beaucoup de sujets sans avoir un véritable corpus (comme le voulait la "cathédrale" du savoir de l'honnête homme occidental).

Le service informatique (the IT) prend trop de place dans l'investissement des entreprises. Tout comme l'électricité n'est plus le moyen de gagner en part de marché, l'IT ne doit plus être un espace pour espérer faire la différence avec les concurrents. Les microprocesseurs hyperpuissants gâchent de l'argent qui pourrait être mieux investit par les firmes. Il y a proportionnellement très peu de retour sur investissement avec l'investissement en nouvelle technologie.

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Influencia (revue). Le livre a d'emblée une dimension totalisante et vise à saturer un domaine de connaissances. L'hypertexte invite au contraire à la multiplication des hyperliens dans une volonté de saturer les associations d'idées.
Wolton : Nous sommes au point où tout le monde accepte de payer beaucoup d'argent pour changer d'outil de communication tout en voulant payer de moins en moins pour l'information.

Notes sur le numérique (1)


Le lien n'est pas censé relier des objets, mais une réalité plus immatérielle, l'information.

Dans les années 1950 l'informatique est essentiellement envisagée comme un outil de calcul scientifique ou de gestion de systèmes complexes. L'idée d'utiliser l'ordinateur pour communiquer ou comme outil individuel de travail intellectuel constituent un exemple de ces utopies de rupture.

Dans le cas de l'utopie fantasmagorique, l'abondance de l'imaginaire empêche d'inscrire la technique dans le réel. Dans d'autres utopies, l'absence d'élaboration d'une idéologie légitimante ne permet pas à une technique d'occuper une place mature dans le choix des ingénieurs, dans les usages des utilisateurs.

Le codex set normalement posé à plat sur une table, ce qui libère la main du lecteur et lui permet de n'être plus le récepteur passif du texte, mais de s'introduire à son tour dans le cycle de l'écriture par le jeu des annotations. Lecture sélective et non continue.

Refus du linéaire : ne pas se retrouver piégé dans un parcours de sens imposé de l'extérieur.

Le développement des blogs crée une polarisation croissante aux USA en ancrant les individus dans des sous-communautés, sous-cultures partagées.

Chris Anderson : Google et Yahoo arrivent à trouver un public pour des objets auparavant invendables, la cyberdistribution peut en effet faire du profit en s'adressant à des clientèles fort restreintes. Différentiation croissante.

Histoire des supports : parchemin (mémoire vie, moralité, dialogue), imprimé (accumulation et appropriation), silicium (pensée assistée par ordinateur, industrialisation des informations).

Défaut du déterminisme technologique : l'histoire montre qu'une innovation ne s'impose jamais comme on l'attend et ne pose pas les problèmes qu'on avait prévus.

Idées reçues et fausses :"internet donne accès au savoir" (internet ne remplace pas le processus humain d'assimilation), "internet, c'est la liberté" (Wolton appelle une réglementation), "internet c'est l'égalité" (écart entre les inforiches et les infopauvres).

(d'après des articles de Jeanneret, Patrice Filchy, Vendendorpe, Ollivier)


samedi 11 mai 2013

Pour une guérilla sémiologique, Umberto Eco


Il existe des éducateurs héritiers des Lumières qui font preuve d'un optimisme : ils ont une confiance inébranlable dans le contenu du message. Ils défendent l'exactitude de l'information dans les pages des journaux.

Mais il n'est pas vrai non plus que l'action sur la forme et sur le contenu du message puisse convertir celui qui le reçoit. Celui qui reçoit un message a une liberté absolue dans sa lecture.

La chaîne de la communication présuppose une source qui, au moyen d'un émetteur, émet un signal à travers un canal. Au bout du canal, le signal est transformé en message à l'usage du destinataire à travers un récepteur. Il y a du bruit le long du canal de telle sorte que le message a besoin d'une redondance pour être transmis. Dire que l'alphabet et la route sont des médias (comme McLuhan) revient à confondre un code avec un canal.

La variabilité des interprétations est al aloi constante des communications de masse. Les situations de réceptions sont sociologiquement différenciées, des codes différents agissent. La publicité : stimulation à l'achat pour un cadre moyen, dénonciation d'un univers étranger pour un provincial, message révolutionnaire dans les pays pauvres.

(dans l'ouvrage La guerre du faux).

Qu'est-ce que le virtuel ?, Pierre Lévy


Le possible est exactement comme le réel, il ne lui manque que l'existence. Le virtuel ne s'oppose pas au réel mais à l'actuel.

L'interaction entre humains et systèmes informatiques relève de la dialectique du virtuel et de l'actuel.

L'écriture accélère un processus de virtualisation (non simple prolongement) : détachement partiel d'un corps vivant, mise en commun, hétérogenèse.

La lecture sur écran est plus active. Lire sur écran c'est commander à un ordinateur de projeter telle ou telle réalisation du texte. Toute lecture sur ordinateur est une édition, un montage singulier.

Les dispositifs hypertextuels dans les réseaux numériques ont déterritorialisé le texte. Il y a maintenant du texte, comme on dit de l'eau ou du sable. Le texte est mis en mouvement, pris dans un flux, vectorisé. La page s'est dérobée. La numérisation créée un immense plan sémantique, accessible en tout lieu.

La multiplication des écrans n'annonce pas la fin de l'écrit : la culture du texte (impliquant distance critique, renvois, temps différé etc.) va se développer. La virtualisation fait correspondre le texte à son essence, nous venons d'inventer l'écriture.

Tel outil tenu en main est une chose réelle, mais cette chose donne accès à un ensemble indéfini d'usages possibles. Les outils ne sont pas que des extensions du corps (d'après Leroi Gourhan ou McLuhan). Le phénomène technique montre plutôt qu'un outil est une virtualisation de l'action. Le marteau peut donner l'impression d'être un prolongement du bras ; la roue n'est pas un prolongement de la jambe mais la virtualisation de la marche. (p. 73). 

La branche est un bâton virtuel. Les êtres humains ne pensent jamais ni seuls (mais dans le courant d'un dialogue réel ou imaginaire), ni sans outils.

La naissance de l'écriture est liée aux premiers Etats bureaucratiques à hiérarchie pyramidale centralisée (import, gestion). L'apparition de l'alphabet en Grèce ancienne est contemporaine de l'émergence de la monnaie, de la cité antique . La pratiqued la lecture étant répandue, chacun pouvait prendre connaissance des lois et les discuter. L'imprimerie a rendu possible une large diffusion des livres et l'existence des journaux, fondement de l'opinion publique.

mercredi 8 mai 2013

La métamorphose numérique, Jutant et al.


L'internet des objets consiste à numériser le monde physique en le truffant de capteurs et d'actuateurs qui vont permettre de sentir le monde physique à distance et d'agir dessus.

L'entretien de données informatiques implique de perdre du temps pour en gagner. La gestion des réseaux sociaux prend du temps.

Les individus sont tour à tour émetteurs, récepteurs et relais d'information.

Penser l'espace public à travers l'antagonisme de la libération des flux et de la privatisation des des sphères.

Il est possible de simuler tout déplacement par quelque moyen de transport que ce soit, recherche d'itinéraires etc. Simulation médicale, industrielle, de 'rencontre etc. Les Big Data permettent une expertise automatisée. Pour Baudrillard la simulation fait perdre le sens des réalités en créant une sorte d'hyperréalité dont le réel devient le modèle : l'hyperréel ne donne prise à aucun inconnu, et ferme les portes de l'imaginaire.

Stiegler. La technique est à la fois un remède et un poison. L'individuation technique nécessite les individus psychiques et sociaux qu'elle menace. 

Chaque étape de l'industrialisation fait naître une industrie de l'imaginaire. Tout d'abord l'industrialisme de Saint Simon (la Science Fiction, la presse), puis Hollywood (industrie culturelle, radio et cinéma) et enfin la Silicon Valley (informatisation).

Marketing. Les marchés sont désormais des conversations , la communication est interactive dans un modèle many to many (et non push top-down). Enfin le traitement des Big Data conversationnelles collectées massivement. La source de l'information devient toute la masse des internautes et non la seule entreprise (les blogs influents etc.). Enfin la relation avec l'entreprise change avec l'écoute des conversations des clients.

Lire, écrire, réécrire, Jeanneret


L'une des caractéristiques des médias informatisés réside dans cette capacité jusqu'à là inégalée de tout transformer en texte : l'objet, l'action et la communication.

Loin du mythe d'accessibilité, les contraintes de l'affichage nous semblent la toute première originalité du média. L'écrit est cantonné sur une surface de lecture unique et exiguë sur un écran.

Avec un geste sémiotisé le corps paraît dépossédé de ses prérogatives, virtualité, mais il est omniprésent. Les lectures à l'écran appellent une actualisation incessante de signes, et suscitent diversement aisance, habileté, souffrance ou fatigue.

Ce qui se voit à l'écran n'est pas ce que l'on fit réellement avec la main. L'action du corps dans son espace réel est différente de ses effets dan l'espace d'inscription informatique.

Après Jousse et Leroi-Gourhan, on peut considérer la souris comme une prothèse mais une prothèse particulière, qui est celle de al machine autant que celle du corps. Le geste est en effet ici un geste désigné, doté d'efficience par un processus industriel. Le pointeur représente le geste de façon indirecte. Ce que l'oeil contrôle ce n'est pas réellement l'objet ni le geste, mais une sorte de fantôme du geste dans l'objet lu. Le curseur incarne en effet une présence corporelle du lecteur dans l'espace du texte, une sorte d'écriture flottante de la lecture.

D'après les différents espace dans lesquels jouent les différences de lecture : tout ces passe comme si plusieurs textes à la fois étaient proposés à la lecture et que le lecteur procédait à l'extraction de al forme textuelle qu'il choisissait de retenir.

dimanche 5 mai 2013

Le web 2.0 en perspective, Rebillard



Il est faut de présenter les échanges de fichiers au format MP3 comme une nouveauté totale. Pour ce qui concerne l'information, les éditeurs de presse eux-mêmes savent bien que leurs produits ne sont pas lus par les seuls acheteurs (prêts de magazines, lecture en salle d'attente) etc. Internet n'est pas une révolution, c'est une accélération plus qu'une mise en mouvement.

Le marketing en amont (études de marché pour identifier la demande etc.) est plus efficace avec internet utilisé comme grand laboratoire social où sont expérimentées, par exemples, les nouvelles formes musicales.

Internet et la télévision participent d'une même dynamique, celle de faire participer l'usager.

L'influence directe des médias est l'exception quand la mise à distance par l'individu est la règle. Les discours et messages circulant font l'objet d'interprétation de la part des individus.

La fusion de l'auteur et du lecteur ne se fait pas aussi facilement que ne le défende les défenseurs du web 2.0. La création de nouveau contenu par les internautes constitue un épiphénomène qui concerne une partie bien précise (déjà créatrice de contenue avant internet) de la société. Les journalistes sont les premiers à suivre des blogs : l'inspiration est totale (page, découpage en blocs de textes etc.). 

Le passage à l'acte de la création de contenu dépend des conditions macro-sociales, plus que de la simple disponibilité des outils (différences entre les USA et la Corée).

Différence entre l'autopublication et le fait d'avoir une audience. Etre présent sur le web et être vu par les internautes montre le processus de la médiatisation qui fait défaut.

L'influence d'un blog seul est nulle. A l'aune de la blogosphère, les sites d'autopublications acquièrent une envergure plus consistante (ils sont repérables). Les liens entre blogs via les trackbacks et les flux RSS. Moyen d'interactions entre blogueurs. 

Retour de la participation du public (comme au Moyen Age dans la participation collective des chansons). Avec l'industrie culturelle, le public passe de participant à consommateur. Internet redonne une dimension participante à la foule. Mais l'autopublication peut être utilisée par les grandes majors américaines pour leur propre intérêt (exemple des fanfilms de Star Wars) lorsqu'elles s'insèrent dans la mythologie des industries culturelles (étouffement des autopublications déviantes).

Permanence de l'utopie d'une communication plus égalitaire (chez Saint Simon, Wiener et la thermodynamique, la "critique artiste"). Métaphore biologique d'une société qui a besoin de faire circuler l'information comme corps social pour son bon équilibre.

Les journaux de quartiers préexistaient au blogs  de proximité, tout comme les fanzines aux webzines. Ce qu'internet fait, c'est de mettre en lumière ces formes souterraines et de leur rendre accessibles. La conversation entre amis passe dans le blog, et est exposée universellement sur internet (outil qui universalise d'ancienne pratique, plus qu'il n'en crée).

Y a t-il vraiment des TI ?, Jeanneret


1. L'écriture aide non la mémoire, mais la remémoration. L'écrit est avant tout un support de durée. L'objet technique ne peut être un simple instrument neutre. Avec plus de mémoire, les hommes n'auront pas plus de savoir, mais un autre type de savoir.

Platon conteste la prétention qu'un objet serait du savoir. Les techniques de transmissions ne sont pas des relations d'esprits à esprits, mais des collections d'objets. La critique de Platon dit qu'il n'y a néanmoins pas de logos pur, de pensée sans dispositifs techniques.

Les médias ne sont pas des dispositifs d'enregistrements seulement. Leurs propriétés techniques, aux médias, concernent l'organisation et la manifestation de signes. Les médias ne traitent de l'information

2. Définition confuse de l'information dans le terme NTIC. A la fois procédure technique (théorie mathématique de l'information consistant à la définir comme valeur quantitative) et pratiques sociales.

L'information au sens sociale a pour condition l'interprétation, que l'information mathématique a pour bénéfice d'éliminer.

La thèse de Lyotard, variante progressiste (monde de l'information) et tragique (le langage et l'humanité sont moribonds).

Ambiguité du terme interface : compatibilité entre deux systèmes informatiques, ou espace de lecture pour l'utilisateur.

La réalité de la nouveauté technique n'est jamais directe, mais oblique : intertextuelle (réécriture de textes), intersémiotique (divers langages) et intermédiatique (divers supports). La nouveauté n'émerge pas d'internet seul, elle procède du jeu entre les médias. Internet a été montré et raconté par les médias qui le précèdent.

3. Les médias sont plus que des prothèses. Ils automatisent et développent un certain type de pouvoir qu'exerce l'homme sur lui-même. Les médias informatisés n'agissent pas sur la nature, mais sur la façon dont l'homme interagit avec les autres, échange etc. Mais qu'est-ce que l'informatisation change à ces médias ?

Contre McLuhan : le support c'est sans quoi le message n'existerait pas. Mais ce n'est pas le message. L'écran du PC offre une surface unique mais toujours renouvelée. Le changement technique exerce une détermination négative sur les pratiques culturelles. Avec le texte imprimé on ne peut plus rester dans l'espace du seul manuscrit.

Comment penser les effets des objets médiatiques sur nos pratiques sans nous définir nous mêmes comme de simples prolongements de nos médias ? En quoi les médias influencent les cultures sans faire des cultures des sous branches des médias.

Pas de régime médiatique uniforme. Internet ne serait rien sans les médias de masse et la presse écrite. Pas de basculement de l'un à l'autre, mais une hybridation.

4. A la différence de l'écran de télévision, l'écran informatique est un espace commandé à partir de la lecture. L'utilisateur d'internet est avant tout un lecteur. Le texte d'écran est investit d'un imaginaire infini, mais reste assez exigu dans la pratique : une seule surface textuelle.

La fiction du multimédia repose sur des leurres : abstraction de sa matérialité (écran, clavier, réseau), l'écrit informatisé est une reprise, une citation de toutes les matérialités de la culture documentaire. L'écrit d'écran ne cesse de reproduire et de mimer la page. Il faut des doubles virtuels des fenêtres, panneaux, étiquettes, cartes etc. C'est une double présence du matériel : celle du média lui-même et celle que le média a besoin de mimer.

Pas d'innovation en terme d'interactivité pour l'écrit d'écran. Déjà Eco montre l'interaction entre l'auteur et le lecteur d'un livre (comme celle d'un conférencier et de son auditoire). 

mercredi 1 mai 2013

Du livre et des écrans, Tisseron


Le pôle virtuel fait de nos attentes et de nos préconceptions, et un pôle actuel nourri des perceptions liés au contact avec le monde. La réalité n'est jamais telle que nous l'imaginions. Nous devons donc aller et venir et modifier nos représentations internes à l'aide des informations que nous donnent nos sens.

Les enfants jouaient dehors pendant l'après guerre. Puis avec la multiplication des jouets et des chambres, les parents les ont enfermés à l'intérieur. L'ordinateur et internet ont été des moyens de combiner le dehors et le dedans. Internet court-circuite l'influence parentale.

Sur internet on partage une part plus ou moins grande de l'intimité, mais pas de l'intime. L'adolescent introverti mal à l'aise dans la communication en face à face pourrait être incité à s'investir davantage sur internet.

La culture du livre est une culture au singulier, de l'un. Un lecteur et un auteur. On accède à la connaissance transcendante. La pensée linéaire, de la succession (le nombre de pages lues et à lire).

La culture des écrans est une culture du multiple. Plusieurs personnes devant des écrans et un travail d'équipe. Les récits se réorganisent, pensée circulaire. La mémoire du travail : croiser des sources, aller les chercher. Maintenir et manipuler des instructions.

La coexistence de contraintes dans la culture numérique. Un paradigme et son contraire existent. C'est l'adaptation aux changements. Processus de clivage plus que de refoulement, d'où les effets sur l'éducation.

La grande conversion numérique, Doueihi


Accès à l'information en même temps que des nouveaux mécanismes de surveillance et de censure.

La page imprimée est relativement fixe. Elle est associée à une oeuvre. Sa présentation est marquée et déploie une expressivité symbolique. La page numérique est dynamique.

Sagesse des foules dans le projet Wikipédia.

L'identité numérique est : transjuridictionnelle, n'a pas nécessairement d'origines, et résulte d'une agrégation.

La culture du mot-clé peut ouvrir à une nouvelle méthodologie.

Le retour de la voix à travers le podcast. Démocratise le moyen couteux de la radio qui n'était possédé que par des Etats.

Wikipédia n'est pas une expérience de démocratie. Sa méthode principale pour dégager le consensus est la discussion, pas le vote.

Un nuage est davantage qu'une concentration de pointeurs, il incarne une densité sémantique qui est typiquement numérique.

L'expression "tolérance logicielle" couvre les problèmes du numériques : problèmes d'accès, de conversion (entre imprimé et numérique, entre plusieurs formats etc.) et problèmes d'identités.

Opposition entre la cathédrale et le bazar comme métaphore de l'Open Source. Le bazar est un environnement qui encourage la diffusion.

Les disciplines littéraires sont plus conservatrices que les scientifiques. Les sciences sont en passe de réussir la transition numérique. Pas les sciences humaines.

Vie éphémère des formats numériques. Difficulté de préserver les données entre des ordinateurs.

L'historique Web permet de regarder en arrière dans le temps. Outil numérique d'un bout à l'autre : assissent la dimension polyphonique de l'identité numérique.

La lecture : naviguer et feuilleter ? Chercher et tagger contre lire et annoter ?

Le retour des sens avec la technologie tactile. Retour du corps.

La prééminence du format PDF ne fait qu'affirmer la volonté de restreindre le livre numérique à une fonction de production exacte. (Restituer l'original). Le lecteur devient auteur en faisant circuler le livre dans le voisinage d'autres objets. 

La condition numérique, Fogel-Patino


Twitter fait du temps réel la temporalité normale du numérique.

Internet n'est pas un média : il s'en trouve même à l'exact antipode (diffusion d'un contenu à partir d'une source unique). Internet : tout récepteur est diffuseur. C'est moins la production de contenu qui compte que le fait d'amener le réseau à s'y connecter.

La connexion permanent n'est pas une affaire de médias de masse. C'est une expérience qui interdit l'isolement.

Ce que les enfants savent par rapport à leur parent, c'est le maintenant. Internet dit ce que font les autres, les tendances, l'opinion etc. maintenant.

On est passé du showtime (spectacle), au primetime (rendez vous médiatique) puis désormais au breaking news (flux numérique).

L'expérience numérique est un kaléidoscope : un univers fait d'alertes, de messages, de commentaires, de liens. Le désordre est actualisé en permanence.

Analogie entre les jeux selon Caillois (compétition, simulacre, vertige) qui se retrouvent dans l'univers numérique.

Trois âges de la connexion : temporaire (le modem), permanente (stockage des données) puis la génération "du nuage" (toutes les données à disposition).

Internet est un espace aussi contre que le monde réel. Contre Baudrillard qui parle de la fin du réel. Internet propose en fait d'agir dans le réel, à travers les réseaux sociaux, des applications. C'est une extension du réel.

Fin des mythes : pas de pouvoir central utilisant internet contre l'internaute, pas d'internaute perdu dans le réseau central à la Kafka. La vraie crainte n'est pas dans la centralisation mais au contraire dans la dispersion entre sites, réseaux plate forme qui rend difficile le contrôle de l'information.

Pas d'opposition entre privé et public. D'où l'exhibition sur Facebook qui n'est pas de l'imprudence, mais la conviction qu'internet est du public médiatisé par du privé.

Les moteurs de recherche ont besoin d'information librement donnée par les internautes. L'ambition ultime de Google est d'indiquer une question avant qu'elle soit formulée. Nicholas Carr dit : internet va agir comme une boucle à rétro effet qui fait revenir à nous nos préférences. Un monde construit à partir de ce qui est familier est un monde où il n'y a rien à apprendre.

L'engagement sur internet est de tous les instants. Rebondir sur les autres, parmi eux, est l'essence du comportement numérique au quotidien. Le ton des échanges paraît plus fluide que dans le monde réel (exemple des emails envoyés aux professeurs).

Internet donne finalement une nouvelle place à l'écriture (contrairement à la radio, à la TV et au téléphone) pour que l'individu sente la nécessité d'être socialement attentif. Passage de l'internaute individualiste à l'internaute mobilisé. L'internaute est à la fois sujet et objet de ses actions : sujet et objet dans la géolocalisation, dans la recherche d'amis assistée etc.
Comment vivre sur internet qui archive tout et n'oublie rien.

Vision de McLuhan : des centres partout, des marges nulle part. La production de l'information a de même été radicalement décentralisée par l'invention de l'ordinateur personnel, encore accentué avec le Wifi et la 3G. 

Le nuage est l'ultime outil qui décentralise le stockage d'information. Du stockage au partage, de l'activité à l'interactivité, du fichier au lien, de la visite à la veille.

Les Big data comme éléments constitutifs. La recherche et l'analyse des données pour mieux prévoir les comportements. C'est le réseau qui façonne le monde : capter des données à travers internet détermine la mise en forme du monde réel. (Même sans connexion, nul n'existe en dehors d'internet).

La présence du code dans la vie numérique. Il vient remplacer l'interface classique (clavier, souris). L'application impose aux internautes un protocole de communication dans des termes qui ignorent l'oral et l'écrit. (Dualité entre les initiés et les non initiés aux langages qui donnent accès au langage machine).

Lecture : avec le Kindle aucun numéro de pages n'était donné. Les utilisateurs avaient du mal à se repérer.

La rupture numérique selon Jaron Lanier tient plus dans le rangement des fichiers au sein de dossiers dans l'arborescence d'une mémoire d'ordinateur qu'à l'affichage sur un écran. Le fichier, c'est la preuve que la pensée humaine est produite sous forme de morceaux qui s'organisent comme branchage.

Les blogs jouent sur l'idée de texte ininterrompu. Le texte apparaît à l'étroit lorsqu'il n'est pas accompagné de liens. La page papier dépouillée face à l'hypertexte. L'auteur n'est chez lui nulle part.

La remédiation présente un média dans un autre. L'audience se sert de Youtube pour l'incorporer au sein d'autres médias, vers une autre audience. Le magasin iTunes dit : extraire, mélanger, graver. Le mixage trouve une caisse de résonance grâce aux réseaux sociaux. Le New York Times propose : produire, commenter, partager.

Echec de la migration du texte imprimé à l'écran. Devenu hypertexte, un support du code qui le fait vivre en réseau et changer d'apparence.

L'art à l'époque numérique ne doit pas se focaliser sur l'authenticité (cf. Benjamin). Tout l'univers brasse des copies numériques. 

Pas de distinction entre les disciplines artistiques populaires et classiques. Internet installe l'internaute dans la dissonance (Lahire). Navigation au sein de toutes les classes : créations, tourisme culturelle, loisirs, promotion, opinions d'amateurs etc. Le post-post-modernisme n'est pas une avant garde : c'est une offre devenue totale, d'où l'impression de vertige face à cette totalité. Pas de panthéon des grandes oeuvres, qui est trop rigide pour l'ère numérique. L'oeuvre se place dans des rhizomes.  Le mème comme appréciation collective d'un contenu. Nul artiste ne tient son public prisonnier.

Internet n'est pas qu'un outil. C'est une prolongation de notre propre corps, de notre cerveau. On renonce aux fonctions que le système réalise mieux que nous. Mélange du savoir-pourquoi (Wikipédia) et du savoir-faire (DIY, tutoriel). Le réseau ne change pas la capacité d'un individu, mais le connecte avec une universalité disponible. 

Universalisation des objets (qui vont tous êtres connectés), du temps (celui du prime-time individuel), géographique (pas de frontières), des rôles (partenaires et concurrents), des savoirs (tout est accessible).

Lire devient un processus d'élimination plutôt que d'engagement (Rushkoff). Comme un objet fractal qu'une connaissance partielle permet de deviner l'ensemble.

Suspicion de tous les savoirs non vérifiés. Chacun résout les controverses. Fin de l'intellectuel généraliste, d'une pensée valable pour tout. L'humeur vagabonde d'un internaute contre les intellectuels qui ne sauraient avoir raison contre l'immense richesse du réseau.

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Les données sont la monnaie de l'espace numérique. Leur accumulation dans une basse de données est le capital.

L'univers de l'internaute qui agit et consomme, puis le réseau où il laisse ses données, puis les Big data sont analysées à l'étage encore supérieur des géants d'internet.

Le temps démocratique est plus lent que celui d'internet. Le réseau est sans frontières, donc le territoire est antinomique à l'organisation politique. Internet réactualise la sphère de la discussion à la Habermas. Le réseau en fait trop : il aborde trop de choses, trop de points de vue, se met trop vite à jour. L'individualisme de l'internaute qui ne veut pas qu'on agisse à sa place est en contradiction avec la représentation démocratique.

Le journalism : le cycle de l'information n'en finit jamais, les sources se renforcent au détriment des journalistes, nul ne fixe la limite du publiable, la controverse l'emporte sur la relation des faits, la presse cherche à produire du choc.

Google est la première firme post-média, qui succède aux médias de masse de part la relation personnalisée qu'elle entretient avec ses clients.

Le réseau social et le re-triblisation du monde d'après McLuhan (à cause de l'âge électrique). En ligne, ce sont des relations sociales de basses intensités.

Chacun se sait observer et en observe les réactions. Accéder à des médias est notre véritable occupation. Il n'existe plus rien qui soit une distraction, nous nous regardons en train de nous regarder (William Gibson).

Internet n'est pas un univers supplémentaire qui vivrait en ignorant le monde réel. Ce n'est pas non plus un hyperespace car, abolissant l'espace, il permet aux internautes de communiquer simultanément avec différents lieux du monde réel. Aller d'un univers à l'autre, utiliser l'un grâce à l'autre. C'est une façon d'être au monde, réel avec son extension numérique.

Inégalité du réel face à l'espace numérique : rapide, riche, direct et porteur d'une solution immédiate. Exaspération de voir l'élève, l'enfant ou le conjoint toujours connecté. Le réel, c'est le monde plus la connexion.